Ce que j'attends de la pièce de shakespearien le songe d'une nuit d'été ICI, je l'ai écrit dans mon billet du mois de janvier 2014, lors d'une LC, car pour moi cette comédie est une des plus riches du répertoire du dramaturge. Malheureusement les metteurs en scène en occultent trop souvent de nombreux aspects tant elle est complexe sous son apparente simplicité. Aussi je n'ai jamais pu être vraiment satisfaite des mises en scène que j'ai vues bien que certaines m'aient plu. Mais il me manque toujours quelque chose. Et c'est encore vrai cette fois, pour la représentation au théâtre de La Criée à Marseille de la mise en scène de Edward Hall de la compagnie anglaise Propeller.
Cela ne veut pas dire que je n'ai pas aimé et j'ai bien ri de la folie débridée, des facéties, de la fantaisie, acrobaties, cabrioles, musique et chants des Propeller qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes dans le registre comique. Avec cette troupe, la pièce n'est jouée que par des hommes y compris les rôles de femmes comme du temps de Shakespeare, certainement pour se rapprocher au plus près de l'esprit de la comédie shakespearienne et de la manière dont les pièces étaient interprétées au XVI siècle.
La scène de jalousie dans la seconde partie de la pièce, entre Hermia et Hélène est par exemple tout à fait désopilante et va crescendo, la colère d'Hermia s'enflant comiquement chaque fois que Hélène répète le terme "petite", ce qui ne manque pas d'arriver souvent, l'on s'en doute! Comique de mot et de répétition, comique de caractère et de situation, les acteurs de la troupe Propeller exploitent sciemment tous ces ressorts, et savent ménager leurs effets, alternant les moments de répit où le rire va decrescendo pour mieux nous entraîner ensuite dans une explosion joyeuse. "Suis-je donc si petite, grand mât de cocagne" fulmine Hermia. Les comédiens qui interprètent ces deux rôles jouent à merveille sur leur physique contrasté, le petit blond et le grand maigre comme un échalas!
Il en est de même de la scène de théâtre dans le théâtre quand les artisans jouent Thisbé et Pyrame devant Thésée ou de l'apparition de Bottom tout à fait grotesque avec sa tête d'âne.. La folie amoureuse qui s'empare des hommes y est donc très bien rendue et nous entraîne dans une nuit d'été exubérante et échevelée! Il faut noter aussi les costumes amusants (Puck en tutu et leggings rayés) et les lumières qui apportent à la mise en scène un surplus de folie et de fantaisie.
Mais -car il y a un mais- j'ai trouvé cette seconde partie du spectacle de la Propeller qui commence au début de l'acte III (peut-être parce qu'elle est plus franchement comique) meilleure que la première dans laquelle la comédie est moins évidente et ne joue pas un rôle primordial..
C'est ainsi que lors de la rencontre de Titiana et d'Obéron je n'ai pas ressenti la poésie de ces scènes magnifiées par la langue de Shakespeare, la beauté et la richesse des images qui rappellent que tout ceci est un rêve.. Le choix du metteur en scène est de montrer l'aspect caricatural de ces personnages et non la beauté et la grandeur de ces créatures magiques, mystérieuses et puissantes. Dans la mise en scène inventive d'Edward Hall, les personnages perchés sur de hautes chaises comme les arbitres d'un match se disputent l'enfant volé à Oberon par Titiana avec une mesquinerie toute humaine! De ce fait, la pièce est tirée vers la farce et occulte la féérie mais aussi la réflexion tragique sur le pouvoir des dieux, eux, qui tiennent entre leurs mains le destin des êtres humains, eux qui s'amusent cruellement de ces faibles créatures soulignant ainsi les limites de la liberté humaine et la facticité de l'Amour.
Et pourtant c'est tout cela que représente la pièce dans ce fameux mélange des genres que prônait Victor Hugo, grand admirateur de Shakespeare pour le théâtre romantique. Car il y a un aspect tragique indéniable dans Le songe d'une nuit d'été, plus je vois et plus je lis la pièce, plus cette évidence s'impose! Je rêve d'une représentation où le mélange des genres serait vraiment respectée et où l'on passerait du rire aux larmes ou au rêve, où l'on éprouverait toutes les gammes de l'émotion.
Challenge Théâtre Eimelle |
merci pour ta participation au challenge! A bientôt!
RépondreSupprimerA bientôt! je suis en train de décider du choix des pièces pour le festival In d'Avignon!
SupprimerC'est dommage pour le manque de féérie car ce doit être l'une des pièces les plus oniriques ! Mais c'est un parti pris... Je suis plongée dans Comme il vous plaira.
RépondreSupprimerOui, c'est un parti pris du metteur en scène et il réussit bien dans ce registre.
SupprimerQuand tu parles de féerie, tu veux parler des costumes et décors ?! Car c'est aussi l'une des particularité du théâtre élisabéthain, le peu de décor et laisser l'imagination du spectateur le créer lui même. Je n'avais jamais interpréter la pièce dans le sens "une remise en question de nos libertés" et quand j'y repense c'est très vrai avec Les disputes d'Oberon et Titania qui perturbe même la nature terrestre. Je n'avais jamai vu les choses comme ça !
RépondreSupprimerSinon, il y a aussi les adaptations cinématographiques où pour le coup il y a plus de "féerie" celle de Reinardt datant des années 30 est intéressante car très imprégnée de l'expressionnisme allemand. Bon le film est assez long mais très sympa. Il y a aussi celle d'hoffman plus "hollywoodienne moderne" mais avec de très beauc décors et des références culturelles plutôt sympa ^^
Désolé du long commentaire ;)
J'avais laissé passer ton commentaire très intéressant et pas du tout trop long. Non je ne veux pas dire obligatoirement les décors et les costumes mais surtout la mise en valeur d'un texte qui est très beau, très poétique et qui est proche de la nature. Oui Obéron et Titiana sont des divinités puissantes et même terribles et c'est vrai ils peuvent perturber les cycles de la nature. Ils tiennent le sort des humains entre leurs mains. Et les elfes qui suivent Titiana sont aussi des incarnations de la nature.. En faire des personnages seulement comiques les réduit.
RépondreSupprimeroui, j'ai vu celui de Reinhart mais il y a trop longtemps pour savoir si ça me plairait maintenant; J'ai tellement lu de critiques négatives sur celui de Hoffman que je ne l'ai pas vu. Préjugé peut-être faux?