Certains écrivains ont la grâce et c'est le cas de Heidi W. Durrow qui pour son coup d'essai, son premier roman, réalise son coup de maître en écrivant La fille tombée du ciel. Celui-ci a reçu le prix Kingsolver Bellwether*. Et il faut dire que ce beau roman triste et pourtant plein d'espoir, bien ancré dans la société, le mérite amplement!
Rachel Morse a 10 ans quand elle est adoptée par sa grand mère après la mort accidentelle de sa mère et de ses frères et soeur et la disparition de son père. De sa mère danoise, elle a la peau claire et les magnifiques yeux bleus, de son père GI américain noir, les cheveux crépus qui "boulochent" facilement. Au Danemark, elle serait considérée comme blanche, aux Etats-Unis, à Portland où elle vit, elle est noire et au cas où elle l'oublierait on n'a de cesse de le lui rappeler jusqu'à ses camarades de classe qui lui reprochent de "faire la blanche". Face à elle, Jamie ou Brick, quel que soit le nom qu'il se choisit, a assisté à l'accident survenu à la famille de Rachel. Il a aussi rencontré le père de la fillette qui l'a chargé d'un message pour sa fille. Investi d'une mission, il traverse la moitié des Etats-Unis pour la rejoindre et il lui faudra des années pour y parvenir.
Les deux récits, celui de Rachel et celui de Brick se déroulent en parallèle, entrecoupés par moments de passages du journal intime de Nella, la mère de Rachel et du témoignage de Laronne, sa patronne. Ce qui nous permet de comprendre peu à peu Nella qui hante l'esprit de la fillette et est un des personnages-clefs du roman.
La fille tombée du ciel traite avec sensibilité et intelligence du racisme quand il s'exprime non par la violence et l'agression mais au jour le jour, avec qu'il a d'insidieux, de corrosif, puisqu'il aboutit à une dépersonnalisation, une perte d'identité. On s'aperçoit combien, vécu à l'ordinaire, dans la vie quotidienne, il peut avoir un effet dévastateur, priver celui qui le subit de l'estime de soi-même, annihiler la volonté, conduire à la dépression comme c'est le cas pour Nella. Heidi W. Durrow doit savoir de quoi elle parle, ayant elle aussi une mère danoise et un père Gi américain noir, et c'est peut-être ce qui explique la sincérité de ton et la profondeur tout en finesse de l'analyse.
J'ai aimé la sobriété du récit qui, tout en nous contant des faits poignants, des situations tragiques, refuse de toucher la corde sentimentale du lecteur, conférant à ses hommes et ses femmes une grande dignité dans leur malheur. Car on aime ces personnages, celui de Rachel, si courageuse, si ferme, enfant marquée par la terrible tragédie qui a décimé sa famille et qui ne sait plus trop qui elle est et à quel monde elle appartient. Rachel, petite fille désemparée, qui cherche à mettre son chagrin "en bouteille" pour mieux le contenir. Brick lui-même enfant à la dérive, mal aimé, est aussi un très beau personnage dont le regard transfigure la réalité. Il introduit un peu de poésie dans ce drame et, parce qu'il en en lui quelque chose de pur, apporte l'espoir à Rachel. Et puis il y a Nella, complexe, tourmentée, qui se juge mauvaise mère mais que sa fille continue à aimer et dont elle retrouve l'image intacte en elle, à la fin du roman.
Un très beau livre profondément humain.
Le Prix Bellwether, créé en 2000 par Barbara Kingsolver et est entièrement financé par elle, est remis à des écrivains dont les oeuvres permettent de promouvoir la fiction qui aborde les questions de justice sociale et de l'impact de la culture et la politique sur les relations humaines.
LIVRE VOYAGEUR
Rachel Morse a 10 ans quand elle est adoptée par sa grand mère après la mort accidentelle de sa mère et de ses frères et soeur et la disparition de son père. De sa mère danoise, elle a la peau claire et les magnifiques yeux bleus, de son père GI américain noir, les cheveux crépus qui "boulochent" facilement. Au Danemark, elle serait considérée comme blanche, aux Etats-Unis, à Portland où elle vit, elle est noire et au cas où elle l'oublierait on n'a de cesse de le lui rappeler jusqu'à ses camarades de classe qui lui reprochent de "faire la blanche". Face à elle, Jamie ou Brick, quel que soit le nom qu'il se choisit, a assisté à l'accident survenu à la famille de Rachel. Il a aussi rencontré le père de la fillette qui l'a chargé d'un message pour sa fille. Investi d'une mission, il traverse la moitié des Etats-Unis pour la rejoindre et il lui faudra des années pour y parvenir.
Les deux récits, celui de Rachel et celui de Brick se déroulent en parallèle, entrecoupés par moments de passages du journal intime de Nella, la mère de Rachel et du témoignage de Laronne, sa patronne. Ce qui nous permet de comprendre peu à peu Nella qui hante l'esprit de la fillette et est un des personnages-clefs du roman.
La fille tombée du ciel traite avec sensibilité et intelligence du racisme quand il s'exprime non par la violence et l'agression mais au jour le jour, avec qu'il a d'insidieux, de corrosif, puisqu'il aboutit à une dépersonnalisation, une perte d'identité. On s'aperçoit combien, vécu à l'ordinaire, dans la vie quotidienne, il peut avoir un effet dévastateur, priver celui qui le subit de l'estime de soi-même, annihiler la volonté, conduire à la dépression comme c'est le cas pour Nella. Heidi W. Durrow doit savoir de quoi elle parle, ayant elle aussi une mère danoise et un père Gi américain noir, et c'est peut-être ce qui explique la sincérité de ton et la profondeur tout en finesse de l'analyse.
J'ai aimé la sobriété du récit qui, tout en nous contant des faits poignants, des situations tragiques, refuse de toucher la corde sentimentale du lecteur, conférant à ses hommes et ses femmes une grande dignité dans leur malheur. Car on aime ces personnages, celui de Rachel, si courageuse, si ferme, enfant marquée par la terrible tragédie qui a décimé sa famille et qui ne sait plus trop qui elle est et à quel monde elle appartient. Rachel, petite fille désemparée, qui cherche à mettre son chagrin "en bouteille" pour mieux le contenir. Brick lui-même enfant à la dérive, mal aimé, est aussi un très beau personnage dont le regard transfigure la réalité. Il introduit un peu de poésie dans ce drame et, parce qu'il en en lui quelque chose de pur, apporte l'espoir à Rachel. Et puis il y a Nella, complexe, tourmentée, qui se juge mauvaise mère mais que sa fille continue à aimer et dont elle retrouve l'image intacte en elle, à la fin du roman.
Un très beau livre profondément humain.
Le Prix Bellwether, créé en 2000 par Barbara Kingsolver et est entièrement financé par elle, est remis à des écrivains dont les oeuvres permettent de promouvoir la fiction qui aborde les questions de justice sociale et de l'impact de la culture et la politique sur les relations humaines.
LIVRE VOYAGEUR
On a peu entendu parler de ce roman et apparemment c'est bien dommage. Je le note, les dégâts du racisme ordinaire sont incommensurables.
RépondreSupprimerSympa: un prix Kingsolver! j'adore ses romans.
RépondreSupprimerBien, je note, une de mes biblis fera sûrement le bon job de commander ce roman!
RépondreSupprimerUn livre plus rare que les autres grands de la rentrée, je le note, j'aime bien les écritures sobres. Merci pour la découverte. Bonne journée !
RépondreSupprimerUn billet un peu mitigé m'avait détourné de ce livre, je suis plus intéressée après ton billet !
RépondreSupprimerun joli sujet pour un premier roman, est il accessible aux ados ?
RépondreSupprimer@ Aifelle : oui, certains romans sont moins lus que les autres car ils ne bénéficient pas de la notoriété de leur auteur. Ici, c'est d'autant plus le cas que c'est un premier roman.
RépondreSupprimer@ miriam : moi aussi j'aime Kingsolver et le prix qu'elle a créé ne m'étonne pas. Le roman de Heidi Durrow y répond parfaitement.
RépondreSupprimer@ keisha : je peux le faire voyager, si tu en as envie. Cet avis s'adresse à toutes, bien sûr!
RépondreSupprimer@ Jeneen : A découvrir effectivement!
RépondreSupprimer@ Kathel : Tiens! j'aurais bien aimé lire d'autres avis sur le bouquin.
RépondreSupprimerDominique : joli? C'est tout de même une histoire assez dure. Pour des ados? Pourquoi pas? A condition qu'ils aiment lire des livres qui ne soient pas d'évasion, qui parlent de sujets graves.
RépondreSupprimerLe sujet m'intéresse et s'il voyage je ne dis pas non, car le trouver en poche va prendre du temps ! Mais après fin octobre, car j'ai Freedom et ses 700 pages à lire pour PM, sans parler des autres en LC ! Je te laisse mon mail si tu veux : lisa.maratier@yahoo.fr
RépondreSupprimerMerci à toi en tout cas !
@ Asphodèle : Comme toi, moi aussi j'ai Freedom et pas seulement... D'accord, je te l'envoie en Novembre ...
RépondreSupprimerJ'ai très peu vu ce livre sur les blogs depuis la rentrée littéraire. J'étais même passée à côté. Mais j'ai l'impression qu'il vaut vraiment le détour. Je ne connaissais pas le prix Kingsolver mais j'ai vu sur des blogs des avis très élogieux sur les livres de Barbara Kingsolver tels que "L'arbre aux haricots" et bien d'autres. Je pense donc que ce prix est mérité.
RépondreSupprimer@ de poche en poche :Tu as vu qu'il est en livre voyageur? Moi ausis j'aime beaucoup "l'arbre aux haricots" et c'est vrai que c'est une littérature qui" aborde les questions de justice sociale et celles de l'impact de la culture et la politique sur les relations humaines."
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