J'ai lu quelques policiers pendant l'été mais je n'ai pas eu le temps d'en parler. Je m'en acquitte ici en les regroupant. Avec le recul, même si je me souviens de chacun d'eux c'est souvent d'une manière détachée, un passage, une scène, une idée.. Je vais dire pour chacun d'eux ce qui surnage de toutes ces lectures
Sandrine Colette Six fourmis blanches
Cinq amis ont décidé de s'offrir un week-end de marche dans les montagnes d'Albanie. Menés par Vigan, un guide local impénétrable à l'étrange charisme, ils vont vite déchanter : au bout de quelque temps, l'échappée belle vire au cauchemar, puis au carnage. Egarés en pleine tempête, prisonniers d'une nature impitoyable, vont-ils échapper au mal qui rôde dans ces désolations glacées ? Récompensée par le Grand Prix de Littérature Policière en 2013 pour son premier roman, Sandrine Collette crée l'événement avec ce nouveau thriller implacable, salué par la critique et plébiscité par les lecteurs, qui confirme toute l'étendue de son talent
Ce qui m'a marquée dans le roman, c'est la description des coutumes archaïques dans cette montagne albanaise, à travers le personnage de Mathias, le sacrificateur de chèvres. Sandrine Colette a beaucoup de talent dans la description de cette société superstitieuse, encore hantée par la peur du diable, et qui appartient à un monde ancien, un pays au climat rude, accroché à son sol aride, dominé par les neiges éternelles, ou renaissent au printemps, parmi la roche, les narcisses sauvages; une société patriarcale dans laquelle le Vieux Carche, sorte de maffioso, propriétaire terrien, règne en tyran sur sa famille mais aussi sur toute la population qui est sous sa coupe. Le style de l'écrivaine est à la hauteur de cette description :
Le mal suinte de ce pays comme l'eau des murs de nos maisons tout le long de l'hiver. Enraciné en nous, telle une sangsue fossilisée sur une pierre. C'est ce que disait mon grand père, et, avant lui son père, et le père de son père : depuis toujours ces montagnes sont maudites...
Les vieux répètent à l'envi que les mauvais esprits ont choisi cet endroit pour venir mourir; qu'ils y agonisent des années durant, crachant des imprécations sur nos roches et nos forêts malingres. Nous sommes de trop dans ces vallées; nous en payons le prix fort.Le groupe de randonneurs français qui part dans la montagne, leurs mésaventures, leur peur, quand ils se perdent dans la montagne malgré la compétence de leur guide Vigan, entretient un bon suspense tout au long de l'intrigue qui vire bien vite au cauchemar.
Hervé Commère Les ronds dans l'eau
Un truand paranoïaque en cavale depuis quarante ans. Un serveur
dépressif qui voit son ancien amour se trémousser dans un jeu de
télé-réalité. Quel est le rapport entre ces deux hommes ?
A priori, il n'en existe aucun.
Aucun lien entre ces deux êtres que tout ou presque oppose et qui ne se connaissent pas.
Sauf peut-être une lueur dans le regard d'un vieil homme ou l'obsession d'une journaliste à réunir les pièces d'un vieux puzzle.
Sauf peut-être les ronds dans l'eau.
Car certains actes ont des répercussions inattendues, même longtemps après...
A priori, il n'en existe aucun.
Aucun lien entre ces deux êtres que tout ou presque oppose et qui ne se connaissent pas.
Sauf peut-être une lueur dans le regard d'un vieil homme ou l'obsession d'une journaliste à réunir les pièces d'un vieux puzzle.
Sauf peut-être les ronds dans l'eau.
Car certains actes ont des répercussions inattendues, même longtemps après...
Ce roman se lit avec plaisir et l'on a attend avec impatience la rencontre (et comment pourrait-il en être autrement? ) du jeune homme amoureux déçu et du Vieux truand.
Ce qui m'a le plus marquée? Les rapports de la journaliste avec le malfrat "retraité et paisible", scènes dans lesquelles la jeune femme fascinée par le crime, venue interroger le vieil homme paraît dominer la situation et la brusque inversion des rôles à la violence inouïe.
Ian Rankin : Une enquête de l'inspecteur Rébus
La police a pris en chasse deux adolescents qui prétendent avoir enlevé
la fille du maire d'Édimbourg. Acculés, ils se jettent d'un pont sous
les yeux de l'inspecteur John Rebus. Hanté par cette image, Rebus tente
de retrouver la jeune fille disparue et d'en savoir plus sur les deux
jeunes gens. C'est alors que survient un second suicide, spectaculaire
et encore plus suspect...
On retrouve ici l'inspecteur Rébus toujours porté sur la bouteille et dépressif, en chasse dans les rues hivernales, lugubres et glaciales, d'Edimbourg. La scène du suicide des jeunes gens sur le pont a beaucoup de force.
Comme d'habitude, à travers ce roman, l'écrivain écossais décrit la corruption et les dessous de la société économique et de l'Etat. Tout y est prétexte à magouille mais ceux qui y participent sont intouchables car leur arrestation priverait d'emploi une grande partie de la population ! Les logiques du capitalisme ! J'avoue que j'ai trouvé l'intrigue complexe et parfois difficile à suivre.
Pierre Lemaître : Sacrifices
Témoin d’un hold-up dans le quartier des Champs-Élysées, Anne Forestier
échappe par miracle à la sauvagerie du braqueur. Détruite, défigurée.
Bouleversé, le commandant Verhœven, qui est son amant, s’engage corps et
âme dans cette enquête dont il fait une affaire personnelle. D’autant
que le braqueur, récidiviste déterminé et d’une rare férocité, s’acharne
à retrouver Anne pour l’exécuter… Les deux hommes s’engagent alors dans
un face à face mortel dont Anne est l’enjeu. Verhœven, touché au plus
secret de sa vie privée, devient à son tour violent, implacable, jusqu’à
sacrifier tous ses principes… Mais en réalité, dans cette affaire, qui
est le chasseur ? Et qui est la proie ? Par l’auteur de Au revoir là-haut, prix
Goncourt 2013.
Désolée mais je ne me souviens plus très bien de l'intrigue si ce n'est de ce passage saisissant où la jeune femme, Anne, est attaquée dans la bijouterie. Le style de Pierre Lemaître permet de "voir " la scène si bien que j'ai l'impression qu'elle est devant mes yeux comme dans un film. Il faut reconnaître que Pierre Lemaître sait écrire ! quelle qualité du style ! j'ai lu le roman sans déplaisir mais je préfère le Pierre Lemaître de Au revoir là-haut.
Je suis fan de Ian Rankin, celui-ci est déjà lu...
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi en ce qui concerne l'écriture de Pierre LemaÎtre. Je n'ai pas lu celui-ci, je lirai plutôt d'abord Couleurs de l'incendie...
Ian Rankin propose une analyse de la société écossaise à Edimbourg, entre autres, très lucide.
SupprimerJ'aime bien aussi lire des polars l'été... je n'ai lu aucun de ceux que tu présentes mais j'ai découvert Sandrine Collette avec Des nœuds d'acier (que j'ai bien aimé, sans plus), et Pierre Lemaître avec Au revoir là-haut, et Trois jours et une vie (qui ne sont pas des polars d'ailleurs). Dommage pour le Rankin, c'est un auteur que j'ai noté lorsque j'ai visité Édimbourg, il y a 3 ans, à la recherche d'un titre se passant dans cette ville, mais je n'en avais pas trouvé en librairie à l'époque.
RépondreSupprimerIan Rankin : il ne faut pas s'arrêter à un titre et si tu veux connaître Edimbourg autrement qu'en touriste, il est une référence.
Supprimerje crois que je ne vais pas tarder à faire comme toi un billet fourre tout pour les polars qui le plus souvent ne méritent pas une chronique entière
RépondreSupprimerj'en ai beaucoup lu cet été car c'était la facilité qui me convenait, il est temps d'en faire un petit compte rendu
Je ne dis pas que c'est toujours une lecture facile. Un bon polar va aussi loin dans l'analyse de la société que n'importe quel livre. Mais, bien sûr, il faut que l'écrivain soit à la hauteur et c'est vrai pour tout genre de littérature!
SupprimerJ'ai envie de tous les lire, Colette pour l'Albanie, Rankin pour compléter la série, Lemaître pour essayer un nouveau registre. mais la PAL est chargée, je ne terminerai pas ma bibliographie corse de sitôt! Peut être un polar, pour me distraire?
RépondreSupprimerDe cette série, Colette est ce que j'ai préféré.
SupprimerJe n'en ai lu aucun ! Je suis monomaniaque ces temps-ci, avec l'Inspecteur Chef Gamache :-)
RépondreSupprimerEn effet, tu l'aimes ton Gamache ! Un inspecteur positif !
SupprimerBonjour Claudialucia, le Rankin : très bien et j'ai un faible pour Rebus. Le Pierre Lemaître : bien apprécié comme les autres polars de cet écrivain dont je n'ai toujours pas lu Au revoir là-haut: je fais un blocage. Bonne après-midi.
RépondreSupprimerPourquoi un blocage pour Au revoir là-haut ? Parce qu'il a été trop commenté voire trop à la mode ? Mais il vaut le coup.
SupprimerJamais lu Sandrine Collette, son univers me paraît très dur. J'aimais beaucoup la série de Rankin pour l'Ecosse, quand à Commère, je n'en ai lu qu'un, son dernier "Sauf" que je n'ai pas du tout apprécié. Sympa ce tir groupé !
RépondreSupprimerRankin n'est pas plus rose que Colette, à mon avis !
SupprimerUne belle moisson tout de même. J'ai l'impression de "mal" lire les polars car se sont eux que je lis... le soir dans mon lit. C'est pourquoi je ne les chronique jamais !
RépondreSupprimerTu t'endors dessus ? C'est pourtant une littérature qui ferait plutôt faire des cauchemars que de beaux rêves !
SupprimerOn m'a dit que Lemaître était assez trash dans ses romans policiers, tu as l'air de confirmer ça. Je lis peu de romans de ce genre, mais je me ferais bien un scandinave ou "La serpe", que je me promets de lire depuis l'année dernière.
RépondreSupprimerMankell reste mon préféré parmi les scandinaves mais il y a en beaucoup de bien. Quant à la serpe, j'ai bien aimé !
SupprimerJ'ai beaucoup vu les livres de Sandrine Colette sur les blogs. ca me tente bien de la découvrir... En revanche, les autres ne m'attirent pas du tout ( j'aime bien Ian Rankin mais celui que tu chroniques ne m'attirent pas.
RépondreSupprimerJe n'ai lu que celui-ci de Sandrine Colette et je l'aime bien sans coup de coeur. J'ai trouvé surtout très intéressante la vision qu'elle donne de cette société montagnarde reculée.
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