L'homme des vallées perdues couverture Percy Crosby |
L'homme
des vallées perdues de
Jack Schaefer, écrivain américain, est paru en
1949 aux Etat-Unis. Il est devenu un classique de la littérature de
l'Ouest américain. Le titre d'origine est Shane du nom du personnage principal..
Le récit
Nous sommes en 1889 dans
le Wyoming. Des colons se sont installés sur des terres et vont
bouleverser les méthodes d'élevage. Ils se heurtent au grand
propriétaire, Fletcher, qui voit d'un mauvais œil les fermiers
s'installer sur les terres et poser des clôtures qui coupent ses
immenses pâturages. Dans cette vallée perdue où la loi ne pénètre
pas, c'est la raison du plus fort qui l'emporte. C'est alors
qu'arrive Shane, un mystérieux étranger qui va être accueilli dans
la ferme de Marian
et de Joe Starrett et de leur fils Bob. Il va se lier d'amitié avec
eux et leur venir en aide.
Un roman démystificateur
Paysage du Wyoming source |
L'homme
des vallées perdues est sans contexte un livre sur le mythe de
l'Ouest avec ses personnages attendus, le justicier vagabond, le
tueur, le propriétaire cupide, mais c'est en même temps une
démystification peut-être parce qu'il s'agit d'un moment charnière
dans l'histoire de ce pays, une période qui voit de grands
bouleversements..
La
conquête de l'Ouest n'est pas présenté comme une succession de
grands moments héroïques, comme une aventure palpitante et
grandiose. Certes, il faut du courage pour coloniser l'ouest mais
l'écrivain insiste sur le labeur de tous les jours, la peur de
l'échec, sur le quotidien épuisant. Et lorsqu'il faut lutter, armes
à la main, ce n'est pas un choix mais une obligation. Les fermiers
ont peur, certains préfèrent fuir plutôt que de perdre la vie mais
tout est alors à recommencer. Les adversaires n'ont rien d'héroïque,
ce sont des jeunes sans cervelle qui ont oublié de réfléchir comme
Chris, soit des tueurs sans état d'âme comme Wilson. La violence et
le meurtre marquent définitivement un homme et Shane ne peut espérer
retrouver la sérénité après avoir tué. Il est condamné à
l'errance. Derrière le mythe, il y a donc des êtres humains qui
souffrent et sont marqués par leurs actes d'une manière indélébile.
Il y a aussi des hommes qui n'ont rien d'héroïque, les fermiers, sauf si l'on
appelle héroïsme, le fait d'user ses forces à des travaux pénibles
et ingrats. Il y a aussi un pays qui se transforme, une économie qui
change un monde bien accroché à ses traditions.
Un enfant pour narrateur
Joey dans le film de Stevens , Bob dans le livre de Jack Schaefer |
Cela
tient au regard plein d'amour et d'admiration que le narrateur, Bob,
porte à ses parents, Marian et Joe Starrett et à la fascination qu'il éprouve envers Shane. On ne peut vraiment croire aux personnages que si l'on garde en mémoire qu'ils sont vus à travers l'idéalisme et d'un petit garçon exalté et admiratif.
Une idéalisation des personnages
Bob, Marian, Joe et Sahne |
Derrière le personnage du petit Bob, on sent l'homme mûr qui se souvient d'un passé qui a beaucoup compté pour lui. Ce double point de vue de l'enfant naïf, pur, passionné, aimant qu'il était et du vieillard qu'il est devenu lorsqu'il écrit ses souvenirs, crée une nostalgie qui donne une coloration particulière au récit. On y sent le romantisme de l'enfance. L'idéalisation des personnages auréolés par l'amour de l'enfant est telle qu'ils deviennent presque des êtres de légende : le père, fort, courageux, travailleur, prêt à donner sa vie pour sa femme et son enfant, et la mère, la jolie Marian, au caractère affirmé, qui rivalise à sa manière avec le courage de son mari. Et puis Shane, cet homme dont on ne saura rien sinon qu'il a été blessé par la vie et qu'il ne veut jamais porter son colt sur lui alors qu'il sait pourtant s'en servir d'une manière redoutable. Les zones d'ombre qui entourent ce solitaire permet un portrait nuancé qui laissent place à l'imagination. Importance du non-dit aussi dans l'amour éprouvé par Marian pour Shane (et réciproquement) qui se lit en filigrane à travers ce que l'enfant comprend et entend.
Un récit d'initiation
Il
y a une grande humanité dans les personnages, leur amour réciproque,
leur confiance mutuelle, leur fidélité, leur courage. Lorsqu'ils
servent de leurs armes, ils essaient toujours d'inculquer le sens de
la justice et de la responsabilité au petit garçon et la gravité
d'un tel acte.
-Je
l'ai laissé m'insulter, je lui ai donné sa chance,
dit Shane au petit garçon. Pour
sauvegarder son amour-propre, on n'a pas nécessairement besoin de
massacrer le premier qui vient vous manquer de respect.. Tu comprends
cela?
Non
. Je ne voyais pas.(...)
-
Je lui ai laissé le choix; Rien ne l'obligeait à réagir comme il
l'a fait la deuxième fois. Il aurait pu laisser tomber sans perdre
la face. Mais pour en être capable, il aurait fallu qu'il soit
suffisamment mûr.
Leçon
que l'enfant ne comprend pas : il
se passa beaucoup de temps avant que je saisisse ce qu'il avait voulu
dire; j'étais alors devenu un homme et Shane n'était plus là pour
que je lui en parle.
On
comprend combien cette période a marqué l'enfant et a été pour lui
une initiation à la vie.
Le
roman présente des scènes que l'on pourrait qualifier d'épique si
elles ne concernaient pas des hommes simples placés dans des
situations du quotidien! Et
pourtant quel panache quand Shane et Joe à la seule force de leurs
bras déracinent la souche gigantesque d'un arbre mort qui dégrade
le champ de Joe. Quel courage aussi quand Shane affronte tout seul le
tueur que Fletcher a fait venir pour se débarrasser des
colons ou quand il est obligé d'assommer Joé qui veut y aller à sa
place ! Les exploits des hommes, Marian les réitère à sa
manière en gagnant le combat contre une tarte aux pommes
récalcitrante qui refuse de cuire! Car l'humour n'est pas
exempt du récit et il souvent est assez inattendu ! On y voit
Shane, le «poor lonesome» Shane, donner des leçons de mode à
Marian et lui indiquer comment, dans les grandes villes, les coquettes attachent leurs chapeaux sous le menton
avec un joli nœud !
L'homme des
vallées perdues est donc un beau roman plein d'humanité qui
peut plaire à tous ceux qui aiment les récits sur la conquête de
l'Ouest américain mais aussi à ceux qui apprécient les beaux
personnages positifs et humains!
J'ai
trouvé le film bien médiocre par rapport au roman et Alan Ladd bien faible par rapport au Shane de Jack Schaefer ! Voir Wens pour le
film.
Les vainqueurs du jour: Eeguab, Dasola, Keisha, Somaja, Thérèse et Aifelle.
Livre : Shane ou l'Homme des vallées perdues de Jack Schaefer
Film : L'homme des vallées perdues de George Stevens (voir Wens)
Film : L'homme des vallées perdues de George Stevens (voir Wens)
pas de regrets, je n'ai ni lu le livre ni vu le film. Il va falloir que je me fasse une saison américaine, dans un an quand je serai retraitée???
RépondreSupprimerOui, il faudra que tu t'y mettes car c'est une littérature passionnante; Et moi il faudra que j'aille voir de ton côté! Dans un an la retraite! OUI! Cela va te faire du bien!
RépondreSupprimerJ'ai loupé la session hier ! Tu as changé tout ton blog ? Je ne reconnais plus ... déjà hier, je n'ai pas vu l'énigme, Et comme je reçois ta news le soir (ça, ça n'a pas changé ^^)... Je me souviens vaguement du film et encore pas sûre que ce soit celui-ci, il me faudrait aussi une session de rattrapage ! Je vais aller voir chez Wens ! Bises
RépondreSupprimerOui, j'ai changé la présentation mais je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas vu l'énigme?
RépondreSupprimerje ne connais ni le livre ni le film, merci pour la découverte!
RépondreSupprimerLe livre vaut vraiment le coup!
Supprimerle film me parle, je suis adepte de westerns depuis mon enfance et les premiers films du genre en noir et blanc sur le petit écran
RépondreSupprimerje vais noter ça à lire par contre car ça me tente bien
Le film est connu et est un classique aux Etat-Unis. Mais je préfère le roman beaucoup plus subtil.
SupprimerJ'aime les westerns et je pense, compte tenu de ce que tu dis de ce roman et de ses qualités, qu'il a de grandes chances de me plaire !
RépondreSupprimerMoi, j'aime les westerns et j'en ai vu de fort beaux que je garde en mémoire. J'aime moins celui-ci car je le trouve inférieur au roman.
SupprimerÇa y est : j'ai lu (et aimé) le roman !
SupprimerUn petit billet à son sujet bientôt.
Bravo pour cette nouvelle présentation très claire ! J'aime beaucoup.
RépondreSupprimerA bientôt.
Merci! A bientôt!
SupprimerJe veux je veux ! j'adore les romans que la conquête de l'ouest ! Je te conseille les Guthrie ressortis chez Actes sud,
RépondreSupprimerOui, justement je les ai achetés et je suis en train de le s lire. Une belle collection chez actes Sud!
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