Antonio et Cleopatra ; photo Christophe Raynaud de Lage source |
Antonio et Cléopatra est un grand poème écrit par Tiago Rodrigues, auteur et metteur en scène portugais, d’après la pièce de Shakespeare et La vie des hommes célèbres de Plutarque.
En lisant l’interview de Tiago Rodrigues sur sa pièce, j’avoue que le discours philosophique du metteur en scène sur la dimension cosmogonique de sa création, sur son refus de jouer sur les grands sentiments… m’a fait peur! Peur, oui, de me retrouver face à un spectacle où ne passerait aucune émotion et où la réflexion intellectuelle assècherait le ressenti. Disons le tout de suite, il n’en est rien!
Dans les première instants de la représentation, Antoine parle de Cléopâtre et Cléopâtre d’Antoine mais ils ne sont pas présents, pas ensemble! Côte à côte sur la scène, oui, mais non dans leur histoire. Ils existent pourtant grâce aux gestes des comédiens, Sofia Dias et Vitor Roriz, qui sont aussi des danseurs et dont les bras levés, les mains appuyées sur le vide, semblent dessiner les formes de l’autre. Séparés, ils racontent et les mots du poème, commencent : « Antoine respire, Cléopâtre respire. ». J’ai alors pensé que ces répétitions risquaient de devenir bien vite ennuyeuses mais les phrases se déroulent, incantatoires, et happent, et fascinent. On se sent emporté par cette litanie, peut-être d’autant plus forte qu’elle se déroule en portugais (le spectacle est surtitré) et que les sonorités étrangères résonnent, un peu ésotériques, une musique qui s’insinue en nous.
Dans les première instants de la représentation, Antoine parle de Cléopâtre et Cléopâtre d’Antoine mais ils ne sont pas présents, pas ensemble! Côte à côte sur la scène, oui, mais non dans leur histoire. Ils existent pourtant grâce aux gestes des comédiens, Sofia Dias et Vitor Roriz, qui sont aussi des danseurs et dont les bras levés, les mains appuyées sur le vide, semblent dessiner les formes de l’autre. Séparés, ils racontent et les mots du poème, commencent : « Antoine respire, Cléopâtre respire. ». J’ai alors pensé que ces répétitions risquaient de devenir bien vite ennuyeuses mais les phrases se déroulent, incantatoires, et happent, et fascinent. On se sent emporté par cette litanie, peut-être d’autant plus forte qu’elle se déroule en portugais (le spectacle est surtitré) et que les sonorités étrangères résonnent, un peu ésotériques, une musique qui s’insinue en nous.
Et l’histoire d’Antoine et de Cléopâtre nous est racontée, une belle histoire d’amour entre deux êtres que leur grandeur et leur pouvoir vont séparer. Antoine représente Rome, il sera accusé de trahison, de lâcheté, il se pliera un instant au jeu politique en acceptant d’épouser Octavie, la soeur de César- Octave mais il reviendra vers Cléopâtre. La Reine d’Egypte défend son pays mais elle ne peut se défaire de son amour pour le général romain. Dès lors, ils se retrouvent face à face, ensemble sous le regard des autres, dans un espace qui se réduit jusqu’à ne plus pouvoir respirer, ils sont condamnés; d’où l’importance des mots : « Antoine respire, Cléopâtre respire. » jusqu’à l’agonie finale, difficile, longue, la mort qui est la seule issue, le moment suprême où la respiration cesse.
Beaucoup d’émotion passe dans ces jeux de scènes, dans ces mots qui reviennent et qui chantent et qui pleurent. Ce qui est étonnant, c’est cette manière subtile de nous faire sentir le sable du désert, l’eau tiède du Nil ; de nous faire voir la bataille navale, ces vaisseaux romains et égyptiens qui s’affrontent; de faire vivre des personnages qui n’apparaîtront jamais sur scène mais qui par l’intermédiaire des comédiens existent à nos yeux : Enobarbus, le fidèle d’Antoine et qui pourtant le trahira, l’eunuque de Cléopâtre fasciné par la beauté de sa maîtresse, le messager, personnage d’une force extraordinaire, qui vient annoncer le mariage d’Antoine et sait qu’il en mourra mais ne peut mentir à sa reine.
La scénographie sobre, aux lignes pures, contribue à la beauté du spectacle et donne un sens profond à cette tragédie individuelle : une grande toile, le ciel, où se reflètent les lumières du lever de soleil, du jour et de la nuit, un mobile avec de grands disques colorés et changeants qui tournent dans l’espace représentant le mouvement des planètes, l’inexorable passage du temps, la petitesse de l’homme face à l’univers.
Un spectacle d’une grande beauté, un spectacle envoûtant!
PS
Et si je n’ai pas aimé la mise en scène du Roi Lear par Olivier Py, je peux dire que j’aime sa programmation en tant que directeur du festival d’Avignon.
Nous voilà enfin d'accord:-) J'ai aimé moi aussi la touche sensible de ce spectacle, une dimension bien absente des mises en scène de Py ou d'Ostermeier.
RépondreSupprimerEnfin!
SupprimerVoilà qui est plus positif en effet! je vais tenter demain retour à Beratme histoire de dire que je suis allée dans la cour d'honneur !
RépondreSupprimerAntoine et Cleopâtre est pour moi un beau moment poétique dont je me souviendrai.
Supprimervoilà un spectacle que j'aimerais vraiment voir
RépondreSupprimerJe pense qu'il t'aurait beaucoup plu!
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