Le cavalier de bronze statue de Falconet |
Le cavalier de bronze (Медный всадник)) est un long poème lyrique de Pouchkine (1833) que j'ai beaucoup aimé quand je l'ai étudié au lycée. Il conte l'histoire d'un jeune homme pauvre,
Eugène, qui vit à Saint Pétersbourg sur les bords de la Néva. Le fleuve
est en crue et ravage la ville, emportant des maisons, voire des
quartiers entiers. C'est ainsi que la fiancée d'Eugène, la belle
Prascovie, disparaît dans les flots. Le jeune homme sombre dans la
folie.
C'est avec impatience que j'ai attendu le moment de voir enfin, sur la place des Décembristes, cette célèbre statue représentant Pierre Le Grand. Le tsar y est représenté, altier, sur son cheval cabré. Il est le cavalier de bronze qui, dans le texte fantastique de Pouchkine, va s'animer pour poursuivre de sa vindicte l'humble insensé qui a cru pouvoir lui tenir tête.
C'est avec impatience que j'ai attendu le moment de voir enfin, sur la place des Décembristes, cette célèbre statue représentant Pierre Le Grand. Le tsar y est représenté, altier, sur son cheval cabré. Il est le cavalier de bronze qui, dans le texte fantastique de Pouchkine, va s'animer pour poursuivre de sa vindicte l'humble insensé qui a cru pouvoir lui tenir tête.
Sous l’ample front quelle pensée, et quelle force ramassée en ses membres, et dans son coursier quelle ardeur ! Où ton galop te porte-t-il, cheval superbe ? Où ton sabot ira-t-il s’abattre?
O maître puissant du destin, n’est-ce pas ainsi qu’au-dessus de l’abîme, tout en haut, sous le frein d’acier, tu fis cabrer la Russie?
O maître puissant du destin, n’est-ce pas ainsi qu’au-dessus de l’abîme, tout en haut, sous le frein d’acier, tu fis cabrer la Russie?
Pierre le Grand
Pierre Le Grand |
Pierre 1er dit le Grand (1672-1725), souverain réformateur tourné vers l'Occident, a pratiqué une politique expansionniste, en particulier contre les Suédois. Il voulait aussi doter son pays d'une façade sur la mer Baltique et l'élever au niveau des autres grandes puissances européennes. Enfin, il détestait Moscou et les boyards, ces nobles fiers et arrogants qui lui tenaient tête, c'est pourquoi il fit de Saint Pétersbourg sa capitale.
Dans ce grand poème Pouchkine exalte la grandeur du tsar qui a créé la ville de Saint Pétersbourg au milieu des marécages, faisant de cette ville ouverte sur l'Europe une capitale moderne dont la magnificence va bien vite dépasser Moscou.
Il était là, debout sur le rivage d’une mer déserte et, plein de ses grandes pensées, il regardait au loin. À ses pieds, le fleuve roulait ses larges eaux que seule remontait péniblement une embarcation. Çà et là des chaumières, asiles du Finnois indigent, se dressaient noirâtres sur ces bords envahis par la mousse et la vase. Et la forêt impénétrable aux rayons d’un soleil voilé de brume étendait sa rumeur alentour.
Il se disait : « D’ici, nous menacerons le Suédois. Une ville y sera bâtie malgré nos orgueilleux voisins. La nature a voulu qu’ici nous percions une fenêtre sur l’Europe et que nous demeurions le pied ferme au bord de la mer. »
Il se disait : « D’ici, nous menacerons le Suédois. Une ville y sera bâtie malgré nos orgueilleux voisins. La nature a voulu qu’ici nous percions une fenêtre sur l’Europe et que nous demeurions le pied ferme au bord de la mer. »
Saint Pétersbourg
Les palais de la Néva (le palais d'Hiver) |
Il
s’écoula cent ans et la cité nouvelle, émerveillement et prodige du
pays des nuits blanches, issue des forêts obscures, des profondeurs du
marécage, s’élève dans toute sa pompe et sa magnificence. Là même où
jadis le pêcheur finnois, triste rejeton de la nature,seul près de ces
bords plats jetait son antique filet au sein des eaux inexplorées, c’est
là qu’au long des quais animés se pressent aujourd’hui les nobles
masses des palais et des tours.
Les navires de tous les coins de la terre accourent en foule à ces riches bassins. La Néva s’est revêtue de granit, les ponts enjambent les canaux, de verts jardins ombragent ses îles, et devant la nouvelle capitale, Moscou l’ancienne s’est effacée comme une veuve en deuil devant la jeune souveraine.Je t’aime, ô création du génie de Pierre, j’aime ton profil noble et sévère, le cours majestueux de la Néva, le granit des quais, les grilles de fer de tes jardins, le clair-obscur de tes nuits méditatives, cette lumineuse absence de lune, alors que dans ma chambre j’écris sans lampe et que les maisons endormies des avenues désertes sont visibles, et claire l’aiguille de l’Amirauté et que, répudiant toute ombre au ciel doré, le crépuscule du matin a vite fait de remplacer l’autre et n’accorde qu’une demi-heure à la nuit. J’aime l’air immobile et le gel de ton cruel hiver, les courses en traîneau le long de cette ample Néva, les joues des jeunes filles plus roses que les roses et le faste, la rumeur, le caquet de tels bals et, dans les dîners de garçons, le vin mousseux qui pétille dans les verres, et la flamme bleue du punch. J’aime la vive allure des parades militaires sur notre Champ de Mars, la monotone beauté des fantassins et de la cavalerie alignés.
Les navires de tous les coins de la terre accourent en foule à ces riches bassins. La Néva s’est revêtue de granit, les ponts enjambent les canaux, de verts jardins ombragent ses îles, et devant la nouvelle capitale, Moscou l’ancienne s’est effacée comme une veuve en deuil devant la jeune souveraine.Je t’aime, ô création du génie de Pierre, j’aime ton profil noble et sévère, le cours majestueux de la Néva, le granit des quais, les grilles de fer de tes jardins, le clair-obscur de tes nuits méditatives, cette lumineuse absence de lune, alors que dans ma chambre j’écris sans lampe et que les maisons endormies des avenues désertes sont visibles, et claire l’aiguille de l’Amirauté et que, répudiant toute ombre au ciel doré, le crépuscule du matin a vite fait de remplacer l’autre et n’accorde qu’une demi-heure à la nuit. J’aime l’air immobile et le gel de ton cruel hiver, les courses en traîneau le long de cette ample Néva, les joues des jeunes filles plus roses que les roses et le faste, la rumeur, le caquet de tels bals et, dans les dîners de garçons, le vin mousseux qui pétille dans les verres, et la flamme bleue du punch. J’aime la vive allure des parades militaires sur notre Champ de Mars, la monotone beauté des fantassins et de la cavalerie alignés.
La statue de Pierre Le Grand
Commandé par la tsarine Catherine II en hommage à Pierre le Grand, le cavalier de bronze est une oeuvre monumentale du sculpteur français Falconet, ami de Diderot. Eugène devenu fou après avoir vécu les terreurs de l'inondation qui a emporté sa bien-aimée Prascovie s'adresse à la statue de Pierre le Grand qu'il considère comme responsable de son malheur et le menace. Mais il est vain de défier le Tsar, il vous poursuivra au-delà de la mort.
On voit ici les sentiments ambivalents que Pouchkine entretient avec le pouvoir tsariste et en particulier avec Pierre le Grand. Il est partagé entre l'admiration qu'il éprouve pour ce souverain éclairé, qui a parcouru l'Europe, incognito, travaillant comme charpentier, artisan, exerçant plusieurs métiers, ouvert à toute nouveauté. Mais il sait quel despote implacable et cruel il peut être, comment il a arrêté dans le sang le complot fomenté contre lui. Il sait comment Pierre le Grand, manquant de matériaux pour réaliser la construction de cette ville qui a coûté la vie à des milliers d'ouvriers, a levé un impôt. Chaque marchand qui pénétrait dans la cité était obligé d'apporter son lot de pierres. Il a aussi ordonné aux nobles de venir vivre à Saint Pétersbourg et d'y élever leur palais en amenant leurs pierres! L'écrivain a été lui-même persécuté toute sa vie par le tsar Nicolas 1er qui contrôlait tous ses gestes et ses écrits. Et si Pouchkine n'a pas participé au complot des décembristes qui voulaient renverser le despote, c'est parce qu'il était déjà exilé.
Le pauvre dément, devant le piédestal de l’idole, contemplait hagard le souverain de la moitié du globe. La poitrine oppressée, heurtant du front les barreaux, ses yeux fouillaient l’obscurité. Un froid circula dans ses veines, il frémit et d’un air tragique s’arrêta devant la hautaine idole. Grinçant des dents et le poing levé, comme en proie à son funeste ressentiment, il murmura d’une voix qui tremblait de fureur : « À nous deux, faiseur de prodiges, c’est moi qui... ». Et tout à coup il s’élança dans une fuite éperdue. Il lui avait semblé que le visage du terrible despote, enflammé de colère, s’était retourné lentement... Et de courir à travers la place déserte, entendant sur ses pas — ou serait-ce le bruit du tonnerre ? —un lourd galop qui martèle les pavés ébranlés. Sous un blême rayon de lune, allongeant le bras tout là-haut, le cavalier de bronze est à ses trousses dans une chevauchée retentissante. Et toute la nuit, où que l’insensé dirige ses pas, derrière lui, partout, le cavalier de bronze est là qui le poursuit de ses pesantes foulées.
Saint Pétersbourg : Champ de Mars |
Saint Pétersbourg Le champ de Mars |
Canal Moïka |
Les canaux font de Saint Pétersbourg la Venise du Nord.
Pour l'anecdote, nous logeons dans le deuxième immeuble, façade rose, à droite. En pleine centre, tout près de l'Ermitage, la place des Décembristes, les bords de la Néva, la perspective Nevsky, l'église Saint Sauveur , l'église Saint Isaac ...
un logement idéalement placé! De quoi en profiter au maximum !
RépondreSupprimerEt je t'assure qu'on en a profié! Tu imagines, tout à portée de main !
SupprimerQuel plasir de lire et de voir...
RépondreSupprimerquel plaisir de voyager et de partager!
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