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Le recueil de nouvelles : De Ryûnosuke Akutagawa : Rashomon et autres contes
Le film : Rashomon de Akira Kurosawa
Né
à Tokyo, Akutagawa, auteur de plus de 200 récits très courts, est
considéré à juste titre comme un des écrivains majeurs du Japon.
Brillant élève et étudiant il se nourrit à la fois des classiques
Chinois et Japonais et de la littérature occidentale (il fut le
traducteur de Yeats et d'Anatole France). Il publie sa première nouvelle
en 1914 (Vieillesse). Enseignant, il décide de se consacrer
entièrement à l'écriture en 1920, il cherche dans ses textes à réaliser
la fusion entre la culture classique orientale et la littérature
occidentale, fusionner tradition et modernité. Un grand nombre de ses
nouvelles parlent du Japon médiéval, mais l'écriture est très moderne et
personnelle. Les récits sont rigoureusement construits, la langue
souvent poétique est épurée, chaque phrase est calculée pour obtenir les
effets et le émotions recherchés. Dans ses récits historiques, ses
contes Akutagawa parle certes de son pays, mais aussi de lui-même, de
sa vision de l'homme, de ses propres angoisses. Souffrant
d'hallucinations, l'écrivain mettra fin à ses jours à l'âge de 35 ans.
Rashômon et autres contes
Dans le livre paru en format de poche, l'éditeur a réuni quatre contes qui nous permettent d'approcher l'oeuvre de l'écrivain.
Rashômon
est une des premières nouvelles écrites par Agatagawa en 1915. A l'époque
médiévale, à Kyôto ravagé par une suite de calamités, un homme de
basse condition s'est réfugié pour se protéger de la pluie sous le portique
(= Mon) du démon (= Rashô) transformée en charnier.
Le personnage, un modeste employé a été chassé de son emploi par son patron. Au milieu des cadavres, il rencontre une
vieille femme fantomatique qui arrache les cheveux aux cadavres. Horrifié, il dépouille la vieille femme de ses vêtements. Pour survivre
il s'est décidé à devenir voleur. La nouvelle pose la question du Bien et du Mal. Pour survivre le pauvre perd son humanité. Le Mal n'est-il pas indissolublement lié à la misère?
Dans le fourré (1922),
à la suite d'un meurtre survenu en forêt, sept personnages témoignent devant la justice :
un bûcheron, un moine, un mouchard, un brigand, une vieille femme, la
femme de la victime, et l'esprit du mort par l'intermédiaire d'une
sorcière. Les témoignages apparaissent contradictoires le brigand et
l'épouse s'accusant du meurtre, la victime parle de son suicide. Quelle
est la vérité? les personnages semblent préférer s'accuser de crimes plutôt qu'être pris pour des lâches et ternir leur réputation. L'orgueil de l'Homme est incommensurable puisque même dans la mort il préfère sauvegarder son image plutôt que la vérité.
Dans Figures Infernales (1917) Akutagawa nous raconte l'histoire de la réalisation du Paravent des Figures infernales par l'artiste Yoshihidé, qui ne peut peindre que ce qu'il voit. Mais comment peindre l'Enfer sans l'approcher? Ce récit très noir et pessimiste montre un artiste prêt à tous les sacrifices pour atteindre le sommet de son art et pose les problèmes de l'art et de la morale.
La dernière nouvelle nous présente le portrait d'un ridicule sous-officier qui souhaite se rassasier d'un mets royal, un Gruau d'ignames (1915) à la cannelle. Akutagawa sait aussi à côté de ses récits noirs, peindre les ridicules des personnages et manier l'ironie.
Quatre nouvelles puissantes et noires d'un très grand écrivain.
Akira Kurosawa : Rashomon
Akira Kurosawa : Rashomon
Akira Kurosawa s'inspire de deux nouvelles de Akutagawa, Rashômon qui donne le titre et le cadre du film et Dans le fourré, le récit. Il situe l'intrigue dans le Japon du XII ème siècle, une période de troubles et de guerres civiles.
Sous
le portique (Mon) du démon (Rashô) trois hommes sont venus de mettre à
l'abri car la pluie tombe violemment. Un moine et un bûcheron
discutent d'un procès auquel ils ont assisté et témoigné. Le troisième
homme les incite à raconter l'histoire. Le corps d'un samouraï,
Takehiro, a été retrouvé sans vie et son épouse Masago a été violée par
un bandit de grand chemin, Tamojaru. Mais le procès ne permet pas de
reconstituer avec certitude les faits, les conditions du meurtre du
Samouraï, car les six témoignages recueillis lors du procès donnent des
versions largement contradictoires. Qui dit la vérité? Tamojaru qui
s'accuse du meurtre et du viol ? Mais peut-on parler de viol ? Masago
était-elle consentante? A-t-elle tué son mari? Tikahiro, qui parle de
l'au-delà par l'intermédiaire d'un médium s'est-il suicidé ou a-t-il
cherché à fuir et a été abattu comme un lâche? Et qu'a vu réellement le
bûcheron, seul témoin extérieur au meurtre ? Lorsque la pluie cesse, les
trois hommes se séparent, mais les cris d'un enfant abandonné attirent
le bûcheron qui décide de l'adopter. Le moine le remercie: "Ton geste a
restitué ma foi en l'humanité".
Pour Kurosawa: "Les
hommes sont incapables d'honnêteté envers eux-mêmes. Ils ne peuvent pas
parler d'eux sans embellir leur image. Ce film est comme un tableau
enroulé qui, en se déroulant, dévoile le Moi humain." Cette
déclaration peut paraître très pessimiste, mais le dénouement du film
(différent du conte de Akutagawa) nuance le propos. Quand le bûcheron
emmène l'enfant, Kurosawa nous affirme qu'il ne faut jamais
désespérer de l'âme humaine.
Extrait du billet de Wens que vous pourrez aller lire en entier ICI :
Rashomon film de Kurosawa
Rashomon Ryûnosuke Akutagawa
Extrait du billet de Wens que vous pourrez aller lire en entier ICI :
Rashomon film de Kurosawa
Rashomon Ryûnosuke Akutagawa
Pfou, je ne risquais pas de trouver!!!
RépondreSupprimerCe n'était pas aussi facile que la semaine dernière, c'est vrai!
Supprimerouhhhh je me suis bien plantée je croyais que c'était Mishima !!!
RépondreSupprimerun jamais lu cet Akutagawa là
je pensais que tu avais trouvé!!
SupprimerC'est drôle... je suis attirée par certains aspects de la culture japonaise : la cuisine, les mangas, la cérémonie du thé, mais j'avoue que ce que je connais de ce cinéma me rebute un peu. Il faudrait bien que je dépasse mes préjugés... Merci, en tout cas, pour ces précisions sur Akutagawa.
RépondreSupprimerBien sûr la culture japonaise est si loin de la nôtre qu'il faut peut-être faire un effort au départ. Personnellement j'adore Kurosawa, c'est un immense réalisateur. Pour un récit dans le Japon médiéval, tu peux commencer par Le château de l'araignée qui est une libre adaptation de Macbeth. Pour le Japon contemporain, un très beau film avec Rhapsodie en Août!
SupprimerJe suis contente quand je trouve relativement vite et que je suis sur le podium, lol !!! Ton billet est toujours intéressant car cela fait si longtemps que je l'ai lu que je n'avais que de lointains souvenirs... ;)
RépondreSupprimerAsphodèle sur le podium, toute fiérote! C'est dommage que nos lectures s'effacent. Mais c'est peut-être normal. Combien de livres avons-nous lu dans notre vie? Ce doit être assez impressionnant!
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