Betty Carpenter est née d’un père Cherokee et d’une mère, blanche. Elle est la sixième d’une fratrie de huit enfants. C’est elle qui ressemble le plus à son père Landon qui l’appelle ma petite indienne. Si elle connaît, dès l’école, les moqueries, le rejet et le mépris des enfants blancs, elle peut les surmonter grâce à la beauté des histoires que lui conte son père, qui est aussi celui qui lui transmet la fierté de son peuple, de ses coutumes et de ses croyances. C’est lui aussi qui l’initie aux mystères des plantes, à leur culture, à leurs vertus, et l’introduit dans le monde magique de la nature verte et luxuriante de l’Ohio.
Mais pourquoi Alka, sa mère, est-elle en proie à une souffrance et une colère telles qu’elle en devient cruelle et brutale envers ses enfants ? Pourquoi sa soeur Fraya si douce, si maternelle, est-elle si repliée sur elle-même?
C’est ce que nous raconte Betty, la narratrice, qui, depuis l’enfance, trouve un échappatoire dans l’écriture.
Si vous commencez à lire Betty de Tiffany Mc Daniel, sachez que vous ne pourrez plus vous arrêter ! Vous le lirez dans la fièvre, l’angoisse face à la souffrance de ces êtres que vous voyez vivre et parfois mourir devant vos yeux, face la violence qu’ils subissent, racisme, viol, inceste. Vous le lirez dans l’émotion que vous procurent de beaux personnages radieux, aimants, comme le père de Betty, Landon Carpenter, ou sa grande soeur Fraya. Vous serez submergés de tendresse pour les petites frères de Betty, Trustin et Lint. Vous serez pénétrés par la beauté du style, emportés par la force de la nature, par la poésie des histoires issues de la sagesse indienne que Landon Carpenter conte à ses enfants et à Betty, en particulier, lui apprenant à être fière de ses origines.
Et si vous pensez que les thèmes du racisme, des violences faites aux filles sont rebattus et trop durs à affronter pour vous, sachez que vous vous trompez. Betty est un livre qui donne de l’espoir malgré les blessures, c’est un livre d’amour tout autant que de haine, c’est une histoire de sagesse et de pardon malgré la tristesse et la cruauté. C’est aussi un récit transcendé par la parole du père, cet homme au coeur de verre qui fait de la réalité un univers fantastique, la pare de couleurs extraordinaires, et donne le courage de vivre. Oui, vous l'avez deviné, Betty est un coup de coeur !
Alors, lisez l’incipit… magnifique :
Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et des blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d’avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien, on se perd, ou bien on se trouve. Ces vérités peuvent s’affronter à l’infini. Et qu’est-ce que l’infini, sinon un serment confus ? Un cercle brisé. Une portion de ciel fuchsia. Si l’on redescend sur terre, l’infini prend la forme d’une succession de collines ondoyantes. Un coin de campagne dans l’Ohio où tous les serpents dans les hautes herbes de la prairie savent comment les anges perdent leurs ailes.
Vous résistez encore ?
Quand je repense à Fraya, ce qui me vient à l'esprit est l'image floue de mille lumières qui s'agitent et oscillent. Des particules qui resplendissent et scintillent avant de disparaître dans le noir et un bourdonnement dont je me rends compte qu'il n'est autre que le bruit des abeilles.
- Doux comme le miel, disait Fraya.
Tandis qu'elle grandissait, tous les ans, à la même époque, Papa lui prenait les bras et les levait.
-Tu es ma mesure. C'est toi qui vas mesurer la distance qui sépare tout ce qui pousse dans le jardin et aussi les intervalles entre les piquets de la clôture.
- Pourquoi c'est moi ta mesure ? demandait-elle toujours même si elle savait ce qu'il allait lui répondre.
- Parce que tu es importante, répliquait-il en lui étendant les bras de chaque côté. Tu es mon centimètre, mon décimètre et mon mètre. La distance entre tes deux mains est la distance qui mesure tout ce qu'il y a entre le soleil et la lune.
Encore un extrait ?
Non, je m'arrête là, sinon il me faudra recopier tout le livre !
Ce roman n'a que de bons échos, je vais le lire c'est sûr, tôt ou tard.
RépondreSupprimerIl m'a beaucoup touchée et j'en aimé l'écriture, l'histoire et les personnages.
SupprimerTout comme Aifelle ! ;-)
RépondreSupprimerJe serai ravie d'avoir votre avis quand vous l'aurez lu ?
SupprimerJe doute toujours. Joliment écrit mais un poil too much (c'est mon ressenti) Peut être, une fosi dans l'histoire, c'est différent?
RépondreSupprimerC'est un style poétique et il faut se laisser surprendre par la transpositions du réel qui est la manière de penser du père et qu'il transmet à ses enfants. Moi, je ne l'ai pas trouvé "too much" puisqu'il m'a touchée. Peut-être, en effet, que cela ne te plairait pas, toi qui n'aimes pas la poésie ! Par contre, le récit de Tiffany McDaniel n'est pas "too much", il n'est pas pire que ce que décrivaient Steinbeck et Caldwell, chacun dans un style différent. Il la réalité des familles pauvres, ostracisées par le racisme des riches blancs américains.
SupprimerCet enthousiasme que je lis partout provoque étrangement chez moi de la méfiance. On verra si je finis par craquer par curiosité, mais pour l'instant je ne suis pas tentée.
RépondreSupprimerJ'étais comme toi et il ne figurait pas dans la liste de souhaits pour la Noël. Et pourtant on me l'a offert et je ne l'ai pas regretté, au contraire !
SupprimerTu m as convaincue mais j en ai tout plein à lire avant!
RépondreSupprimerIl y a beaucoup de bons livres en ce moment !
Supprimerj'en ai lu beaucoup de bien, je finirais pas le tenter!
RépondreSupprimerOui! laisse-toi tenter ! C'est vraiment un livre intéressant, prenant !
SupprimerMais quand on aime on ne compte pas ! Il est des livres dont on retient beaucoup, d'autres seulement une phrase mais en général il y en a toujours au moins une à retenir d'un bon livre.
RépondreSupprimer"Betty", pour moi c'est un livre étrange d'Arnaldur Indridason qu'il ne faut pas "spolier" (voir ICI
C'est un Indridason que je n'ai pas encore lu !
SupprimerEn ce moment, je relis "La Clarinette" dernier livre paru de Vassilis Alexakis décédé lundi dernier
RépondreSupprimerJe ne connais pas La Clarinette ? Tu aimes ?
SupprimerJ'imagine que ces vécus si durs et difficiles sont adoucis par la poésie, ce qui est fait pour me plaire.
RépondreSupprimerEt puis tu es tentatrice en diable...merci!
Oui.. et non ! La réalité est bien là et elle nous submerge mais l'amour de Landon pour ses enfants ( de cet homme "né pour être père" comme le dit sa fille) est si beau qu'il permet de tenir le coup parce qu'il apporte de l'amour et non de la haine.
Supprimertrès hâte de le lire, ça ne devrait pas tarder... c'est vrai que cet incipit donne envie !
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