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lundi 18 janvier 2016

Elizabeth McGregor : la jeune fille au miroir vert



Le titre du livre de Elizabeth McGregor La jeune fille au miroir vert fait allusion à un personnage d’un étrange tableau de Richard Dadd, peintre de l’époque victorienne, intitulé The fairy feller’s master stroke.

Cet artiste est en fait au centre du roman : on le voit peindre dans l’asile où il est enfermé, c’est lui qui rapproche, dans le présent, les deux personnages, Catherine et John, unis par l’amour de l’art.
Catherine, en effet, est une experte en art, à la recherche de tableaux et d’objets pour sa galerie de vente. L’engouement de Catherine pour Richard Dadd  a son origine dans une visite à la Tate Galery quand elle aperçoit le tableau dont le personnage donne son titre au roman. Elle devient, au cours de ses études, une spécialiste de Richard Dadd.
Peu après son divorce elle rencontre John, un architecte, dont elle va tomber amoureuse. Lui aussi a des liens profonds avec le peintre victorien. Le personnage détient des secrets sur Dadd, ce qui va permettre de piquer la curiosité de Catherine et aussi du lecteur. 

Le roman est construit en alternance entre le présent et l’époque victorienne qui permet de découvrir la vie et l’oeuvre de cet artiste hors norme.

Richard Dadd

Photo de Richard Dadd à l'asile
Photo de Richard Dadd à l'asile

Richard Dadd, atteint de troubles mentaux, a passé la majeure partie de sa vie dans un asile où il a été interné en 1844 après avoir tué son père. Il obéissait à la voix d’Osiris qui lui ordonnait de le tuer. C’est à l’asile qu’il a continué son oeuvre. Il y peint des personnages étranges du monde des fées et du Petit Peuple mais aussi des portraits, des scènes illustrant les pièces de Shakespeare, des paysages, souvenirs de ce voyage en Orient, en particulier en Egypte, d’où il n’est revenu que pour sombrer dans la folie. Toute son oeuvre porte l’empreinte du meurtre initial et reflète l’univers mental qui est le sien, soit qu’il cherche à s’en échapper, soit que ses fantasmes et ses visions le hantent.

Le roman est un témoignage de la vie dans un asile dans le milieu du XIX siècle et de l’impuissance de la psychiatrie qui n’en est qu’à son balbutiement. Le bain froid qui laisse le malade transi et à moitié noyé est une  thérapie bien inefficace mais est une des moindres violences que subit Richard Dadd. Dans le premier établissement, il est enfermé dans une cage, la nuit, et laissé pendant la journée, entassé avec tous les autres, dans un couloir long de trente mètres éclairé seulement pas une fenêtre à chaque extrémité!
« Prisonnier de ces cages résonnant de hurlements, de ce labyrinthe de couloirs et de cellules où divaguaient les âmes, profitant du rai de lumière qui tombait de minuscules fenêtres placées haut sur le mur, Dadd a peint la Syrie, Louxor, Damas. »
C’est aussi à une plongée dans l’oeuvre de cet artiste, à l’analyse de ses tableaux, que Elizabeth McGregor nous convie. Elle met en lumière les relations entre la maladie mentale du peintre et les thèmes qui le hantent.
 Pour ma part, c’est cet aspect du roman que j’ai vraiment apprécié. L’histoire du couple contemporain m’a moins intéressée si ce n’est dans leurs rapports avec l’artiste victorien.

De quelques tableaux commentés par Elizabeth McGregor

The fairy feller’s master stroke.

Londres Richard  Dad : The fairy feller’s master stroke.  Tate gallery
Richard  Dad : The fairy feller’s master stroke.
C’était un petit tableau, d’une trentaine de centimètres environ,  d’un vert intense, intitulé The fairy Feller’s Master Stroke. Juste sous le centre du tableau se tenait un homme de dos, qui soulevait une hache. Par terre devant lui, on distinguait une tache ovale au-dessus de laquelle la lame de la hache dessinait un rectangle doré, l’un des seuls détails de vert et brun.
 Parmi elle on distinguait des pirates, des nains, des libellules, des visages et des mains difformes; des pieds minuscules, des jambes grotesques, des ailes repliées dans le dos de certains personnages. Des satyres embusqués dans le sous-bois touffu : un homme assis presque sous la lame. Des courtisans de toute espèce -insectes, êtres humains- étaient réunis autour d’un couple royal.
Elle relut le titre.  The fairy Feller’s Master Stroke. Le coup de maître du coupeur de fées.
L’espace d’un instant, elle se demanda si le vieil homme était la victime, avant d’apercevoir la forme sombre sur le sol. C’était une noisette ou une faine placée de sorte que la hache la casse en deux en tombant. Coup de maître, en effet, que de la fendre en un seul geste.




Richard  Dad : The fairy feller’s master stroke.détail
Richard  Dad : The fairy feller’s master stroke.détail

Hatred et Murder

Richard Dadd : Murder   Caïen terrassant Abel
Richard Dadd : Murder

 Il avait peint ces deux esquisses à quelque séjours d’intervalle. Elles étaient inséparables, mêlées, attachées l’une à l’autre dans son esprit. Murder, le meutre, avait été facile à peindre. Son pinceau courait sur la toile. Caïn se tenait au-dessus du corps d’Abel, un bâton à la main, leur deux corps n’en faisant pratiquement qu’un.
Richard Dadd  : Hatred

 Voici de quoi il n’avait jamais pu parler, pas même à Mr Hood qui s’était montré si compréhensif pour son travail. Son père et lui étaient unis comme les deux frères de la bible, une union scellée à jamais par un moment terrible.  Il se tenait au-dessus du corps de son père, attaché à lui à plus d’un titre par les liens du sang.  Il pensait souvent à cela : la main sur le poignard, le poignard contre la gorge. 
Ainsi vont les liens familiaux : étrangler, unir, tuer.



 

Contradiction

Richard Dadd : Contradiction détail la reine Titiana
Richard Dadd : Contradiction (détail) Titiana
Il n’arrivait pas à l’aimer. Sa Titiana était statique, bouffie d’avidité, repue de désir physique. (…) Elle incarnait la colère, était au coeur du différent entre le roi et la reine des fées. Il la détestait avec de plus en plus de force, éprouvait un besoin grandissant de se libérer d’elle. Et pourtant elle vivait là au centre de son esprit, vêtue d’une robe jaune d’or et d’une cape à traîne et incarnait toutes les difformités, tous les détails, tous les objets qui étaient venus le posséder. Il voulait se libérer d’elle. Il voulait se précipiter dehors et respirer l’air frais.

Richard Dadd : Contradiction
Richard Dadd : Contradiction

La vie de Richard Dadd

Richard Dadd

  "Richard Dadd est né à Chatham, Kent, en Angleterre. Son père était un chimiste. Ses dons pour le dessin s dès son plus jeune un âge, l'a conduit à l'Académie royale des beaux-arts à l'âge de 20 ans. Avec William Powell Frith, Augustus Egg, Henry O'Neil et d'autres, il fonde La Clique, dont il a été généralement considéré comme le principal talent.

En juillet 1842, Sir Thomas Phillips, l'ancien maire de Newport, a choisi Dadd pour l'accompagner, en tant que rapporteur, lors d'une expédition de l'Europe à la Grèce, Turquie, sud de la Syrie et enfin l'Egypte. En novembre de la même année, ils ont vécu une épuisante  expérience de deux semaines dans le sud de la Syrie, passant de Jérusalem à Jordan et retour à travers le désert d'Engaddi. Vers la fin de décembre, alors qu'il voyageait le Nil en bateau, Dadd a subi un changement de personnalité dramatique,  délirant et devenant de plus en plus violent. Il  croyait être sous l'influence du Dieu égyptien Osiris lui-même. Son état a été d'abord fait penser à coup de soleil.
À son retour au printemps 1843, il a été diagnostiqué comme sain d'esprit et a été accueilli par sa famille pour un repos dans le village de campagne de Cobham, Kent. En août de la même année, après avoir acquis la conviction que son père était le diable, Dadd le tua avec un couteau et s'enfuit pour la France. En route vers Paris, Dadd a tenté de tuer un autre touriste avec un rasoir, mais a été maîtrisé et arrêté par la police. Dadd avoue le meurtre de son père, est ramené en Angleterre, où il est enfermé  au département criminel de l'hôpital psychiatrique de Bethlem (également connu sous le nom de Bedlam). Là, puis à l'hôpital de Broadmoor nouvellement créé, Dadd a été pris en charge et encouragé à continuer la peinture par les Drs William Wood et Sir W. Charles Hood, médecins éclairés.
Dadd souffrait probablement d'une forme de schizophrénie paranoïde. Il semble avoir été génétiquement prédisposé à la maladie mentale ; deux de ses frères et sœurs étaient atteints de la même façon, alors qu'un troisième avait « un accompagnateur privé » pour des raisons inconnues." (source : wikipédia)

études de son  voyage en Orient

dimanche 17 janvier 2016

Nicolas Vanier : Loup.



Toujours dans la catégorie : je-veux-des-romans-faciles avec des aventures qui se déroulent dans des pays enneigés, aux conditions climatiques extrêmes, (surtout si je suis au coin de la cheminée!) j’ai choisi  le livre de  Nicolas Vanier intitulé : Loup. 

Répartition des peuples Evènes

Le récit transporte le lecteur en plein coeur de la Sibérie pour partager la vie d’un peuple nomade, les Evènes, éleveurs de rennes attachés à leurs traditions ancestrales. Pour eux, l’ennemi suprême, c’est le loup qui ravage leurs troupeaux. Aussi Sergueï, jeune Evène de 17 ans, est très fier de se voir confier la tâche de gardien des rennes, ce qui est un hommage à ses compétences et son sérieux.
Pourtant, contre toute attente, Sergueï va se sentir ému par une portée de louveteaux, se faire accepter par eux et devenir leur ami. Il sera alors chassé de sa tribu, séparé de sa fiancée, et vivra en solitaire dans la forêt où il affrontera l’hiver sibérien. Ceci jusqu’au jour où un hélicoptère arrive dans la forêt apportant des hommes qui n’ont aucun respect pour la nature : chasse aux trophées, destruction des troupeaux qui assuraient jusqu’alors la survie des peuples nomades, défrichement des forêts. Sergueï va se révolter. Parviendra-t-il à éloigner le danger qui menace son peuple et le pays qu’il aime?

Femmes Evènes au début du XX siècle

Un récit classique, bien mené, dont l’aspect le plus intéressant me paraît être la découverte des coutumes de ce peuple nomade, de sa mentalité et la description des moyens de survie dans un climat extrême. L’introduction d’un étranger perdu dans cet univers hostile, que Sergueï va prendre en charge et sauver, permet à Nicolas Vanier de dénoncer les prétentions de ces peuples qui se disent « civilisés » et les insuffisances de la technologie face à la nature!
La lutte contre le monde moderne et le combat écologique sont un peu trop simplistes et utopistes mais le lecteur ne boude pas son plaisir! Il est heureux de voir Sergueï et les siens triompher même l’on sait bien qui l’emportera à la longue quand il est question d’intérêts économiques!

Un roman écolo, agréable à lire, pour de jeunes ados qui, je pense, pourront se passionner pour l'histoire d'amitié avec les loups et pour l'histoire d'amour de Sergueï et sa fiancée venue d'un autre clan. Quant au film ( très écourté par rapport au roman) avec ses belles images, ses paysages enneigés, ses aurores boréales, ses bons sentiments et sa fin heureuse, il est idéal pour les enfants même tout jeunes comme ma petite fille Léonie. Elle a pris avec véhémence le parti des loups! Une bonne chose, elle ne réveillera plus ses parents avec des cauchemars peuplés par ces bestioles!

Sergueï et les louveteaux


Réponse à l'énigme n° 120 : 

le roman : Nicolas Vanier : Loup
Le film : Nicolas Vanier : Loup

Pas facile aujourd'hui ! Je sais bien que ce film n'est pas la tasse de thé de certains d'entre vous à commencer par Wens! Mais si vous avez des petits enfants, ne le boudez pas! Le dressage des loups est un exploit en soi!
Bravo à Aifelle, Aifelle, Asphodèle (qui trouvé le nom  de l’auteur) Dominique, Keisha , Florence Miriam, Sibylline, Syl.
je n'ai oublié personne?

samedi 16 janvier 2016

Un livre/un film : énigme du samedi


`
Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le premier samedi  du mois de Février , le 6.

Enigme N° 120
Ce roman écrit par un auteur français contemporain parle d'un pays très froid, situé au-delà du cercle polaire, et d'un des peuples qui y vit. Le héros du roman est une jeune garçon chassé de sa tribu et qui doit vivre dans la forêt, tout seul, dans des conditions de vie rigoureuses.


L'hiver touchait à sa fin. Déjà, le froid était moins rude et, quelques heures par jour, un pâle soleil diffusait une lumière rasante sur le lac gelé, les tentes du campement et la grande harde couverte de givre. Les bêtes et les hommes semblaient tout étonnés de sortir enfin des ténèbres, et conservaient dans leur allure, surgissant de la brume glacée, quelque chose d'hésitant et de fantomatique.
Comme chaque fois que c'était possible, le campement avait été installé près d'une réserve d'eau potable. Le lac, même gelé, constituait une source inépuisable, doublé d'une généreux garde-manger.

vendredi 15 janvier 2016

Les plumes d'Asphodèle : Liberté et ....


Van Gogh

Liberté

Tempête aux cheveux de fleurs
La liberté
Poésie retrouvée.


Et puis quelques petits poèmes au gré des mots...


Odilon Redon

Aube

Majuscule, l’aube.
fer de lance de ma vie.
Respirer la pluie.

 

 

 

Georges Braque : oiseau en vol

Humeur

Pingouin mélancolique
Mon humeur comme une farandole
Oiseau à l'aile blessée.




 
Odilon Redon : Réflexion

 Inspiration

Fantaisie olympienne
L’inspiration
comme un diaporama du bonheur







Léon Spilliaert
Léon Spilliaert



Insomnie 
Insomnie,
maison passe-partout de mes rêves,
Dilettante en habit de deuil.

 

 

 

Edvard Munch

 

Coeur

Mon coeur coupable,
Linge mouillé
serpillière essorée.

 




 Agacement

Minuscule, syncopé,
Agacement du moustique
Sur mon nez.








Les plumes d'Asphodèle : Pour cet atelier, Asphodèle a donné deux listes dans lesquelles j'ai puisé

Liste 1 : Jour, gentillesse, motivation, plaisir, almanach, visite, éclaircie, éparpillement, minuscule, agacement, chaleur, syncopé, coupable, fer, dilettante, farandole, insomnie, maison, passe-partout, poésie, tempête, mélancolique, serpillière,  respirer,

Liste 2 : Content, procrastination, pandiculation, passé, famille, pédestre, olympien, fantaisie, diaporama, bonheur,   Humeur, liberté, aube, pluie, inspiration, pingouin, mélancolie, oiseau, linge, coeur, majuscules, essorer.

Ma liste
minuscule, agacement, chaleur, syncopé, coupable, fer, dilettante, farandole, insomnie, maison, passe-partout, poésie, tempête, mélancolique, serpillière,  respirer, olympien, fantaisie, diaporama, bonheur,  Humeur, liberté, aube, pluie, inspiration, pingouin, mélancolie, oiseau, linge, coeur, majuscules, essorer.


mercredi 13 janvier 2016

Audur Ava Olafsdottir : L'embellie



J’ai eu besoin, tous ces derniers temps, de romans faciles et agréables à lire et surtout optimistes! C’est pourquoi j’ai choisi L’embellie de Audur Ava Olafsdottir dont j’avais apprécié Rosa candida et son univers tendre et poétique.

L’on retrouve dans l’Embellie, les qualités de cette écrivaine et d’abord la tendresse qu’elle porte à ses personnages.
La narratrice (car le roman est écrit à la première personne) est une jeune femme déboussolée par son divorce, sa rupture avec un amant et sa vie sexuelle compliquée. Elle entreprend un voyage hivernal dans les régions les plus reculées de l’Islande pour rejoindre un chalet d’été qu’elle a gagné à une loterie. Son compagnon, Tumi, est un petit garçon de 4 ans, fils de son amie Audur, marqué par sa naissance prématurée, presque sourd et presque aveugle. Avec sa grosse tête aux oreilles décollées, ses prothèses auditives et ses lunettes épaisses, c’est un enfant différent des autres. D’une grande précocité intellectuelle, il se révèle attachant.
Les rapports entre ces deux personnages est ce que j’ai le plus aimé dans ce roman.  Audur Ava Olafsdottir a l’art de chausser des lunettes roses pour raconter une histoire qui pourrait être triste, en soulignant les aspects absurdes, saugrenus, fantasques  mais… car il y a un mais! Cette fois-ci,  je n’ai pas accroché à ce récit peut-être parce que justement il est trop improbable! Trop de « happy » évènements annoncés par une voyante, comme cette fortune et ce chalet gagnés à des loteries, conventions littéraires que l’auteure nous demande d’accepter? Soit! mais du coup je ne suis pas parvenue à croire à l’histoire. Je n’ai pas été sensible à l’humour, la cocasserie des situations qui m’ont paru un peu trop appuyés comme celle de l’oie puis de la brebis écrasées.
Et surtout je n'ai pas vraiment compris le personnage principal! J’ai eu l’impression que l’auteure envisageait le récit comme un roman d’initiation qui allait permettre à cette jeune femme immature et sous influence de « grandir », de ne pas obéir aux suggestions et invites, sexuelles ou non, du premier venu. Elle ne me paraît pas du tout comme une femme libre comme il est dit dans la quatrième de couverture! J’ai même été un peu agacée à cause de sa passivité qui fait que l’on se demande si c’est une fille superficielle, sans caractère, ou plutôt une grande traumatisée de la vie, qui manque de confiance en elle. Je n'ai pas vraiment eu de réponse satisfaisante à cette question. Un avis donc assez mitigé, une déception par rapport à Rosa Candida!


mardi 12 janvier 2016

Delphine de Vigan : Rien ne s'oppose à la nuit



Après avoir lu « D’après une histoire vraie », j’ai eu envie de retourner en arrière dans l’oeuvre de Delphine de Vigan. Je n’avais lu jusque-là que le premier livre  Les heures souterraines   que Jorge Semprun  avait proposé au Goncourt, à l’époque, mais en vain.. J’ai donc choisi ce titre Rien ne s’oppose à la nuit qui a son origine dans une chanson de Alain Bashung et Joséphine Osez.

Ecrire sur sa mère atteinte de bipolarité est une idée qui a hanté Delphine de Vigan longtemps après le suicide de celle-ci.  Une idée qu’elle refusait. Pour l’écrivaine, sa mère, Lucile, était « un champ trop vaste, trop sombre, trop désespéré : trop casse gueule en résumé. »

Mais lorsqu’elle réalise que son écriture, ses livres sont tous étroitement liés à sa mère, Delphine de Vigan capitule, d’où ce roman émouvant et fort qui fait revivre cette femme à la fois pleine de fantaisie, intelligente, étonnante, forte et énergique mais aussi fragile, terrassée par la maladie qui la conduit à la folie. La vie de Lucile est, en effet, une lutte éprouvante contre les périodes de dépression et d’exaltation qui alternent et tour à tour obscurcissent son esprit.

Comme dans son roman D’après une histoire vraie, ce livre est aussi une réflexion sur l’écriture. L'auteure  analyse le processus douloureux qui consiste à donner vie à ce récit qui l’implique si profondément. Elle met à jour les déchirures, la violence des deuils qui ont touché la famille, les secrets enfouis en chacun d’entre eux. Elle crée - parfois sur des silences, des vides-  à la recherche d’une vérité qui se dérobe.

Ecrire sur sa mère, c’est écrire sur son enfance et celle de sa soeur, sur sa famille, sur la violence de la maladie et les traumatismes de son enfance et de son adolescence. C’est en même temps vouloir rendre compte, au-delà des sentiments ambivalents et de la peur que lui inspirait la malade, de la force de cette femme, de sa douceur, de l’amour qu’elle portait à ses enfants. Car ce récit se veut aussi un hommage. Mais comment rendre compte de la beauté au milieu de cette noirceur. C’est Pierre Soulages, cité en exergue, qui à la réponse :
« Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences. (…) Les différences de texture réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumière et du sombre émanait une clarté, une lumière picturale, dont le pouvoir émotionnel particulier animait mon désir de peindre. »

A cet égard le  beau roman de Delphine de Vigan est un tableau de Pierre Soulages :

 Mon instrument n’était plus le noir, mais cette lumière secrète venue du noir.


France : musée Soulages de Rodez  le noir de Pierre Soulages
Pierre Soulages musée de Rodez

vendredi 1 janvier 2016

Bonne année 2016


Musée Russe de Saint Pétersbourg : Boris Koustediev Le carnaval détail 1916
Musée Russe de Saint Pétersbourg : Boris Koustediev (détail) 1916


Je vous souhaite à tous une belle année 2016 

Lumineuse
Une année toute neuve
Sur la neige

             de Ito Shou source


Igor Grabar : 1905


Rosée du matin
les Fleurs de l’année
douceur retrouvée


Et pour vous donner envie de voyager voici une sélection de peintures du musée russe de Saint Péterbourg en remontant dans le temps, juste de quoi vous faire rêver!


Ilya Repine : Adieu de la recrue(1879)
Nicolas Gué : Léon Tolstoï (1884)

Alexis Savrasov : Hiver


Saint Petersbourg Viktor Borisov-Musatov Printemps 1901 Musée Russe
Viktor Borisov-Musatov Printemps 1901

Saint Pétersbourg Michail Nestorov La Sainte Russie details. 1905
Michail Nestorov :  La Sainte Russie détails. 1905

Natalia Goncharova En cueillant des fruits.1908

le monastère de NicholasRoerich.1913 Saint Pétersbourg Musée russe
le monastère de Nicholas Roerich 1913
Musée russe de Saint Pétersbourg L'île sainte de Nicholas Roerich.
L'île sainte de Nicholas Roerich.

Saint Péersbourg Les trois joies de Nicholas Roerich musée russe
Les trois joies de Nicholas Roerich

Maliavine Philippe Paysanne dansant 1913 Saint Pétersbourg Musée Russe
Philippe Maliavine : Paysanne dansant 1913

Kasimir Malevitch buste de femme 1932 Saint Pétersbourg musée Russe
Casimir Malevitch : buste de femme 1932

Saint Pétersbourg Musée Russe : Alexander Deinika Kholkozienne sur une bicyclette 1932.
Alexander Deinika Kholkozienne sur une bicyclette 1932.
Saint Petersbourg  Musée Russe Alexander Deinika : Parisienne 1935
Alexandre Deinika : Parisienne 1935

Alexandre Sitnikov Taureau rouge. 1979

Alexandre Soudoukov - Queue 1985 Saint Péterbourg Musée russe
Alexandre Soudokov - Queue 1985

samedi 19 décembre 2015

Bonnes vacances et joyeuses fêtes




 

Pas d'énigme ce samedi! Et oui! car les vacances tant attendues sont arrivées! Nous partons une semaine sur l'île d'Oléron où nos enfants viendront nous rejoindre. Je vous souhaite à tous de belles fêtes et un Noël lumineux et doux.

vendredi 11 décembre 2015

Bruxelles : Plaisirs d'Hiver La vie, c'est apprendre à danser sous la pluie

Bruxelles Grande place illuminations de Noël  décembre 2015 L'hôtel de ville
Bruxelles Grande place illuminations de Noël

Depuis mon retour de Bruxelles, je regarde chaque jour ces photos! Alors autant vous en faire profiter dans mon blog. Plaisirs d'Hiver, c'est la grande fête de la lumière qui a lieu à Bruxelles chaque année pour la fête de Noël. Cette année, elle revêtait une importance particulière après les récents évènements. 
 
Bruxelles Grande place illuminations de Noël L'hôtel de ville


Bruxelles Grande place illuminations de Noël  2015 L'hôtel de ville
Bruxelles Grande place illuminations de Noël L'hôtel de ville 
Bruxelles Noël 2015  Grande place  la tour de l'hôtel de ville

Décembre 2015 Bruxelles Grande place illuminations de Noël L'hôtel de ville


Bruxelles Grande place illuminations de Noël Décembre 2015


Noël 2015 Bruxelles Grande place tour de l'hôtel de ville illuminée en bleu


Bruxelles Plaisirs d'Hiver La grande roue

Bruxelles Plaisirs d'Hiver manège de Noël année 2015
Bruxelles Plaisirs d'Hiver manège de Noël

Bruxelles Plaisirs d'Hiver manège de Noël

Bruxelles : Sénèque devant la Halle Saint Gery