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jeudi 24 mai 2018

R.J. Ellory : Papillon de nuit



Si un thriller est, selon la définition du dictionnaire Larousse « un roman policier ou d’épouvante, à suspense et qui procure des sensations fortes », je ne placerai pas Papillon de nuit de R.J. Ellory dans ce genre - sauf peut-être par la surprise que révèle le dénouement- car ce serait réducteur.

« Papillon de nuit »  peut avoir plusieurs entrées et c’est pour cela qu’il se révèle riche et intéressant.  Il tient du roman historique puisqu’il se passe en 1982 avec un retour dans les années soixante aux Etats-Unis. On assiste à l’assassinat de Kennedy, à la lutte des noirs et de Martin Luther King pour conquérir les droits civiques et à la guerre du Vietnam et à son impact sur la jeunesse des années 60 et 70.
Il y a meurtre et, en ce sens, il est aussi policier :   Daniel est accusé d’avoir tué son meilleur ami, Nathan. Condamné, il est enfermé dans le couloir de la mort en Caroline du Sud, attend son exécution depuis des années et sait qu’elle est désormais imminente. Un prêtre qui est là pour l’aider devient son confident. C’est à lui qu’il va raconter sa vie et le drame qui l’a conduit là.

Roman psychologique, il est d’abord l’histoire d’une amitié qui naît dès l’enfance entre Daniel et Nathan, entre un blanc et un noir, dans une Amérique où le racisme s’exacerbe, le Ku Kux Klan  étend son pouvoir et fait régner la terreur. Tout en décrivant les hiérarchies sociales, les hiérarchies de race dans ces états du Sud corrodés par la haine, il montre l’évolution des jeunes enfants qui grandissent dans des milieux modestes et dont l’amitié perdure à l’adolescence et à l’âge adulte. Il analyse l’éveil de la sexualité, les émotions amoureuses, mais aussi les sentiments complexes qui les unissent, Daniel toujours un peu sous la domination de Nathan, la rivalité qui va naître entre les deux garçons, la jalousie éprouvée par Daniel à propos d’une jeune fille. 
Roman politique, social, il présente une critique virulente du racisme organisé en crime, de la guerre en général et de celle du Vietnam, en particulier. Il dénonce la responsabilité politique des dirigeants, corrompus, sans morale, qui envoient les jeunes se faire tuer pour rien. C’est aussi un vibrant réquisitoire contre la peine de mort et les pages qui racontent la vie des condamnés comme de ceux qui les surveillent, leurs gardiens, dans le couloir de la mort, en décrivent toute l’horreur et tiennent le lecteur en haleine.

Papillon de nuit, est de plus très bien écrit, il est addictif, et l’on a envie de ne pas le lâcher avant d’en savoir la fin.  Une bonne lecture.


8 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu R.J. Ellory depuis un bon moment. Tu me donnes envie de recommencer.

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  2. J'avais apprécié aussi, mais avec le temps, je réalise qu'il ne m'en reste pas grand-chose (j'ai entre autres complètement oublié le dénouement, mais cela m'arrive très fréquemment).

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    1. Ce qui est important c'est de retenir les moments forts. S'il n'en reste rien, là, c'est plus grave !

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  3. Tiens, cela faisait un bout de temps que cet auteur n'avait pas eu de nouveauté sortie?

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  4. Je ne connais pas du tout cet auteur mais le sujet de ce livre m'intéresse beaucoup.
    Daphné

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