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jeudi 9 janvier 2025

Ivan Sergueïevitch Tourguéniev : Fantômes


 


Cette nouvelle de Tourguéniev laisse la part belle au fantastique et au rêve tout en s'achevant sur un sentiment très fort d'angoisse métaphysique.

Chaque nuit une belle jeune femme mystérieuse, éthérée, vient visiter le héros du récit, un jeune aristocrate, (Tourgueniev ? Le récit est à la première personne) et lui donne rendez-vous au pied d'un vieux chêne foudroyé. Là, la visiteuse nocturne, Ellys, dont il croit vaguement reconnaître les traits de ce visage évanescent, le transporte en volant comme un oiseau, dans des contrées lointaines aussi bien dans l'espace que dans le temps. Mais que ce soit en Italie où les armées de César ivres de carnage acclament leur empereur, que ce soit en Russie où la foule menée par le cosaque Stenka Razine contre la noblesse, se déchaîne, allumant incendies, violences et meurtres, que ce soit à Paris où la ville des lumières s'efface bien vite et devient la ville des prostituées, "de l'ignorance et des calembours faciles" et "des verres d'absinthe troubles", tout dans ces survols lui paraissent terrifiants, négatifs, terre à terre ou encore ridiculement petits et insignifiants.

 "Tout notre globe avec ses habitants éphémères, sa population infirme, écrasée par le besoin, le chagrin, la maladie, enchaînée à une masse de poussière méprisable; l'écorce fragile et rugueuse enveloppant ce grain de sable qu'est notre planète (...); les hommes- ces moucherons mille fois plus insignifiants que les vrais moustiques-; leurs habitacles modelés dans la boue, les traces imperceptibles de leur agitation monotone, de leur lutte ridicule contre l'inéluctable et le préétabli- tout cela me donnait subitement  la nausée..."

Mais peu à peu, le jeune homme constate que le visage d'Ellys devient plus consistant, plus visible, tandis que ses propres forces s'amenuisent et le narrateur s'interroge : Qui était-elle cette Ellys? Un fantôme? Une émanation du Malin ? Une sylphide ? Un vampire ? Par moments, il me semblait qu'elle était une femme que j'avais connue autrefois....". 

Je ne vous en dirai pas plus  !

Ou plutôt, je dirai que la force de Tourguéniev vient de ce qu'il retombe sur ses pieds dans cette haute voltige de voyages vertigineux et nous ramène à la plate réalité et au sentiment de la petitesse de l'homme.

PS :  Je viens de voir le récapitulatif de Bonnes nouvelles dans le blog de Je lis Je blogue alors que je pensais que le défi commençait en Janvier !  Je crois que j'ai tout faux !