Pages

dimanche 8 janvier 2012

Emile Nelligan, le Rimbaud québécois

 


copie_2_de_ph29-23-1_rgb_med_1.1275169886.jpg

Aujourd'hui j'ai envie de présenter un des poètes les plus célèbres du Québec, Emile Nelligan. Je l'ai découvert dans une librairie près de mon hôtel, dans le quartier de  Côte-des-Neiges, lors d'un séjour à Montréal, ville où il est né en 1879. Regardez son portrait. De Rimbaud, il a cet air d'extrême jeunesse et de fragilité que l'on observe chez le poète français au même âge. Il est aussi précoce que lui. Ses premiers vers sont publiés alors qu'il a seize ans. Sa voix s'éteindra aussi très vite mais pas pour les mêmes raisons. Emile Nelligan est atteint de troubles mentaux très graves. Il est interné  en 1899 et c'est à l'asile qu'il mourra en 1941. On sent dans ses poèmes l'influence non seulement de Rimbaud mais aussi de Baudelaire, Nerval, Verlaine...
J'ai choisi son poème le plus connu Soir d'hiver  qui est mon préféré.

Alexander V. Jackson : Les Laurentides (peintre québécois , groupe des sept)

Soir d'hiver

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
A la douleur que j’ai, que j’ai !
*
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés ;
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.
*
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
*
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
A tout l’ennui que j’ai, que j’ai !...
**

Et puis un autre petit poème en prime!

Quelqu'un pleure dans le silence

Quelqu'un pleure dans le silence
Morne des nuits d'avril ;
Quelqu'un pleure la somnolence
Longue de son exil ;
Quelqu'un pleure sa douleur
Et c'est mon coeur !


Poème publié dans mon ancien blog en 2010.

16 commentaires:

  1. Une découverte dont je te remercie.C'est vrai que le portrait rappelle quelqu'un.Le poème est sombre,d'un gel à fendre le coeur,d'où l'espoir semble envolé à la bise nordique.

    RépondreSupprimer
  2. Curieuse coïncidence, j'ai découvert ce poème ces jours-ci, fort bien déclamé par Gilles-Claude Thériault sur une musique de Grieg, dans une vidéo youtube. C'était en recherchant la chanson de Gilles Vigneault "Mon pays c'est l'hiver" en relation avec le billet de Nathanaëlle (voir le lien au bas de mon dernier billet 2012 on Ice).

    Grâce à toi, je sais maintenant qui était Nelligan (triste destin que le sien) et j'ai le texte intégral du poème avec en prime une superbe illustration. Grand merci ClaudiaLucia pour ce beau billet, et bon dimanche

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour ClaudiaLucia,

    Je songe depuis un bon moment à ma participation au défi romantique, mais l'actualité m'a retenue de même qu'un autre petit problème.

    J'aurais aimé traiter de poètes québécois, mais il y a toujours un décalage par rapport aux grands mouvements européens pour des raisons que j'expliquerai alors.

    Émile Nelligan est le poète auquel je songeais, en particulier pour son mal de vivre qu'il exprime d'ailleurs dans celui que vous nous présentez.

    Un petit ajout à votre commentaire : l'internement très précoce de Nelligan a suscité beaucoup de commentaires et d'études. Il était proche de sa mère candienne-française dont il portait d'ailleurs le prénom, mais beaucoup moins de son père, Irlandais d'origine, au point qu'il demandait même que l'on prononce son patronyme de Nelligan à la française.

    Un peu à la manière de Camille Claudel, c'est à la demande de sa famille que Nelligan a été interné. Compte tenu des méthodes que l'on appliquait pour soigner alors les patients atteints de problèmes de santé mentale, s'il n'était pas «fou» au moment de son enfermement, il n'était pas difficile de le devenir.

    J'y reviendrai, je l'espère, bientôt

    Bonne semaine à vous!

    RépondreSupprimer
  4. Je me souviens l'avoir lu sur ton ancien blog et beaucoup apprécié!

    RépondreSupprimer
  5. merci pour cette belle découverte...qui me donne envie d'aller y voir de plus près! et la ressemblance physique avec Rimbaud est en effet frappante!

    RépondreSupprimer
  6. poète découvert à l'occasion de lectures québécoises !

    RépondreSupprimer
  7. Un poète découvert très tardivement mais que j'aime beaucoup, certains de ses poèmes me font penser au poème de Maupassant
    j'aime beaucoup le tableau

    RépondreSupprimer
  8. @ EEguab : J'ai été frappé par la similitude entre ces deux poètes si précoces. Ensuite leur destin diverge.

    RépondreSupprimer
  9. @ Tilia : merci pour la référence. je vais aller l'écouter.

    RépondreSupprimer
  10. @ Marie-Josée : j'espère lire ton billet dès que tu auras le temps. Ce sera passionnant d'en apprendre plus sur un poète qui est, hélas! encore peu connu en France!

    RépondreSupprimer
  11. @ Gwen : J'ai voulu reprendre ce billet avec un poème sur l'hiver même si cette saison au Québec ne ressemble pas beaucoup à la nôtre en France.

    RépondreSupprimer
  12. @ Sophie 57 : Effectivement, la ressemblance physique mais aussi la précocité de leur talent.

    RépondreSupprimer
  13. @ Lystig : Une littérature qu'il est bon de découvrir.

    RépondreSupprimer
  14. @ Dominique : Moi aussi j'ai découvert Nelligan tardivement et c'est bien dommage. Le tableau est aussi d'un peintre Québécois que j'ai vu au musée des Beaux-Arts de Montréal avec plusieurs autres oeuvres de son groupe; (Le groupe des sept que j'aime beaucoup)

    RépondreSupprimer
  15. Émile Nelligan est sans aucun doute mon poète favori. Et pas seulement parce que je suis québécoise… La profondeur de ses vers me touche infiniment…

    RépondreSupprimer
  16. Et moi de m^me, j'aime beaucoup ce poète!

    RépondreSupprimer

Merci pour votre visite. Votre message apparaîtra après validation.