Le mariage de Figaro ou la folle journée Mise en scène de Léna Bréban
Virtuose, Philippe Torreton est Figaro dans cette nouvelle adaptation du chef-d’œuvre de Beaumarchais, mise en scène par Léna Bréban.
Amoureux, Suzanne et Figaro veulent se marier. Mais les obstacles se multiplient : Suzanne plaît tellement au Comte Almaviva qu’il veut rétablir le droit de cuissage ; la Comtesse cherche à reconquérir son mari ; Chérubin est amoureux de la Comtesse ; et Marceline espère épouser Figaro au nom d’une vieille promesse. Durant cette « folle journée », billets secrets, rendez-vous cachés, manigances et quiproquos s’enchaînent à bâtons rompus. Figaro pourra-t-il épouser celle qu’il aime ?
L’une des pièces les plus complexes du répertoire français, La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro est une comédie en cinq actes écrite par Beaumarchais en 1778. Continuation du Barbier de Séville, elle donne à voir la fin de l’Ancien Régime et la naissance d’un monde nouveau.
Sous les traits d’une comédie enlevée, riche en rebondissements,
l’auteur déguise son propos faisant « la critique d’une foule d’abus qui
désolent la société »
Un spectacle-événement du Festival Off Avignon 2025 !
Mon avis
Si j'ai trouvé la mise en scène bien classique et les décors aussi, j'avoue que j'ai savouré le texte de Beaumarchais dit d'une manière magistrale par Philippe Torreton.
" Non, monsieur le comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !… noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on n’en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ..."
Le texte est splendide et, dit par un excellent acteur, il a une puissance qui fait vibrer :
" Il s’élève une question sur la nature des richesses ; et comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent, et sur son produit net : aussitôt je vois, du fond d’un fiacre, baisser pour moi le pont d’un château-fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits."
Et encore...
" Le désespoir m’allait saisir ; on pense à moi pour une place, mais par malheur j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint. Il ne me restait plus qu’à voler ; je me fais banquier de pharaon : alors, bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites comme il faut m’ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J’aurais bien pu me remonter ; je commençais même à comprendre que, pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir. Mais comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallut bien périr encore".
Quant au texte de Marceline, il est si bien mis en valeur par Anny Mercier qui joue une Marceline, virago autoritaire, qui se révèle être la mère de Figaro dans une scène de reconnaissance hautement comique. Voilà ce qu'elle dit quand on lui reproche sa faute de jeunesse (un enfant né hors mariage)...
Oui, déplorable, et plus qu’on ne croit ! Je n’entends pas nier mes fautes, ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu’il est dur de les expier après trente ans d’une vie modeste ! J’étais née, moi, pour être sage, et je le suis devenue sitôt qu’on m’a permis d’user de ma raison. Mais dans l’âge des illusions, de l’inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent, pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d’ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui peut-être en sa vie a perdu dix infortunées !
Hommes plus qu’ingrats, qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c’est vous qu’il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état pour les malheureuses filles ?
Dans les rangs même plus élevés, les femmes n’obtiennent de vous qu’une considération dérisoire : leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! Ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !
Oui, ce texte va loin, écrit en 1778, joué officiellement sur la scène en 1784. Il annonce les idées révolutionnaires et se révèle trop souvent, encore, d'actualité ! Vous l'avez compris, j'adore Beaumarchais ! et les bons comédiens !
Quant à ma petite-fille (15 ans), si elle a bien aimé Le Barbier, le mariage de Figaro vu dans la foulée et présenté comme une suite, ne lui a pas plu. Je crois qu'elle n'a pas aimé voir un Figaro et un comte infidèle et tous deux vieillissant... C'était trop brutal en une seule journée !
La Scala de Provence : Le mariage de Figaro ou la folle journée 18H30
Dates du 5 au 25 juillet 2025 | |
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Relâches les lundis 7,14,21 juillet |
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Durée 1H50 |
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Equipe artistique
Léna Bréban - Mise en scène
Eric Bougnon - Interprétation
Gretel Delattre - Interprétation
Salomé Denis Meulien - Interprétation
Jean-Jacques Moreau - Interprétation
Grégoire Oestermann - Interprétation
Antoine Prud’homme de La Boussinière - Interprétation
Jean-Yves Roan - Interprétation
Philippe Torreton - Interprétation
Marie Vialle - Interprétation
Léna Bréban - Adaptation théâtrale
Annie Mercier - Interprétation
La Scala Productions & Tournées
Compagnie française
Compagnie professionnelle
Description :
Les productions Scala naissent de la volonté
de Mélanie et Frédéric Biessy d’accompagner l’émergence artistique sur
la scène française. 13 projets sont aujourd’hui produits par le Projet Scala. Entre résidences et représentation à La Scala Provence et La Scala Paris, le but est de permettre aux productions de rayonner ensuite en tournée, sur l’ensemble du territoire. |
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