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jeudi 31 mai 2018

Marie Redonnet : Héritières


Héritières de Marie Redonnet  ( Le Tripode. J’adore cette édition) regroupe trois livres parus dans les années 80  qui forment une trilogie. J’ai envie de dire un triptyque en référence aux images féminines qui naissent sous la plume de l’auteure, trois portraits de femmes qui ne sont liées ni par l’unité du lieu ou de l’époque, ni par la parenté ou l’amitié, elles ne se connaissent pas, mais sont réunies par une cohérence interne, inhérente au manque de sens de leur vie.
Ada, la propriétaire de Splendid hôtel, l’héroïne sans nom de Forever Valley et Mélie qui n’a pour nom de famille qu’un numéro dans Rose Mélie Rose  sont les trois personnages que nous allons suivre d’un livre à l’autre. La première a une famille, ses deux  soeurs,  mais c’est pour mieux ressentir combien elles lui sont étrangères; les deux autres ont été abandonnées à la naissance et élevées par une tierce personne. 
Et ces femmes sans identité vont avoir à lutter contre un environnement qui se délite, un monde qui disparaît et semble se dissoudre sous leurs pieds. Splendid Hôtel s’enfonce dans le marais à côté duquel il a été construit, Forever Valley sera englouti sous l’eau d’un barrage et l’île de Mélie est peu à peu désertée par les habitants qui partent sur le continent.
Pour ces trois femmes, et deux d’entre elles sont de très jeunes filles, qui tentent de survivre, la lutte est inégale. Elles sont la proie sexuelle de ceux qui profitent de leur simplicité et les victimes de ceux qui abusent de leur travail sans rien leur donner en échange. Et quand elles rencontrent l’amour, la mort est là, la Mort omniprésente, d’ailleurs, qui rôde autour d’elles. Malgré l’absurdité d’un monde qui paraît ne plus avoir de sens, elles s’obstinent à accomplir ce que l’on attend d’elles.. Il n’y a aucune révolte de leur part.

Vous allez dire que ces récits sont bien sombres et c’est vrai ! Mais ces personnage sont tellement attachants que l’on aime jusqu’à leur tristesse.
Le style de Marie Redonnet m’a surprise, au début, ces petites phrases courtes et sèches, cette économie de mots, cette sobriété et puis toutes ces répétitions... On comprend vite qu'elles reflètent les obsessions et les peurs des trois héroïnes qui racontent leur histoire à la première personne. Mais peu à peu le rythme de la phrase agit comme une antienne, lancinante et en même temps engourdissante,  de sorte que l'on ne peut plus se libérer. J'ai lu les trois livres en une nuit. Impossible de décrocher. Dans les trois récits, l’eau sournoise, inquiétante, l’eau qui sape et qui noie envahit la conscience. On se sent englué dans ces paysages, prisonnier de ces lieux en déliquescence, enfermé dans l’échec et le manque de sens de ces vies sacrifiées.
Triste, violent, absurde, l’univers des trois romans de Marie Redonnet, oui, mais envoûtants ces paysages de brouillards et de lagunes, de ruines et de tombes abandonnées, émouvantes ces fragiles silhouettes de femmes obstinées ! Une belle lecture et qui ne peut laisser indifférent !

mardi 29 mai 2018

Sophie Noël : Le projet Ours blanc


Le projet Ours blanc de Sophie Noël illustré par Anbleizdu est un roman d’une centaine de pages, à lire à partir de 9 ans. Je découvre avec ce livre cette petite maison d’édition si joliment nommée Vert Pomme qui s’adresse à la jeunesse. Basée en Normandie, elle propose aux enfants des thèmes liés à la nature et au développement durable. Des livres écolos, donc, BD, romans, pour les tout-petits de maternelle mais aussi pour les plus grands du primaire. Les livres sont suivis de petits dossiers très bien faits sur le thème abordé.



Dans Le projet Ours blanc, le récit aborde le réchauffement climatique responsable des maux dont souffrent la planète mais pas seulement puisqu’il participe à l’extinction des espèces animales et, en Arctique, de l’Ours polaire.



Le personnage principal de l’histoire est une petite fille Suzanne qui vit dans la baie d’Hudson, près du cercle polaire. Elle a deux amis, un petit garçon Sam et Vieux Jo, le conteur Inuit, magicien ou chaman qui connaît bien toutes les légendes du Nord et a gardé un contact étroit avec la nature et les animaux, un respect et un amour que les hommes ont oubliés depuis longtemps. Suzanne et Sam s’aperçoivent un jour que les ours affamés ont envahi leur ville au lieu de la traverser comme d’habitude pour se rendre à leur terrain de chasse, la banquise. La cause en est imputable au réchauffement qui empêche la glace de se former. Suzanne remarque alors une ourse blanche aux yeux verts, Wayuk, qui semble vouloir l’approcher et la désigner pour une mission particulière.  Qui est cette ourse extraordinaire ? Que demande-t-elle à la petite fille et à Sam ? Et quel est le projet scientifique mené par les parents des enfants?



Le thème écologique est bien mis à la portée des jeunes lecteurs car ils peuvent le découvrir à travers les aventures des enfants de leur âge. L’auteure part de la réalité concernant les dangers encourus par notre planète et les ours blancs en voie d’extinction puis elle emprunte à la magie et la poésie avec cette ourse blanche si belle née de l’aurore boréale, enfin elle finit sur une note optimiste. Elle fait appel aussi à la science-fiction mais comme il nous est dit dans le dossier qui suit le roman : de la science-fiction ? Plus pour très longtemps !
La première de couverture et les illustrations en noir et blanc  sont très agréables. Un bon roman pour la jeunesse qui traite d’un sujet sérieux tout en ménageant l’aventure et la magie.


Merci à Masse critique et aux éditions Vert Pomme 


samedi 26 mai 2018

Rudyard Kipling : La lumière qui s'éteint


L'auteur des mois d'Avril-Mai dans le blog Lecture-Ecriture était Rudyard Kipling. j'ai voulu choisir un roman que je n'avais pas lu et j'ai trouvé dans ebooks libre et gratuit celui-ci, dont je ne connaissais même pas le titre; Alors adjugé !

La lumière qui s’éteint publié en 1890 est le premier roman de Rudyard Kipling après la parution de plusieurs recueils de nouvelles.

William Barnes Wollen : Soudan  bataille d'Ondurman (1898)
Le personnage principal, Dick Heldar, est peintre tout comme son amie Maisie, mais l’un à du talent, l’autre n’en a pas. Dans leur enfance, tous les deux ont été pensionnaires de l’horrible madame Jenkins et l'amour de Dick pour Maisie lui permettait de supporter les brimades. Lorsqu’il la retrouve à Londres en revenant du Soudan où il a participé comme peintre à la guerre des Mahdistes contre les forces anglo-égytiennes, il lui avoue son amour auquel elle ne répond pas. Par contre, elle cherche à exploiter le talent du jeune homme et à obtenir des conseils, son ambition étant de réussir et  son but d'être exposée. Quand elle part en France étudier chez un professeur français, Dick, amoureux transi, l’attend. Mais il devient aveugle à cause d’une blessure reçue sur le champ de bataille. Il ne peut y avoir pire catastrophe pour un peintre ! Comment le jeune homme pourra-t-il survivre à une telle catastrophe et que va faire Maisie ? 

Kipling a mis beaucoup de lui-même dans cet écrit. Comme son personnage Dick Heldar, il a été envoyé en pension en Angleterre (il est né en Inde) où il a vécu une enfance malheureuse; comme Torpenhow, l’ami de Dick, il est journaliste et comme eux il a une idée de la grandeur de son pays qui passe par la guerre de conquête, le colonialisme. C’est un des aspects de l’oeuvre que ne m’a pas plu même si je ne pouvais m'attendre, je le reconnais, à autre chose de la part de Kipling. Comment s’intéresser à ces jeunes gens qui ne rêvent que bataille, expansionisme, que l’odeur de la poudre fait rêver…Comment supporter Dick, en particulier, qui affiche avec insolence sa prétention à la supériorité personnelle, de classe et de "race" ? De plus, ils (ou plutôt Kipling) sont misogynes, en particulier envers les femmes de classe inférieure mais pas seulement. Tous les personnages féminins ou presque ont le mauvais rôle dans ce roman, à part, peut-être la peintre, "l’impressionniste", nommée aussi cavalièrement "Cheveux rouges", à qui Kipling ne daignera pas donner de nom mais c'est parce qu'elle n'a pas d'importance et elle disparaîtra brusquement du roman. Je me demande même si Maisie ne nous est pas présentée comme antipathique parce qu’elle refuse de se fondre dans un moule, de se marier, d’être la femme dévouée (à l’homme !) telle qu’on l’attendait au XIX siècle ! Il faut dire qu'elle est d'une froideur et d'une insensibilité peu communes !
Toujours est-il que Dick et Maisie sont tous deux égoïstes, orgueilleux, entêtés, ambitieux dans leur quête, de l’argent pour l’un, de la gloire pour l’autre. Un aspect plus positif, pourtant, l’amour sincère et désintéressé de Dick pour Maisie et l’amitié profonde et dévouée qui unit les deux héros masculins.

Le roman est prétexte à une réflexion sur l’art, qui pour Dick/Kipling doit correspondre à un sentiment profond, à une urgence et non à une mode.
«Mais à partir du moment où nous nous mettons à penser aux applaudissements attendus, et à jouer notre rôle en regardant la galerie du coin de l’oeil, nous perdons toute valeur, toute force, toute habileté. »
« Dès que nous traitons légèrement notre art, en le faisant servir à nos propres fins, il nous trahit à son tour, et nous ne pouvons plus rien sans lui. »

Les conseils de Dick sont ceux d’un coloriste et son sens des couleurs qui refuse la réalité et voit au-delà, me rappellent - à tort ou à raison - les théories Nabis, de même que son dernier tableau qui a pour thème La Mélancolie
"Ce fut une joie pour Dick que Maisie pût voir les couleurs comme il les voyait lui-même, qu’elle distinguât le bleu dans le blanc du brouillard, le violet dans les palissades grises, toutes les choses enfin autrement qu’elles paraissent aux yeux non prévenus."

Nabisme : Sérusier, Eve bretonne ou la Mélancolie
Mais Dick illustre aussi, avec ses oeuvres ramenées du Soudan, le goût de l’orientalisme, de même que l’attrait des îles exotiques évoque l’oeuvre d’un Gauguin.

Paul Gauguin

 J’ai eu un peu de difficultés au début à entrer dans ce roman non seulement parce que je n’aimais pas les personnages mais aussi, parce que le récit me paraissait superficiel avec des personnages peu épais, et un style composé en grande partie de dialogues, ce qui me donnait l’impression un peu factice ne pas être dans la vraie vie mais sur une scène de théâtre.

Pourtant, je me suis laissée séduire peu à peu par les descriptions des pays exotiques que Dick, exalté, fait à Maisie. Elles ne manquent pas de beauté, jouent sur les contrastes de couleurs et sont très visuelles. Peut-être sont-elles le reflet des oeuvres picturales de Dick?
« Quand vous parvenez à votre île, vous la trouvez peuplée de molles et chaudes orchidées, de fleurs étranges et merveilleuses qui retrouvent leurs corolles comme des lèvres de femmes... Il y a une chute d’eau de trois cents pieds de hauteur, et c’est comme un colossal morceau de jade vert brodé d’argent."

"Que penseriez-vous d’une grande ville morte* bâtie en grès rouge avec des aloès poussant entre les pierres descellées. Cette métropole abandonnée s'étend sur des sables couleur de miel. Il y a quarante rois qui reposent dans ses hypogées, et chacun d’eux, Maisie, dort dans un tombeau plus splendide que ses prédécesseurs. Quand on voit ces palais, ces rues, ces maisons, ces réservoirs, on cherche des yeux les habitants; on se demande quels sont les hommes qui vivent au milieu de tant de merveilles, et l’on finit par apercevoir un être vivant, un seul : un tout petit écureuil gris, se frottant le nez avec sa patte au milieu de la place du marché."

*Fatehpur Sikri, ville du nord de l’Inde abandonnée en 1605 (source)
 
J’ai aussi été amusée par les rapports que les jeunes gens entretiennent entre eux et leurs jeux avec leur adorable petit chien, c’est bien vu et léger et nous fait rire même si les personnages apparaissent un peu comme des potaches immatures.

Puis, j’ai été prise par cette histoire quand elle devient tragique, tant Kipling, qui avait lui aussi peur de perdre la vue, rend palpable l’angoisse du peintre. Celui-ci, en devenant aveugle, perd aussi sa raison de vivre. La déréliction du jeune homme, le tragique de sa solitude, sa déchéance, son évolution cher payée vers un peu plus d’humanité et d’humilité, tout est décrit avec justesse et précision. Les personnages de Dick et de Maisie aussi, prennent alors plus de chair et de complexité et le récit baigne dans une atmosphère lourde que l’obscurité envahit peu à peu. J’ai donc fini par apprécier La lumière qui s’éteint mais je pense que ce n’est pas le meilleur roman de l’auteur.


jeudi 24 mai 2018

R.J. Ellory : Papillon de nuit



Si un thriller est, selon la définition du dictionnaire Larousse « un roman policier ou d’épouvante, à suspense et qui procure des sensations fortes », je ne placerai pas Papillon de nuit de R.J. Ellory dans ce genre - sauf peut-être par la surprise que révèle le dénouement- car ce serait réducteur.

« Papillon de nuit »  peut avoir plusieurs entrées et c’est pour cela qu’il se révèle riche et intéressant.  Il tient du roman historique puisqu’il se passe en 1982 avec un retour dans les années soixante aux Etats-Unis. On assiste à l’assassinat de Kennedy, à la lutte des noirs et de Martin Luther King pour conquérir les droits civiques et à la guerre du Vietnam et à son impact sur la jeunesse des années 60 et 70.
Il y a meurtre et, en ce sens, il est aussi policier :   Daniel est accusé d’avoir tué son meilleur ami, Nathan. Condamné, il est enfermé dans le couloir de la mort en Caroline du Sud, attend son exécution depuis des années et sait qu’elle est désormais imminente. Un prêtre qui est là pour l’aider devient son confident. C’est à lui qu’il va raconter sa vie et le drame qui l’a conduit là.

Roman psychologique, il est d’abord l’histoire d’une amitié qui naît dès l’enfance entre Daniel et Nathan, entre un blanc et un noir, dans une Amérique où le racisme s’exacerbe, le Ku Kux Klan  étend son pouvoir et fait régner la terreur. Tout en décrivant les hiérarchies sociales, les hiérarchies de race dans ces états du Sud corrodés par la haine, il montre l’évolution des jeunes enfants qui grandissent dans des milieux modestes et dont l’amitié perdure à l’adolescence et à l’âge adulte. Il analyse l’éveil de la sexualité, les émotions amoureuses, mais aussi les sentiments complexes qui les unissent, Daniel toujours un peu sous la domination de Nathan, la rivalité qui va naître entre les deux garçons, la jalousie éprouvée par Daniel à propos d’une jeune fille. 
Roman politique, social, il présente une critique virulente du racisme organisé en crime, de la guerre en général et de celle du Vietnam, en particulier. Il dénonce la responsabilité politique des dirigeants, corrompus, sans morale, qui envoient les jeunes se faire tuer pour rien. C’est aussi un vibrant réquisitoire contre la peine de mort et les pages qui racontent la vie des condamnés comme de ceux qui les surveillent, leurs gardiens, dans le couloir de la mort, en décrivent toute l’horreur et tiennent le lecteur en haleine.

Papillon de nuit, est de plus très bien écrit, il est addictif, et l’on a envie de ne pas le lâcher avant d’en savoir la fin.  Une bonne lecture.


mercredi 23 mai 2018

Clare Mackintosh : Je te vois



Comme des milliers de Londoniens, Zoe Walker emprunte quotidiennement le métro et feuillette le journal distribué sur le quai. Un matin, elle y découvre sa photo dans les petites annonces, sous l'adresse d'un site Internet. Qui a pris ce cliché à son insu ? Dans quel but ? Et puis, est-ce bien elle ? Sa famille n'en est guère convaincue. Zoe ne trouve qu'une oreille attentive : celle de Kelly Swift, un agent de la police du métro. Car une succession d'incidents étranges, puis le meurtre d’une femme qui avait également découvert sa propre photo dans le journal persuadent Kelly que quelqu'un surveille les moindres faits et gestes des passagères. Chacune de leur côté, Zoe et Kelly vont lutter contre cet ennemi invisible et omniprésent. (résumé quatrième de couverture)

Pour me reposer un peu des lectures graves et des sujets noirs traités par la littérature des pays de l’Est, lors du challenge du mois d’Avril d’Eva, Patrice et Goran, j’ai commencé début mai par lire un thriller que je ne vous présente que maintenant, faute de temps !
C’est  « Je te vois » de Clare Macintosh, auteure anglaise, dont j’ai déjà lu l’intéressant Te laisser partir.

C’est le genre de livre à l’intrigue bien construite et bien écrite qui relance sans cesse le suspense et nous fait partager l’angoisse des personnages. On a peine à interrompre sa lecture tellement l’on veut savoir ce qui va se passer, si les femmes traquées vont s’en sortir et bien sûr, quel est le pervers particulièrement intelligent et machiavélique qui est derrière ce cauchemar.
Les personnages féminins surtout, sont très intéressants et nous nous attachons à elles, Zoé et sa fille Kathie, l’agent de police Kelly. Nous les voyons dans leur vie quotidienne, pas toujours facile, avec leurs problèmes de travail, de patron, de mari et d’enfants. Et cela les rend très proches de nous. C’est une société dans laquelle nous pouvons nous retrouver c’est pourquoi le livre fonctionne si bien. Attention ! comme dans son premier livre, Clare Mackintsh vous réserve une surprise au dénouement !

Nota : Vous allez me dire que chercher à se reposer et à se changer les idées en lisant un thriller -surtout s’il est réussi - c’est une bien mauvaise idée. Et bien non ! Un livre comme celui-ci parle, bien sûr, de l’existence du Mal, mais le lecteur sait que si celui-ci existe, il est pour l’instant théorique. D’accord, les personnages sont en danger mais nous sommes bien à l’abri dans notre fauteuil ou notre lit douillet ! C’est comme adorer les lectures qui nous plongent dans le Grand Nord, au milieu des forêts sauvages, du blizzard et des loups affamés, quand on est à côté d’un bon feu ronflant !
Par contre, quand on lit la plupart des livres des pays de l’Est, envahis, occupés, détruits, ravagés par la haine des hommes, là, il n’y a aucun échappatoire !

lundi 21 mai 2018

Emile Zola : La débâcle


La débâcle d’Emile Zola paraît en 1892. C’est le dix-neuvième volume des Rougon Macquart qui commence avec le coup d’état de Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, et raconte l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire.
Si Le docteur Pascal est le vingtième et dernier volume des Rougon Macquart et clôt l’histoire de la famille, on peut dire que La débâcle, clôt l’histoire du second empire puisque le roman conte la défaite de l’armée française à Sedan pendant la guerre franco-allemande de 1870, la chute de Napoléon III et l’avènement de la Troisième république le 4 septembre 1870. Le roman se termine avec la Commune  qui règlera le destin des deux personnages principaux, mais je ne vous en dis pas plus.

Le caporal Jean Macquart, dont nous avions fait connaissance dans La Terre et Maurice Levasseur, avocat, sont les deux personnages principaux du roman. Autour d’eux gravitent leurs camarades de combat, la famille et les amis de Maurice. Nous allons suivre pas à pas le combat désastreux qui, sous le commandement d’officiers incompétents, amène l’armée française au fond de la cuvette de Sedan. Un lieu qui deviendra le théâtre de la plus grande boucherie du XIX siècle. Encerclé par les prussiens munis de canons plus puissants que ceux des français, pris au piège, dans l’impossibilité de faire retraite, les soldats français seront décimés.

Emile Zola dresse ici un réquisitoire implacable de la guerre dont il décrit toutes les horreurs, les absurdités et l’inutilité. Rigoureusement documenté, comme toujours, Zola a de plus récolté des témoignages oraux, a suivi pas à pas, lors de son voyage à Sedan, toutes les étapes vécues par l’armée française dans cette marche vers la mort. Il décrit les différents mouvements des troupes sur les ordres d’officiers qui ne connaissent pas le pays, qui se déchirent entre eux et donnent des ordres contradictoires, se révélant incapables de concevoir une stratégie intelligente. La souffrance des soldats est atroce. Peu entraînés, ils ne disposent pas du matériel militaire adéquat. Pire, on ne leur donne pas suffisamment de nourriture et ils doivent marcher et combattre le ventre vide, accumulant les heures sans sommeil, la fatigue, et tout ceci dans la boue, les vêtements rendus encore plus lourds par la pluie !  

Bataille de Sedan source
Je dois avouer que j’ai parfois trouvé fastidieuse la description minutieuse des mouvements de l’armée, des hésitations des chefs, des avancées, des revirements. J’ai essayé de suivre sur la carte mais j’ai fini par abandonner. Mieux vaut se laisser porter par le style de Zola, son ampleur, sa force, lorsqu’il nous plonge au coeur de la tourmente, dans le fracas des obus, le déchirement des chairs, le sang et la douleur. C’est du très grand art, des images fulgurantes, d’une acuité extraordinaire. Et au-dessus de la mêlée l’apparition de l’Empereur à cheval, malade, tel un spectre, conscient qu’il envoie ses soldats à la boucherie pour sauver son trône.
On peut comprendre, après une telle oeuvre (et avant l’affaire Dreyfus), que Zola ne se soit pas fait que des amis dans l’armée et la bourgeoisie française et que, après sa mort, Barrès et Compagnie aient essayé d’interdire à ses cendres l’accès au Panthéon.
Les personnages participent à l’intérêt du roman et lui donne une dimension sociale et politique. Zola oppose Jean, l’homme du peuple illettré, le paysan simple et sans prétentions, à Maurice, le bourgeois cultivé, très imbu de sa position sociale. Entre eux, ennemis de classe à priori, va naître une amitié profonde et sincère. L’un, avec son bon sens populaire, son rationalisme et son expérience de l’armée, va être le protecteur du frêle Maurice, aux nerfs de femme (oui! dixit Zola), en proie à des tourments moraux et philosophiques; Maurice, symbole de la déliquescence de "la race" en comparaison avec la bravoure des soldats de Napoléon Ier, ce qui explique la décadence de la France.
L’amitié est donc possible entre ces deux hommes? Oui, même si plus tard, ils se retrouveront dans des camps opposés.
La soeur de Maurice, Henriette, représente la femme parfaite selon le XIX siècle, dévouée à son frère et son époux et qui, par amour, est toujours prête à se sacrifier. Sylvine et Honoré, ce dernier cousin de Maurice, forment un couple étonnant pour l’époque, dont l’amour triompherait des codes sociaux et moraux si ce n’était la guerre.

bataille de Bazeilles (source)
J’adore Zola parce que son style me transporte et me touche. Je ne cesserai de noter son habileté à muer le détail en vision épique. Ainsi cette petite corbeille de marguerites située à l’entrée de l’ambulance où l’on opère les blessés et qui se teinte de rouge en recevant les seaux de sang après chaque opération; elle finit par devenir aux yeux du lecteur un océan qui submerge un Monde en train de disparaître.
Zola, grand maître de son art, multiplie les points de vue. J’allais dire les prises de vue - tel un cinéaste - car il a vocation à faire naître des images.. Nous sommes parfois au ras du sol, à rase campagne dans un champ de bataille abandonné :
« Les débris dont le sol était semé disait les épisodes de la lutte. Dans un champ de betteraves des képis épars, semblables à de larges coquelicots, des lambeaux d’uniformes, des épaulettes, des ceinturons, racontaient un contact farouche, un des rares corps à cours du duel d’artillerie qui avait duré douze heures. Mais surtout, ce qu’on heurtait à chaque pas, c’étaient des débris d’armes, de sabres, de baïonnettes, des chassepots, en si grand nombre, qu’ils semblaient être une végétation de la terre, une moisson qui aurait poussé en un jour abominable. »
ou au contraire en hauteur, sur une colline boisée, avec le roi de Prusse, Guillaume, qui contemple le carnage comme s’il s’agissait d’une joyeuse bataille de petits soldats de plomb :
« La Meuse aux lents détours, n’était plus, sous cette lumière frisante, qu’une rivière d’or fin. Et la bataille atroce, souillée de sang, devenait une peinture délicate, vue de si haut, sous l’adieu du soleil; des cavaliers morts, des chevaux éventrés semaient le plateau de Floing de taches gaies; vers la droite du côté de Givonne, les dernières bousculades de la retraite amusaient l’oeil du tourbillon de ces points noirs, courant, se culbutant; tandis que, dans la presqu’île d’Iges, à gauche, une batterie bavaroise, avec ses canons gros comme des allumettes, avait l’air d’un pièce mécanique bien montée, tellement la manoeuvre pouvait se suivre, d’une régularité d’horlogerie. »

La débâcle est donc un grand roman qui, prolixe en détails même les plus infimes, offre aussi une vision d’ensemble grandiose. L’auteur semble s’élever et nous avec lui, au-dessus de ce champ de bataille, pour nous présenter un monde en train de mourir et qui en annonce un autre.


Lecture commune avec 

dimanche 20 mai 2018

Prague : Notre-Dame de Lorette

Notre-Dame de Lorette
Notre-Dame de Lorette est une des grandes églises baroques de Prague. Elle est située près du château et non loin du monastère Strahov sur la place Loretánské (náměstí). Elle a été bâtie en 1626 sur les ordres de la famille Lobkowicz qui voulait faire édifier une réplique de la maison de la Vierge de Loreto, près d'Ancône, en Italie.
La Santa Casa ou maison de la Vierge, selon la légende, fut transportée par des Anges, de la Palestine en Italie, en une seule nuit de décembre 1294.
Notre-Dame de Lorette

Notre-Dame de Lorette (façade)

La Notre-Dame de Lorette de Prague est vite devenue un grand pèlerinage marial.  L'ensemble est administré par l’ordre des Capucins et comprend l’église de la Nativité achevée par l’architecte baroque Kilian Ignac Dientzenhofer vers 1735, le monastère, les cloîtres et les chapelles. Les fresques de Václav Vavřinec Rainer sont une copie fidèle de la Lorette italienne.
Installée dans le cloître, la maison de la Vierge, aux murs intérieurs très simples, décorés de fresques en partie effacées, est enchassée dans des murs extérieur richement décorés.

Le cloître

Le cloître  : La maison de la Vierge (extérieur)

La Maison de la Vierge (intérieur)

Fresques de la Maison de la Vierge

Le cloître : fresques

Tableau du cloître : jeux de reflets

Fresque du cloître :
La maison transportée en bateau est une autre version plus réaliste (les Anges n'y sont pour rien) du voyage de la Palestine en Italie !

Eglise baroque de la Nativité

Eglise baroque de la Nativité (détail)

Eglise baroque de la Nativité

L'église de la Nativité : les orgues

L'église de la Nativité : la coupole


L'église de la Nativité (détail)


Maison de la Vierge, Eglise de la Nativité, cloître, vus du premier étage

Vue sur une chapelle
Le trésor de l'église  situé au premier étage est célèbre car il comprend un ostensoir de la fin du XVII siècle connu sous le nom de Le soleil de Prague. Il est orné de 6222 diamants provenant de la robe de mariage de la comtesse Kolowrat qui les a ensuite consacrés à la décoration de l'ostensoir.
Je n'ai pas entendu le fameux carillon composé  de 27 cloches !


Le soleil de Prague (source)

mercredi 16 mai 2018

Sylvie Germain : La pleurante des rues de Prague



Sylvie Germain :  La pleurante des rues de Prague

" Cette inconnue, qui donc est-elle ? Une vision, elle-même porteuse, semeuse de visions. Une vision avare de ses apparitions. Elle ne s'est montrée que peu de fois, et toujours très brièvement. Mais chaque fois sa présence fut extrême. Une vision liée à un lieu, émanée des pierres d'une ville. Sa ville - Prague. Jamais elle n'a paru ailleurs, bien que certainement elle en ait le pouvoir. Cette femme n'a ni nom, ni âge ni visage. Peut-être en a-t-elle, mais elle les tient cachés. Son corps est majestueux et inquiétant. Elle est immense, une géante. Et elle boite fortement. " (Quatrième de couverture)

Dans le livre de Sylvie Germain, la pleurante, cette géante qui apparaît au milieu des brumes du fleuve dans Prague la mystérieuse est l’Allégorie de la Souffrance et de la Mort qui hante la ville et son passé. La narratrice la rencontre partout, dans les différents quartiers de Prague; elle n’est qu’une vision toujours solitaire, une apparition qui représente toute la tragédie du monde, non un corps mais une « immatérielle »« une pleurante » gonflée de larmes, habitée des gémissements, qui « boite sans fin entre deux mondes, celui du visible et celui de l’invisible, celui du présent et du passé, celui de la chair et du souffle et celui de la poussière et du silence. Elle louvoie d’un monde à l’autre, - passeuse clandestine de larmes mêlées, celles des disparus et celles de vivants. »

En général, j’aime le style poétique de Sylvie Germain et sa façon d’introduire le fantastique au milieu du réel. Mais là, et j’en ai été la première surprise, je n’ai pas du tout était séduite par sa pleurante ! Le personnage lui-même, pas ce qui tourne autour d’elle. Il m’a semblé que chaque fois qu’elle apparaissait, cette vision sonnait faux, trop littéraire au sens péjoratif du terme, c’est à dire d’artificiel et d’apprêté.
Je n’y peux rien et je me suis demandée pourquoi ? Peut-être parce que la pleurante ne correspond plus à cette cité telle que je viens de la voir lors de mon second voyage à Prague en ce mois de mai 2018, plus de dix sept ans après mon premier séjour. Cette ville trop bondée, bruyante, vouée au commerce, ce trop plein de boutiques que l’on retrouve maintenant presque partout en Europe, cette ville pourtant riche, belle, unique, mais qui perd ainsi beaucoup de son âme.
photographe:  Roman Vischniac

Mais il y a bien des aspects du livre que j’ai appréciés : les description de la ville sous le brouillard, dans le givre et le gel ou sous le parfum des lilas… les personnages ranimés par la voix de la pleurante m’ont touchée et là, je me suis laissé emportée par le récit : celui de Bruno Schulz, écrivain, dessinateur mort dans le ghetto de Drohobicz, celui du père de la narratrice, mourant, de la petite Sarah sur la photo de Roman Vischniac, du cygne dansant au bord de l’eau, de la nouvelle de Kafka A cheval sur un tas de charbon …. De très beaux passages écrits avec sensibilité et poésie. 


"A Prague, dès la fin de l'automne et pendant tout l'hiver, la brume a une odeur, et même une consistance. Certains soirs elle se fait presque palpable tant elle est dense et ocrée. Les fumées de la ville gonflent et teintent la brume, la poussière du lignite flotte dans l'air avec un goût âpre, et suave cependant. Les villes comme les corps ont une odeur. Ont une peau."


Prague : Château et cathédrale Saint-Guy

Prague vue du château
 

lundi 14 mai 2018

Prague : La Galerie nationale et le palais Sternberg

La place Hradčanské et une entrée du château

La Narodni Galery ou Galerie nationale* de Prague présente plusieurs musées sur la place Hradčanské (ou place du Château) située sur la colline Pétrin, à proximité de l’église Notre-Dame de Loretta et non loin du monastère Strahov.

Sur cette immense place, se trouvent, en effet, trois musées de la Galerie Nationale dont deux que je n'ai pas eu le temps de visiter :

Le palais Salm et le palais Schwazenberg 

 

Le musée Salm, à gauche, le musée Schwazenberg à droite, et la colonne de la Peste

Le Palais Salm, en face du palais Sternberg  sur la place Hradčanské expose l’art du XIX siècle du néoclassicisme au romantisme.
Des expositions temporaires ont lieu au rez-de-chaussée.

Le palais Schwazenberg  présente l'art Baroque et le maniérisme
C'est un immense un bâtiment  de style Renaissance et dont la façade est ornée de sgraffites en pointes de diamants évoquant les palais de la Renaissance florentine. Il a été entièrement rénové, et abrite actuellement une exposition permanente de la Galerie nationale de Prague.

Le palais Sternberg

Palais archiépiscopal

Ruelle menant au palais Sternberg

Le musée du palais Sternberg est bien caché. Il faut emprunter cette ruelle qui passe sur le côté du palais archiépiscopal pour trouver l'entrée !
Le palais Sternberg bâti par le comte Wenzel Adalbert Sternberg  au début du 18e siècle, témoigne de l’architecture baroque en Bohême. Théoriquement, on nous dit que le musée accueille sur plusieurs étages, des collections d’art nationales couvrant une période allant de la Grèce et la Rome antiques jusqu'à la fin du baroque. 
Personnellement, je n'ai pu visiter que le premier étage avec, il est vrai, de belles oeuvres présentant la Renaissance italienne du XV et XVI siècle, la peinture flamande et hollandaise du XVI au XVII siècle.

Quant au palais, lui-même,  nous n'avons pas pu le voir ni le parc qui a l'air fort beau.

Palais Sternberg  (source)

 Les oeuvres du palais Sternberg 


Les italiens

Andrea Della Robbia (1435_1525) Florence
 Dès la montée des escaliers, on aperçoit cette céramique d'Andrea Della Robbia (1435_1525), neveu de Luca della Robbia, fondateur d'un atelier à Florence de terracotta invetriata, céramique vernissée ou émaillée.


Donatello (1386_1466) (Florence)
 Et puis ce bas-relief de Donatello (1386_1466) sur lequel la Vierge et Jésus apparaissent dans une relation d'amour et de tendresse, comme une mère et un enfant sans allusion à leur divinité.

Andrea di Giusto (1424_1450)
La Vierge et l'enfant d'Andrea di Giusto,  plus emblématique, fils et mère de dieu, entourés d'anges.


Andrea Giusto (détail)(Toscane)
 Il s'agit d'une vierge à la grenade :  éclatée, la grenade avec ses grains  apparents représentent la charité et les dons de l'amour généreux.

 Le Jugement de Paris (1441-1476) Florence

Anton Francesco di Giovanni dello Scheggia avec Le jugement de Paris  présente, à côté du thème religieux, le thème mythologique. Paris tient la pomme d'or qu'il va donner à Aphrodite et obtiendra l'amour de la plus belle mortelle, Hélène. 

Di Giovanni  dello Scheggia  L'enlèvement d'Hélène (Florence)

Pasqualino Veneto (Venise 1496-1504)
Marie-Madeleine (détail)
Giampetrini : Sainte Marie Madeleine



 Une des oeuvres les plus célèbres du musée : Eleonora da Toledo, noble espagnole, fille du vice-roi de Naples,  a épousé Cosme 1er de Médicis. Elle a été peinte à plusieurs reprises, elle, son mari ou ses enfants, par le peintre officiel de la cour des Médicis, Agnolo Bronzino.

Agnolo Bronzino : Eleonora da Toledo

Les flamands et hollandais

 

Mabusse (1478-1532) : Saint Luc dessinant la Vierge

Saint Luc dessinant la Vierge de Jan Gossaert appelé Mabusse, né à Maubeuge et mort à Anvers,  est un tableau illustrant la peinture flamande dans le style italianisant d'Anvers dont Mabusse est le précurseur et dans lequel il allie l'héritage technique des primitifs flamands aux nouveautés de la Renaissance italienne.

Mabusse: détail

Cornélis Engebrechtsz : 1468-1527
Cornélis Engebrechtsz est un peintre hollandais d'origine flamande. Il a été formé à Anvers mais il a exercé surtout dans la ville de Leyde.


Cornélis Engebrechtsz : la crucifixion (détail)

Hans Bol scène de village (1534_1595)
 Hans Bol est un peintre flamande de la Renaissance, dessinateur, graveur et cartonnier de tapisseries. Il est né à Malines en 1534 et mort à Amsterdam en 1593.

Jan Sanders Van Hamessen : La mariée en pleurs (1540)

Jan Sanders Van Hamessen, peintre flamand, né près d'Anvers, se révèle être satirique dans ce tableau. Le thème de la mariée malgré elle et en pleurs est courant  mais Jan Van Hamessen le traitre ici de manière caricaturale. La mariée est, en fait un homme; notez ces deux grosses mains jointes et, détail réaliste,  de la morve coule de son nez.


Pieter de Bloot : Paysage 1601-1658

Pieter de Bloot, peintre hollandais du XVII siècle, est connu pour ses tableaux de paysages. Ici il donne un effet de profondeur étonnant en suggérant le tracé sinueux d'un ruisseau qui contourne une dune.


Esaias Van de Velde 1587-1630 Amsterdam/ La Hague
Le sujet Les plaisirs de l'hiver est un thème récurrent dans la peinture hollandaise. Esaias Van de Velde décrit ces plaisirs, patinage, traîneau, golf, promenade à cheval dans un cadre qui rappelle vaguement l'extérieur de la ville de Delft.


Rembrandt 1606-1669 Leiden/ Amsterdam
Ce très beau portrait de Rembrandt représente un savant, somptueusement vêtu, imposant, devant ses livres d'étude. Le tableau de 1634 témoigne de l'ambition artistique du jeune peintre et de sa maîtrise des jeux de lumière, et du rendu des matières , velours, fourrure et cuir.


Aert de Gelder : Vertumnus et Pomona 1645/1727 Dordrecht

Aert de Gelder est le dernier élève de Rembrand et a témoigné toute sa vie, dans sa peinture, de la manière de son maître. Ici, il choisit une scène tirée des Métamorphoses d'Ovide qui raconte la séduction de Pomona, la nymphe des jardins, des fruits et des fleurs, par Vertumnus métamorphosé en vieille femme pour gagner la confiance de la jeune femme. Vertumnus est le dieu des jardins et des vergers. Il parviendra à se faire aimer par Pomona sous sa vraie apparence et leur union sera indéfectible.


Aert de Gelder détail

Gerard Ter Borch : Gertrude Marienburg
Gerard Ter Broch dit le Jeune est né à Zwolle en 1617 et est mort à Deventer en 1681. Il fut l'élève de son père Gerard Ter Bor le Vieux. Il a certainement été marqué par Rembrandt lors d'un séjour à Amsterdam. Lui--même a été le maître de Caspar Nescher et a  influencé Metsu, Veemeer. Gerard Ter Borch est un portraitiste de talent qui n'a pas son pareil pour suggérer la douceur et la lumière d'une étoffe ou d'une fourrure.

J'ai beaucoup aimé ce musée, il y quelques grandes oeuvres  et beaucoup de  moins célèbres que j'ai découvertes avec plaisir. J'ai aimé aussi  les murs et les plafonds décorés de belles fresques et la solitude et le calme de cette visite qui permettent de goûter les oeuvres paisiblement, à deux pas du bruit et de la foule.




J'ai remarqué aussi deux oeuvres russes qui m'ont beaucoup plu.



Cette icône du Nord de la Russie date de la fin du XV siècle; elle représente l'ascension du prophète Elijah dans un chariot de feu.



L'entrée du Christ à Jérusalem, Moscou, peinture de la seconde moitié du XVI siècle.




*Nota
Les musées d’art regroupés sous le nom de Narodni Galery  (Galerie Nationale) sont disséminés dans la ville. A ne pas confondre  avec le  Narodni Muzéum (Musée national) située sur la place Vencelas abritant des collections d’histoire et de sciences.