Voilà le deuxième livre que je lis de l'écrivain tchèque, Leo Perutz. Quel auteur passionnant ! Après Le cavalier suédois, je viens de découvrir Le Judas de Léonard. C’est à travers ce roman historique que Leo Perutz nous propose une réflexion sur l’art et sur l’homme et ses faiblesses.
La Cène de Léonard de Vinci |
Nous sommes à Milan en 1498. Léonard de Vinci peint La Cène au couvent des dominicains Santa Maria delle Grazie. Peint ? Voilà des mois que la fresque n’avance pas au grand dam du prieur du couvent qui se plaint au duc de Milan. C’est bien mal connaître le processus créatif de l’artiste. Léonard de Vinci travaille et couvre ses carnet de croquis mais il ne peut avancer car il lui manque le modèle qui incarnera Judas. Léonard de Vinci pense, en effet, que le peintre doit « tirer enseignement de la nature et de partir d’elle. ». Mais pour le trouver, il faut d’abord comprendre qui était Judas ? A-t-il trahi Jésus par cupidité ? avarice ? envie ? Non ! Il a commis une faute que même Jésus ne peut pardonner.
« Il l’a trahi lorsqu’il a compris qu’il l’aimait répondit le garçon. Il a pressenti qu’il ne pouvait s’empêcher de trop l’aimer et son orgueil le lui a interdit.
- Oui, le péché de Judas fut cet orgueil qui le conduit à trahir l’amour qu’il éprouvait , dit messire léonard. »
- Oui, le péché de Judas fut cet orgueil qui le conduit à trahir l’amour qu’il éprouvait , dit messire léonard. »
Dès lors le roman nous amène à travers les rues de Milan à la suite de ce Judas qui reniera son amour par orgueil et à côté duquel, en comparaison, les mauvais garçons des tavernes, les ivrognes, les voleurs, et même les meurtriers, peuvent être pardonnés. Pour l’anecdote, on retrouve aussi dans les lieux mal famés de la ville, le personnage de François Villon dont les contemporains ont perdu la trace mais que Leo Perutz campe ici dans le personnage fictif du poète Mancino.
C’est avec talent que Leo Perutz donne vie à la cour du duc, à ce peuple de Milan épris d’art, à ces personnages hauts en couleurs, à ces artistes passionnés mais qui vivent dans la misère, à ces rues animées, tumultueuses. On suit avec intérêt l’histoire de « Judas », Joachim Behaim, ce marchand allemand, qui va refuser l’amour vrai et profond qu’il éprouve pour la douce et sincère Nicolla dont il juge l’origine sociale trop inférieure à la sienne.
Vous l’avez compris j’ai beaucoup aimé cet excellent roman et sa belle réflexion sur l'art et l'amour.
Contemporain de Franz Kafka, Leo Perutz est un écrivain majeur du XXe siècle européen. Né à Prague en 1882, il s’installe à Vienne à dix-sept ans. À partir de 1915, il publie une douzaine de romans avec un succès grandissant. En 1933, La Neige de saint Pierre est immédiatement interdit par les nazis en Allemagne. En 1938, suite à l’annexion de l’Autriche, il s’exile à Tel-Aviv où il n’écrira plus jusqu’en 1953, date à laquelle il publie son dernier roman, la Nuit sous le pont de pierre. Leo Perutz meurt en 1957 en Autriche, près de Salzbourg.
Ce « Kafka aventureux », selon les mots de Borges qui l’admirait, reste aujourd’hui à redécouvrir et à célébrer, tant pour la Troisième Balle, son premier roman, que pour le Maître du Jugement dernier (1923) ou la Neige de saint Pierre (1933). source bio : ici
Un des personnages du roman de Leo Perutz est un élève de Léonard de Vinci. Il s'appelle Marco d'Oggiono :
Marco d'Oggiono : fille aux cerises |
je note, je note! merci! voilà tout à fait un genre de lecture que j'aime :-)
RépondreSupprimerJ'espère que tu aimeras. Moi-même j'espère bientôt avoir le temps de lires d'autres livres du même auteur.
SupprimerJ'ai lu Le cavalier suédois de Leo Perutz, mais je pensais que ce dernier était autrichien ? (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerAutrichien ou Pragois de langue allemande comme Kafka, Rilke et tant d'autres. Il ne faut pas oublier que le pays était sous domination austro-hongroise. Ce n'est qu'en 1918 qu'est créé l'état tchéchoslovaque indépendant.
SupprimerJe suis grand amateur de Leo. J'ai dû en lire huit. Certains ont été chroniqués. A bientôt.
RépondreSupprimerJ'ai bien l'intention de faire de même. Je viendrai voir tes chroniques.
SupprimerComme toi j'ai découvert cet auteur avec Le cavalier suédois, dont j'avais aimé le mélange des genres. Je viens de lire Le marquis de Bolibar (billet à paraître bientôt), qui flirte aussi du côté du surnaturel, et qui est égalament passionnant. Ton billet me fait noter ce Judas de Léonard comme probable prochain titre pour continuer la découverte de ce talentueux Perutz.
RépondreSupprimerJe compte bien découvrir Le marquis de Bolibar bientôt ! Et je viendrai lire ton billet.
SupprimerEncore un auteur inconnu mais qui me semble moins angoissant que Kafka.
RépondreSupprimerOui, ce n'est pas le même registre.
SupprimerRien à la bibli numéro 1 (un vrai scandale)
RépondreSupprimerAh ! ça c'est bien vrai !
SupprimerCelui-ci me plait bien, je le note. Ce sera l'occasion de découvrir cet auteur qui m'attire mais que je n'ai pas encore abordé
RépondreSupprimerCelui-ci est très bien et le cavalier suédois est à retenir aussi !
SupprimerJ'ai découvert Leo Perutz par l'intermédiaire de "La nuit sous le pont de pierre". Je me laisserai volontiers tenter par ce titre. Merci à toi !
RépondreSupprimerEt moi par La nuit sous le pont de pierre !
SupprimerLeo Perutz est vraiment un excellent auteur qu'on lit moins aujourd'hui et c'est bien de s'y replonger
RépondreSupprimerJe ne le connais pas depuis longtemps. Je n'ai lu que deux livres de lui.
SupprimerJ'ai "Le Cavalier suédois" dans ma bibliothèque, mais ce titre est très tentant. il faudrait que je trouve le temps de lire au moins un titre d'Europe de l'est d'ici la fin du mois (j'avais dit que j'étais partante) et aussi un pour les British Mysteries (en une semaine et après avoir fini deux autres livres en cours, on y croit !).
RépondreSupprimerLe temps vole trop vite !Ah! si l'on pouvait tout lire !
SupprimerVoilà qui me rappelle de bien beaux souvenirs de Milan. Ce livre a tout pour me plaire. Noté !
RépondreSupprimerMerci pour ton billet, qui m'a fait découvrir un auteur que je ne connaissais absolument pas. Pour ma part, j'ai choisi de commencer avec son premier roman, La troisième balle, et cela a été un vrai coup de coeur !
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