Le roman, Un pays de neige et de cendres de Petra Rautiainen, se situe au nord de la Finlande, en pays sami, à Inari en 1944 et Enontekio de 1947 à 1950 (une carte nous permet de situer ces lieux en début de livre). Les deux époques se chevauchent et le lecteur passe ainsi du passé à présent, celui-ci encore marqué par la guerre.
1944 : Le narrateur Vaino Remes arrive dans un centre pénitentiaire pour y servir d’interprète auprès des prisonniers de différentes nationalités, Russes, Ukrainiens, Serbes, Polonais, Roumains. Il s’agit d’un camp allemand en Finlande placé sous la haute autorité de la gestapo. Les conditions de vie y sont inhumaines, le froid, la neige et l’obscurité des nuits d’hiver rendent fous les gardiens allemands eux-mêmes, la faim et la maladie font des ravages. Vaino Remes qui a eu des activités dans des commandos d’extermination en Finlande est aussi affecté à la détermination des races. Il croit à la Grande Finlande et à la race finnoise épurée. Il fait connaissance de l’autre interprète finlandais avec qui il travaille, Olavi Heiskanen. De plus, il s’intéresse à un prisonnier nommé Kalle qui jouit d’un statut privilégié. Ses recherches dans le dossier de cet homme lui permettent de savoir qu’il se nomme Kaarlo Linqvist. Tous ces faits et bien d’autres sont consignés dans son journal de bord.
1947 : Inkeri Lindqvist arrive à Enontekio près de Inari. Elle est photographe et journaliste et est là pour faire une enquête sur la reconstruction de la Finlande. En vérité, elle est à la recherche de son mari qui a disparu. Elle ne sait pas s’il est encore vivant.
Elle fait la connaissance d'Olavi Heiskanen et aussi de Piera, un vieux sami et de sa petite-fille Bigga-Marja mais son enquête avance difficilement. Tous sont réticents à évoquer le passé. Le camp a disparu. Personne ne veut en parler, sentiment de honte, de culpabilité ? Tout en faisant la connaissance des Sames et de leurs coutumes et en se liant d’amitié avec Bigga-Marja, Inkeri en apprend plus sur les secrets du camp. Mais elle découvre en même temps que la discrimination, les humiliations et le racisme que subit le peuple sami n’ont pas disparu même après la guerre.
-Ils envisagent de créer un registre des Sames
- C’est quoi ?
- Ils recensent toute la population. Qui sont les Sames. Combien ils sont. Où ils habitent.
-Ah.
L’Etat veut s’approprier ces forêts, cette tourbe, ces marais et tout le reste mais ça pose un problème avec ces ploucs de Lapons.
Ce roman parle d’un réalité très dure et un malaise règne tout au cours de la lecture. Non pas seulement à cause du camp et des crimes qui y sont perpétrés mais aussi parce que l’on sent que tout n’est pas dit, que l’on nous cache quelque chose. En fait, on se retrouve dans la même position que la photographe Inkeri à qui il manque beaucoup d’éléments pour tout comprendre. On le découvrira peu à peu avec elle.
J’ai aimé l’amitié qui lie Inkeri aux Samis et en particulier à la jeune Bigga-Marja, personnage attachant comme son grand-père Pietra. J’ai eu plaisir à découvrir avec elle leurs croyances et leurs traditions. Mais j’ai appris avec horreur l’existence de ces camps de concentrations avec la participation de la Finlande sous l’autorité allemande. Je savais pourtant que la Finlande s’était alliée à l’Allemagne nazie, la préférant à son ennemi héréditaire, le Russe. Mais je savais pas qu’elle avait abrité de telles abominations sur son sol.
Quant aux Samis, dans tous les pays nordiques, Norvège, Suède et Finlande, ils ont eu à subir les violences d’une assimilation forcée accompagnée de mépris. Le mot lapon qui les désignait jadis est d'ailleurs un terme péjoratif abandonné de nos jours. Ils sont désormais reconnus comme une nation autonome constitutionnelle même si leur nomadisme, pour certains, est encore source de conflits.
Merci à Miriam pour cette lecture qui m’a appris beaucoup sur ce pays.
j'ai un faible pour la finlande alors je l'avais déjà noté mais je vais rajouter une petite coche
RépondreSupprimerMoi aussi. Mon voyage en Finlande est un si beau souvenir !
SupprimerJe ne connais pas très bien moi non plus l'histoire de la Finlande pendant la deuxième guerre mondiale, sauf qu'ils sont collaboré avec les Allemands. Je ne pensais pas que c'était allé aussi loin. Je le note, en sachant que c'est une lecture difficile.
RépondreSupprimerOui, comme toi je ne savais qu'il y avait eu des camps.
SupprimerContente que ce livre très dur t'ai plu. La lecture est déstabilisant parce qu'on ignore de nombreux faits historiques au depart
RépondreSupprimerOui, c'est vrai et puis il y a tout ce qui se fait par dessous, qu'on perçoit, sans toujours comprendre. Du moins au début.
Supprimer1. J'aime beaucoup la couverture. 2. J'adore tout ce qui concerne les Samis, même si là, ça a l'air bien glauque... 3J'ai noté et j'espère le lire bientôt :-)
RépondreSupprimerOui, c'est noir !
SupprimerÉtant allée en Finlande, cela fait des années que j'ai noté ce titre et je ne l'ai toujours pas lu. Arfff c'est difficile de trouver le temps pour tout !
RépondreSupprimerOh! que je te comprends !
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