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samedi 6 août 2011

Les Plumes de l'été chez Asphodèle


 Asphodèle source de l'image


Je participe aujourd'hui au jeu  les plumes de l'été  du blog Les livres du jardin d'Asphodèle. 

Les consignes donnée par Asphodèle : 

Voici les mots que nous allons devoir placer dans notre texte pour samedi.
Encore une belle fournée… j’attends impatiemment les petits pains tout chauds qui vont sortir du four!
Les 13 mots récoltés : élixir – estival – évanescent(e) – émeraude – évanoui(e) – étincelle -élégie – écrevisse – éléphant – excédé(e) – éventail – étreinte – eucalyptus.
Bonne semaine à tous, merci de votre fidélité et de votre assiduité… et à vos plumes !

 Canicule

L'ombre émeraude de l'Eucalyptus semble évanescente dans le bleu estival du ciel.
La cigale chante son élégie quotidienne, la chaleur, comme un  éléphant d'Asie, nous écrase.
 Elle nous tient prisonniers de son implacable étreinte
Ecrevisses, nous buvons l'élixir de l'été, excédées par un trop plein de sensations et d'odeurs,
mais goûtant pourtant cet éventail de couleurs semblable à une palette de peintre chaude et dorée, éblouis par ces étincelles pailletées qui dansent autour de nous. Nous sombrons dans une langueur monotone, presque évanouis au monde qui nous entoure, torpeur qu'interrompt parfois un léger souffle de vent.


Xavier Müller : Dans la peau d'un autre



Xavier Müller, docteur es sciences et journaliste scientifique, part d'une découverte récente, celle des neurones miroirs pour créer la trame de son roman Dans la peau d'un autre..

 Maxence Lance est un brillant étudiant en sciences. Un avenir plein de promesses l'attend quand il est admis dans le prestigieux laboratoire de sciences cognitives du professeur Gamblin pour un stage de quatre mois sur les neurones miroirs qui viennent d'être découverts chez le rat .
Maxence s'est spécialisé dans l'hypnose, discipline longtemps taxée de charlatanisme mais dont l'efficacité thérapeutique qui n'est plus à prouver intéresse à présent la médecine. Cependant, pour gagner sa vie, Maxence donne des spectacles d'hypnose dans un cabaret. A l'issue d'une de ses séances, un voile noir s'abat sur ses yeux et il se retrouve, dix ans plus tard, dans la peau d'un autre... Quand il découvre que cet autre est Philippe Mahieu, éminent chercheur sur le point de découvrir du nouveau sur les neurones miroirs en liaison avec l'hypnose, notre héros endosse volontiers sa nouvelle personnalité!

Alors, qu'est-ce que les neurones miroirs et faut-il être docteur es sciences pour comprendre l'intrigue? Rassurez-vous, Xavier Müller nous en donne une définition simple et limpide qui permet à tout Candide de pénétrer dans l'histoire non seulement sans difficulté mais avec intérêt.

 Comparativement aux types standard de neurones, ils ( les neurones miroirs) avaient la particularité d'être activés lorsqu'un rat réalisait une tâche, comme s'orienter dans un labyrinthe, mais aussi lorsqu'il la voyait exécutée par un congénère. Les neurones miroirs avaient appris aux chercheurs que réaliser une action et être témoin de la même action pouvaient être similaires du point de vue du cerveau. Mon prof nous avait gratifiés d'une phrase qui était restée gravée dans ma mémoire : " Les neurones miroirs montrent que s'imaginer, c'est faire". Un ou deux ans après les expériences avec les rats, des neurones miroirs avaient été identifiés chez l'homme.

L'auteur va exploiter ce fait scientifique très sérieux pour nous raconter une histoire absolument déroutante avec maintes surprises, rebondissements spectaculaires, lançant le lecteur sur de fausses spéculations pour mieux le dérouter, le récupérer au tournant et l'envoyer enfin sur une autre piste. Car, on peut le dire, Xavier Müller ne manque pas d'imagination! Le roman est donc un thriller mais d'un genre un peu particulier puisqu'il exploite les ressources de la science-fiction.

Personnellement, j'ai été très intéressée par toute la partie réaliste du roman, le travail dans un laboratoire, les difficultés des chercheurs qui perdent leur temps à chercher des sponsors au lieu de pouvoir se consacrer à la recherche, le couperet toujours prêt à s'abattre sur eux s'ils n'ont pas les résultats escomptés. Tout ce qui concerne la neurobiologie - et ceci d'autant plus que je ne suis pas scientifique- éveille mon imagination et me paraît déjà en soi un merveilleux mystère, porteur de tous les possibles. J'étais prête à me passionner pour tout ce que la découverte des neurones miroirs permet d'imaginer d'un point de vue romanesque au niveau de l'apprentissage, du mécanisme de la violence ou du phénomène de l'empathie ou ... Je m'attendais à de la science fiction, certes, mais qui respecte la vraisemblance scientifique! Il n'en est rien. Il s'agit d'un thriller et c'est une toute autre voie que nous fait emprunter Xavier Müller, ce qui m'a déçue!

Alors? Alors il faut faire fi de la vraisemblance et se laisser emporter par toutes ces aventures rocambolesques et par l'imagination sans bornes de Xavier Müller. Les amateurs du genre seront servis... et copieusement. Il ne faut pas essayer de trouver des personnages ayant une épaisseur et dans lesquels on pourrait croire. Une des femmes, Béatrice, dont Maxence-Philippe tombe subitement amoureux alors qu'il a toujours aimé Andréa, chercheuse comme lui, me paraît psychologiquement très invraisemblable et rajoutée pour le besoin de l'intrigue. Mais le roman se lit volontiers et procure un bon moment de détente.

Ajoutons que Wikipédia consacre un article aux neurones miroirs.  Vous pouvez  lire 
aussi  un article critique dans ce blog consacré à la science-fiction à travers les thèmes qu'elle aborde..


 
Merci à Newbooks et à Ys 
Merci aussi  à Books XO Editions, une édition qui publie des livres avec le soutien des internautes.

vendredi 5 août 2011

La Muette de Chahdortt Djavan



 La Muette raconte sans fioritures, ni pathos, le sort des femmes en Iran quand elles ne se plient pas aux règles imposées par un pouvoir religieux totalitaire.
Le récit est raconté par une jeune fille de quinze ans et nous donne un choc dès le début : "J'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh mais je n'aime pas mon prénom. Je vais être pendue bientôt".
En prison, en attendant la mort, elle raconte dans un petit cahier qu'un gardien compatissant lui a donné, comment sa tante, la Muette, a été condamnée à la lapidation pour s'être donnée à l'homme qu'elle aimait. Pour éviter cette mort horrible, le père de Fatemeh, frère de la Muette, donne  sa propre fille en mariage au mollah, un vieil homme concupiscent, qui accepte d'intervenir pour commuer la lapidation en pendaison. Fatemeh n'a que 13 ans, elle va être violée par le vieillard, privée de liberté, de livres, d'études, transformée en esclave et bientôt mère d'une enfant dont elle hait le père. Sans appui, sans soutien, elle ne peut se libérer que par un geste horrible qui la fera condamnée à mort.
Le style de Chahdortt Djavann se refuse à tout sentimentalisme. Epuré, sobre, il n'a pas besoin d'effet pour atteindre son but. J'admire cette femme, écrivain, et ses propos courageux et lucides.

7 mai , 2007  Chahdortt Djavann : 

"On peut aujourd’hui mesurer la perversité du double langage auquel ont recours les islamistes pour défendre l’oppression des femmes au nom de la liberté individuelle et la barbarie religieuse au nom de la liberté culturelle.
Hani Ramadan, le frère de Tarik Ramadan, qui défend officiellement la lapidation des femmes et l’exécution des homosexuels au nom de la charia, a été invité à l’UNESCO, le dimanche 18 janvier (2004), pour défendre ses idées, dans le cadre d’un colloque sur la laïcité et la démocratie.
Bien entendu, il devait débattre avec quelques intellectuels français. Ainsi se trouve porté à son comble l’escroquerie intellectuelle qui consiste à débattre avec les apologistes de la torture et de l’assassinat, à banaliser l’horreur, comme si la liberté était la liberté de tout faire, comme si le fascisme et la défense de la lapidation étaient une opinion.
Je suis véhémente, j’ai la rage au cœur et je n’arrive pas à comprendre qu’on accepte de débattre ” démocratiquement ” avec les islamistes qui défendent au nom des lois d’Allah les images de la barbarie institutionnelle."

26 Mai 2007 Chahdortt Djavann

"Dans tous les systèmes les plus barbares, on voile les femmes. Pourquoi le supporte-t-on [en Europe]? Parce qu’il s’agit de femmes et de musulmanes. Au nom de la différence culturelle ? Pourquoi ne pas accepter la lapidation et l’excision en ce cas ? Dans tous les pays musulmans, il y a des mariages de jeunes mineures avec des messieurs vieillissants. C’est une différence culturelle, n’est-ce pas ? Mais ici elle est considérée comme un délit : la pédophilie. Qu’en pensent ces intellectuels et les islamologues ?"

Article de mon ancien blog

jeudi 4 août 2011

Christian Bobin : Le surgissement de l’écriture

 


Photo Edouard Boubat


Tout peut provoquer le surgissement de l'écriture - une perte, une joie, les ombres chinoises de la mémoire, une baleine blanche, la guerre de Troie, une odeur de lilas, mais le sujet réel des livres, leur sujet unique, c'est le lecteur à l'instant où il lit et le bouleversement qui lui vient de cette lecture, comme des retrouvailles de soi avec soi.


 Avec Chiffonnette

lundi 1 août 2011

Départ en Lozère!


Je pars là-bas pour quelques jours d'où un ralentissement de mon blog. Mais je publierai mes lectures communes et je viendrai vous voir de temps à autre! A bientôt!

David Mitchell : cartographie des nuages,

 

J'ai beaucoup aimé le livre de David Mitchell, Cartographie des nuages paru aux éditions de l'Olivier, si curieux par la construction et intéressant au niveau du récit qui fait s'entrecroiser plusieurs vies à des époques différentes.

Le protagoniste d'une des histoires, musicien, compose "un sextuor de solistes empiétant les uns sur les autres " : piano, clarinette, violoncelle, flûte, hautbois, violon;".
Ce qu'il en dit résume bien la construction de ce livre : " Dans le premier mouvement, chaque solo est coupé par le suivant; dans le second, les soli reprennent successivement là où ils se sont interrompus."
Effectivement il y a six histoires dans ce livre, six vies qui s'interrompent pour laisser place a une autre avant d'être reprises par la suite. "Véritable révolution ou simple procédé?" s'interroge l'artiste. Je ne saurais le dire mais en tous cas c'est une réussite.
"Chaque instrument parle une langue définie par une clé, gamme et couleur." ajoute le musicien.
Ce qui est remarquable, en effet, c'est que chaque récit est comme une partition qui changerait de style selon le personnage, le siècle dans laquelle il vit, la destinée qu'il affronte. Chacun a une tonalité qui lui est propre, triste ou nostalgique, cruelle ou âpre, humoristique, férocement satirique, chacun est un prétexte a explorer une époque, à en saisir l'essence, en montrer les faiblesses, dénoncer les horreurs. Brillantes variations selon qu'il s'agit d'une femme ou d'un homme, d'une personne âgée ou jeune, de notre passé lointain ou récent, de notre présent ou de notre futur car David Mitchell s'essaie aussi à la science-fiction dans deux des récits. On s'intéresse aux personnages, on peut s'identifier à certains d'entre eux ou en rejeter d'autres selon notre sympathie pour eux car les récits sont prenants.
Piano : Adam Ewing rédige le journal de sa traversée du Pacifique. C'est un homme de loi américain, honnête et scrupuleux, bon croyant. Il manifeste parfois les préjugés de sa classe sociale et de sa religion mais son humanité, l'intérêt qu'il porte aux autres y compris aux indigènes des pays qu'il visite (nous sommes en Nouvelle-Zélande dans l'archipel de Chatham) le rendent sympathique. Nous sommes au XIXème siècle, colonisation, asservissement des races au nom de la religion et de la prétendue supériorité des blancs.
Clarinette : Robert Frobisher, rejeton d'une bonne famille anglaise, déshérité par son père, se met au service du grand compositeur Vivyan Ayrs trop malade pour continuer à composer. Du château Zedelghem en Flandre il écrit à son ami Sixsmith des lettres datées de 1931. Rapports humains qui se fondent sur l'appartenance à une classe sociale et la fortune. Exalté, sans scrupules, cynique, voleur, il voue à la musique une passion qui le consume et qui représente ce qu'il a de mieux en lui. L'art paraît être la seule porte de sortie.
Violoncelle : Luisa Rey, journaliste américaine, idéaliste et courageuse, risque sa vie pour déjouer un complot nucléaire dans les années 70 en Californie. Le récit montre la corruption du pouvoir qui n'hésite pas à sacrifier les êtres humains à l'argent et au profit.
Flûte : Timoty Cavendish vit dans un présent qui nous ressemble où les "vieux" sont enfermés dans des maisons de retraite, antichambres de la mort. Début inquiétant d'une déshumanisation, solitude.
Hautbois : Somni-451 est une clone. Dans la dictature où elle vit les clones sont des esclaves au service des Sangs-Purs. La liberté individuelle est niée. La science sans conscience a créé une société sans espoir qui fonctionne à la manière du nazisme en éliminant ce qu'il y a d'humain dans l'Homme.
Violon : Zachary, est un survivant de cette civilisation, dans un futur encore plus lointain, après la Chute c'est à dire après la destruction de la civilisation de Somni. C'est le retour à une forme de barbarie où prévaut la loi du plus fort dans une civilisation éclatée qui porte encore des traces de l'ancienne. Pourtant, la solidarité possible entre les peuples, est un léger espoir dans la survie de l'Humanité.
La langue parlée évolue avec les époques et il faut saluer la vive imagination et le style protéiforme de David Mitchell qui parvient même à créer un langage du futur, contemporain de Somni, et un autre contemporain de Zachary, ce dernier n'étant qu'une corruption de la langue parlée à l'époque de Somni.
Ingénieux aussi comment ces récits se transmettent de l'un à l'autre malgré l'éloignement dans les siècles et comment les personnages sont reliés entre eux par un fil qui assure la cohésion de l'ensemble.

dimanche 31 juillet 2011

Goethe : Ballades et autres poèmes : Le roi des Aulnes

 René Baumer

Le roi des Aulnes est une des plus célèbres ballades de Goethe. En voici un traduction de  Jean Malaplate tirée du livre Ballades et autres poèmes  aux éditions Aubier, Domaine Allemand bilingue


Qui passe à cheval, dans la nuit, le vent,
Si tard? C'est le père avec son enfant.
Il serre son fils dans son grand manteau,
Pour le protéger, pour lui tenir chaud.

-As-tu peur mon fils? Pourquoi te cacher?
-Le Roi des Aulnes, là, le vois-tu s'approcher?
Le Roi, sa couronne, et sa traîne aussi!
-C'est la brume, enfant, qui se tord ainsi.

-Viens, mon bel enfant, suis-moi, si tu veux,
Je sais tant de jeux, de jeux merveilleux!
Mille belles fleurs croissent sur nos bords,
Ma mère a pour toi des vêtements d'or!

-Mon père, oh, mon père, tu n'entends donc pas
Tout ce que le roi me promet tout bas?
-Calme-toi, mon fils, sois tranquille, enfant :
Dans les feuilles mortes murmure le vent.

-Viens, mon beau garçon, suis-moi loin, bien loin,
Mes filles de toi sauront prendre soin,
Mes filles, la nuit, qui dansent en rond,
Pour toi chanteront et t'endormiront.

 -Mon père, mon père, là tu dois les voir,
Les filles du roi, dans ce coin tout noir!
Je vois bien, ce sont seulement, mon fils
Les ombres que font les vieux saules gris.

-Je t'aime, ta beauté me donne envie de toi,
Viens, où je te prends de force avec moi!
-Mon père, il m'a saisi, oh! mon père, il me prend!
Le roi des Aulnes m'a fait du mal à présent.

Le père presse alors son cheval; il frémit,
Il étreint dans ses bras le garçon qui gémit,
Parvient au logis, d'un ultime effort;
L'enfant dans ses bras... l'enfant était mort.



Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres… Des Histoires…Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire : Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie, Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d’Hilde , Katell : Chatperlipopette, L’Ogresse de Paris : L’Ogresse de Paris, L’or des chambres : L’Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L’Oiseau-Lyre (ou l’Oiseau-Lire), Mango : Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou,Oh ! Océane !, Pascale : Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectures Océane :
 





Alain Fournier, Le Grand Meaulnes


Voici la réponse au dernier jeu de l'été : Aifelle et Wens ont trouvé le nom de l'auteur Alain Fournier et le titre Le Grand Meaulnes.

Pour vous présenter ce roman, je vous invite à aller lire le blog de  Cathou

Pseudonyme de Henri Fournier, romancier français né  le 3 octobre 1886 à La Chapelle d'Angillon dans le cher, aux confins du Berry et de la Sologne. Ses parents sont instituteurs à Epineuil le Fleuriel. Au lycée Lakanal près de Paris, il  se lie d'amitié, avec son condisciple Jacques Rivière, avec lequel il entretint, de 1905 à 1914 une "Correspondance" qui apporte un intéressant témoignage sur la sensibilité littéraire au début du siècle.

En 1913, il publia son unique roman, "le Grand Meaulnes", récit très autobiographique qu'il avait conçu dès 1902, mais dont il ne put connaître le succès car il fut tué au front le 22 septembre 1914. Lire la suite

 
et le blog de  Caro
 
  En 189*,  dans le Cher, François Seurel vit une existence paisible. Fils de l'intituteur, ses journées sont rythmées par l'école, le lecture le soir au coin du feu, les promenades dans la campagne brumeuse. Un jour, Augustin Meaulnes, bientôt surnommé "le grand Meaulnes", débarque pour faire ses études aux côtés des autres étudiants. La vie de François va en être totalement chamboulée. Meaulnes prend le jeune garçon sous son aile et en peu de temps devient la coqueluche de l'école communale
   Un jour, Meaulnes ne se présente pas en classe. Il réapparaît trois jours plus tard et semble avoir bien changé. Il confie alors à son ami François avoir participé à une étrange fête dans un vieux château en ruines. Là-bas, il a fait la connaissance d'une jeune femme dont il est tombé éperdument amoureux. Il n'aura alors de cesse, avec François, de retrouver cet étrange et délicieux "Domaine" qui semble avoir été oublié de tous.

Quel étrange et envoûtant roman que Le grand Meaulnes. Un classique jamais lu pour ma part et qui m'a laissée songeuse. Lire la suite ici
 
 

samedi 30 juillet 2011

Jane Harris, La servante insoumise, Editions du Seuil


Le roman La servante insoumise commence comme un livre de l'époque victorienne. L'on y voit une jeune fille en robe jaune fuir on ne sait quel danger pour aller à la grande ville, ici de Glasgow à Edimbourg. On pense à La dame en blanc de Collins! On s'attend  avec cette sorte de roman, à plonger en plein mystère à la suite de l'héroïne, poursuivie par le malheur, persécutée par de machiavéliques ennemis. Et on n'a pas tort!
Nous sommes en 1863, Bessy Buckley quitte Glasgow pour aller trouver du travail à Edimbourg. En chemin, elle s'arrête dans un château fort délabré où elle se fait engager sur l'heure comme servante par la maîtresse du domaine, Arabella Reid. Deux femmes dans un huis clos partiel dont la confrontation mènera au drame!
Bessy Buckley est bien secrète! Pourquoi ment-elle sans arrêt et en particulier lorsqu'elle doit parler de sa mère? Que fuit-elle? que cache son passé dont elle ne veut pas parler?
Arabella est une femme bizarre, elle s'est mise en tête d'éduquer ses servantes en leur apprenant à écrire, elle consigne des remarques dans un mystérieux livre qu'elle tient secret et son attitude et son caractère sont assez fantasques. De plus, elle paraît poursuivie par le souvenir d'une servante, Nora, retrouvée morte, écrasée par un train. Bessy n'aura de cesse de savoir le secret de sa maîtresse qu'elle chérit et vénère mais ce qu'elle va découvrir fera d'elle une servante insoumise.

Les personnage sont passionnants et complexes et le lecteur ira de surprises en surprises en  découvrant la vérité sur les deux jeunes femmes. En effet, les héroïnes ne sont pas ce que l'on attend d'un roman victorien!  Jane Harris est bien de notre temps et si elle emprunte les codes de ce genre romanesque, c'est pour mieux les détourner et ceci pour notre plus grande joie! Les "méchants" le sont à part entière comme dans un roman de Collins ou de Braddon mais Jane Harris montre les racines du mal en nous donnant une vision sociale et critique de la société de cette époque. Elle décrit pour nous la vie des misérables, des femmes qui prostituent leurs filles, des "nobles" vieillards qui abusent des enfants, des pasteurs dévots qui se révèlent hypocrites et libidineux, entrant ainsi dans des détails indignes de la bienséance victorienne qui aurait fait interdire son roman à l'époque avant parution! La plume de l'écrivain n'épargne personne et les portraits-charges qu'elle brosse sont vigoureux, sans concession et écrits d'une plume acérée qui appelle un chat un chat! C'est un des grands intérêts du roman qui nous apparaît très documenté et solide sur le plan historique quand il s'agit de peindre la vie des humbles dans cette période. L'intrigue, de plus, nous mène sur plusieurs pistes à la découverte de plusieurs secrets. Elle ménage à la fois un suspense policier et psychologique et  nous réserve bien des rebondissements.

Le roman est écrit par Bessy âgée et, dès le début, le style de la servante est un curieux mélange entre une langue raffinée et le parler populaire. Bessy est amoureuse des mots et cultive ceux qui sont savants depuis son enfance mais elle a aussi le franc parler, voire la vulgarité des filles du peuple ce qui crée un cocktail détonant, savoureux et plein d'humour.

Cela donne ceci :
Le paysage était désormais sinistre et défiguré. Contre le ciel d'hiver quelques arbres noirs se détachaient, dénudés, décharnés et courbés par le vent. La brume roulait sur le sol telles des volutes de fumée et une odeur de brûlé flottait dans l'air.

et le paragraphe suivant, cela :
A quoi est-ce qu'elle pensait le pif au vent? Elle devait penser, la sale chipie, au moyen de se fourrer encore plus dans les petits papiers d'Arabella. Et j'aurais pas été étonnée qu'elle ait trottiné en disant ses prières, cette fichue grenouille de bénitier.

La servante insoumise ou le plaisir de lire!

Arnaldur Indridason : L'homme du lac



 De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par  Mango et repris à sa demande dans mon blog.

Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Nouvelle énigme (11)

Un roman devenu un classique, un roman qui a enchanté notre adolescence.

Dès le petit jour, il se reprit à marcher. Mais son genou enflé lui faisait mal ; il lui fallait s'arrêter et s'asseoir à chaque moment tant la douleur était vive. L'endroit où il se trouvait était d'ailleurs le plus désolé de la Sologne. De toute la matinée, il ne vit qu'une bergère, à l'horizon, qui ramenait son troupeau. Il eut beau la héler, essayer de courir, elle disparut sans l'entendre.

Il continua cependant de marcher dans sa direction, avec une désolante lenteur... Pas un toit, pas une âme. Pas même le cri d'un courlis dans les roseaux des marais. Et, sur cette solitude parfaite, brillait un soleil de décembre, clair et glacial.

Il pouvait être trois heures de l'après-midi lorsqu'il aperçut enfin, au-dessus d'un bois de sapins, la flèche d'une tourelle grise.



Réponse à l'énigme(10)
L'homme du lac.


Aifelle, Wens et Mazel  ont trouvé : il s'agit bien de l'écrivain islandais Arnaldur  Indridason. Le roman est L'homme du lac.
"En juin 2000, un tremblement de terre provoque un changement du niveau des eaux du lac de Kleifarvata et découvre un squelette lesté par un émetteur radio portant des inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacées. Le commissaire Erlandur et son équipe s'intéressent alors aux disparitions non élucidées dans les années 60, ce qui conduit l'enquête vers les ambassades des pays de l'ex-bloc communiste et les étudiants islandais des jeunesses socialistes boursiers en Allemagne de l'Est pendant la guerre froide. Tous ces jeunes gens sont revenus du pays frère brisés par la découverte de l'absurdité d'un système qui, pour faire le bonheur du peuple, jugeait nécessaire de le surveiller constamment". (extrait 4e de couverture)
Je vous propose d'aller lire l'avis de Aifelle :
C'est le quatrième volume de la série, j'ai lu les trois précédents et celui-ci m'a procuré le même plaisir. J'aime Erlandur et sa vie cabossée, je m'intéresse autant à ses déboires personnels qu'à ses enquêtes. Cette fois-ci, Eva Lind, sa fille est peu présente... Lire la suite

 

vendredi 29 juillet 2011

Arnaldur Indridason : Hypothermie


J'aime les romans d'Arnaldur d'Indridason, écrivain islandais né à Reikjavik. C'est même, je crois, mon préféré parmi les écrivains "venus du Nord", selon l'expression consacrée, depuis que j'ai lu La dame en vert.
Hypothermie raconte une enquête du commissaire Erlendur. Ici, pourtant, ce n'est pas sur un meurtre, du moins en apparence, mais sur un suicide qu'enquête Erlendur. Maria, une jeune femme, épouse du médecin Baldvin, fragilisée par la mort de sa mère Eléonore, est retrouvée pendue, dans son châlet d'été sur les bords du lac Thingvellir. L'affaire est classée mais Erlendur continue ses recherches car  Karen, une amie de Maria,  lui apporte la preuve que la jeune femme, très attirée par l'idée de la vie après la mort, est allée consulter un médium avant son suicide et que le passé de la jeune femme et son entourage, en particulier son mari, sont loin d'être aussi clairs que ce qu'ils paraissent l'être!
Parallèlement, Erlendur, reçoit la visite d'un vieil homme qui se sait mourant et qui le remercie de l'attention et de la gentillesse dont il à fait preuve envers lui depuis la disparition restée inexpliquée de son fils, David, il y a trente ans. Poussé par l'envie de donner une réponse à ce père qui n'a jamais cessé de souffrir, Erlendur rouvre le dossier de David, bientôt lié à celui d'une jeune fille nommée Gudrun.

Un récit complexe
L'intrigue du roman est complexe puisque Erlendur mène de front deux enquêtes qui, sans être liées sont enchevêtrées l'une dans l'autre et finissent même par se recouper. De plus, à l'intérieur de ces deux récits intervient l'histoire d'Erlendur lorsqu'il était enfant à la fois vécue par le principal protagoniste mais aussi reprise par un journaliste dans un livre qu'Erlendur lit à sa fille.

Un retour dans le passé et l'impossible oubli
Tous les romans d'Arnaldur Indridason présentent une intrigue qui trouve sa solution dans des évènements anciens et distille ainsi une nostalgie en demi-teintes, douce-amère, que nous partageons  avec les personnages pour qui l'oubli est impossible. Car les recherches entreprises par Erlendur sur la disparition de ces jeunes gens n'est pas une enquête mais une quête comme celle qu'il a toujours menée pour retrouver le corps de son petit frère, Bergur, disparu dans une tempête de neige et jamais retrouvé. C'est cette perte, ce sentiment de culpabilité aussi (il est vivant alors que Bergur est mort) qui expliquent la personnalité du policier.
-Parfois j'aimerais qu'il me laisse tranquille, qu'une journée entière passe sans qu'il vienne dans mes pensées.
- Et ça n'arrive jamais?
- Non, ça n'arrive jamais.

Le personnage d'Erlendur, d'aspect plutôt revêche à priori, gagne à être connu, un peu comme un ami qui ne se livre pas facilement, avec ses pudeurs, ses secrets. Il s'enrichit de roman en roman. Les rapports qu'il entretient avec sa fille Eva Lind et son fils Sindri évoluent. Dans Hypothermie, il parvient enfin, lui qui est incapable d'exprimer ses sentiments, à se rapprocher de sa fille, elle aussi, marquée douloureusement par le divorce ses parents et l'abandon de son père. Le père et la fille essaient chacun de faire un pas l'un vers l'autre malgré le mur dressé entre eux par la blessure originelle d'Erlendur. Les liens qui se créent avec Eva Lind sont très beaux et c'est un des aspects le plus passionnant du roman.

La présence d'un pays
Dans Hypothermie comme dans les autres romans, l'Islande a une présence très forte avec ses hivers plongés dans  la nuit propice aux suicides mais complice d'Erlendur :
L'obscurité et le froid ralentissait le passage du temps que le nuit couvrait d'un voile paisible
Et puis il y a ces lacs si nombreux et si beaux qui forment le paysage islandais, personnages eux aussi de l'action puisqu'ils président à la vie et à la mort de ceux qui leur font confiance : celui de Thingviller  ou celui d'Uxavatn ...
Fillette, elle écoutait le clapotis de l'eau, assise seule au bord du lac. Jeune femme, elle promenait son regard au loin à la surface, goûtant toute la beauté et la clarté qui en émanaient.

* Si l'on n'a pas encore lu Arnaldur Indridason, mieux vaut prendre les romans dans l'ordre pour mieux suivre l'évolution des personnages : La cité des jarres ; La dame en vert ; la voix ; l'homme du lacHiver arctique ; Hypothermie

 

Gérard de Nerval, les filles du feu


De qui est-ce? Le jeu de l'été (10) :
 De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par  Mango et repris à sa demande dans mon blog.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.


Nouvelle énigme

Et si je vous disais qu'il s'agit d'un roman policier venu du Nord?

Elle resta longtemps immobile à scruter les ossements comme s'ils n'auraient pas dû se trouver là. Pas plus qu'elle-même, d'ailleurs.
Elle se disait que c'était encore un mouton qui s'était noyé jusqu'à ce qu'elle parvienne assez près pour distinguer un crâne à demi enfoui au fond du lac ainsi que la forme d'un squelette humain.  Les côtes dépassaient du sable et, en dessous, on pouvait distinguer les contours des os du bassin et du fémur. Le squelette reposait sur le côté gauche. 


Réponse à l'énigme (9)


Gwen, Wens , Aifelle et Lystig ont trouvé.
Il s'agit  de Sylvie du recueil de nouvelles de Gérard de Nerval, qu'il a rassemblé sous le titre de Les Filles du feu. Presque toutes portent un prénom féminin.  Le recueil paraît en 1854 juste un an avant le suicide du poète.

Angélique qui ouvre le recueil est un récit composé de lettres
Sylvie souvenirs du Valois d'où est extrait le texte cité : Sylvie et Adrienne sont les deux figures féminines de la nouvelle.
Chansons et légendes du Valois
Jemmy
Octavie
Isis
Corilla
Emilie
 
Les Chimères Ces sonnets ont aussi été intégrés par Nerval à la suite de Les filles du Feu


 Sylvie est, de loin, le récit que je préfère, empreint de poésie, de douceur et de mélancolie. On y retrouve tous les thèmes chers au poète et d'abord Le Valois, cette région brumeuse avec ses vieux châteaux, ses mystères, ses moeurs mélancoliques un peu désuètes, ses jeunes filles qui chantent des chansons d'amour. Nerval y évoque les souvenirs de son enfance. A la recherche de son passé, le narrateur, qui s'exprime à la première personne, convoque ses souvenirs et décrit les premiers émois  amoureux. Il éprouve une double attirance envers Adrienne, la blonde châtelaine, figure de la femme inaccessible qui incarne l'amour rêvé, idéalisé et Sylvie, la brune, qui représente la réalité terre à terre, bonheur possible que le poète, en proie à l'inquiétude et au doute, ne saurait saisir. Les filles du feu laissent déjà présager une autre oeuvre, Aurélia ou "la descente aux Enfers", dans laquelle Gérard de Nerval retrace sous forme de rêves prophétiques ses troubles mentaux et son cheminement vers la folie.
Résume du livre :  L'évènement
Sylvie nous mène au coeur de la géographie nervalienne et de son univers mental : noms de villages et de jeunes filles en fleurs, rondes et déguisements, initiation amoureuse et faux mariage, chansons populaires et vieilles légendes, tout fait resurgir le passé tel qu'on le rêve : la résurrection du souvenir est aussi importante que son contenu. Nerval est à la poursuite d'une image, celle d'une actrice belle comme le jour et pâle comme la nuit. Tout se brise et se recompose perpétuellement, à partir d'un feu primordial où naîtraient les âmes. Il n'y a pas d'ordre, pas de hiérarchie, le monde extérieur et le monde mental n'ont plus de frontière, ni d'ailleurs l'érudition qui truffe ces récits. La pensée est toujours soutenue par le chant : c'est pourquoi, non seulement à cause des thèmes (et des femmes aimées), mais à cause de la recherche de la poésie pure, Nerval a voulu annexer Les Chimères à son recueil, dont elles sont le sommet et la conclusion.


 Initié par Sabbio



jeudi 28 juillet 2011

Mary Elizabeth Braddon : Lady Lisle




J'ai redécouvert chez moi un livre oublié d'Elizabeth Braddon, Lady Lisle, que je n'avais pas lu! Tant mieux, c'est toujours agréable de lire un roman de cette étonnante écrivaine de l'époque victorienne, inventrice du thriller, et qui sait, comme le dit Henry James : "beaucoup de choses que les dames n'ont pas coutume de savoir, mais qu'elles son apparemment heureuses d'apprendre".


Le plus étonnant c'est que l'héroïne, Lady Claribel Lisle, qui donne son titre au roman est une anti-héroïne; certes, elle est belle mais comme une poupée sans vie, sans expression et sans chaleur. De plus elle n'a ni l'intelligence, ni le courage de penser par elle-même et elle se soumet aveuglément aux ordres de ceux qui la dirigent. Ainsi pour ne pas mécontenter ses tuteurs, elle trahit l'amour du capitaine Arthur Walsingham pour épouser un homme riche, Réginald Lisle, dont elle a  un fils. Arthur, désespéré part pour l'Inde mais lorsqu'il apprend que Claribel est veuve, il revient et l'épouse. Pourtant, le capitaine ne semble pas heureux. Lorsque le major Warney, un officier qu'il a connu en Inde, vient lui rendre visite, on comprend que le capitaine a quelque chose à se reprocher. A partir de là s'enchaîne une série de catastrophes!

Comme toujours l'imagination est au pouvoir avec Elizabeth Braddon et elle concocte pour nous, non pas une intrigue mais plusieurs, des mystères, des surprises, des rebondissements, des substitutions d'identité, des tragédies qui s'enchaînent. Elle fait vivre, de plus, de nombreux personnages, avec des méchants tout ce qu'il y a de plus méchants, des hommes tourmentés par leur conscience, des filles qui sont victimes de leur ambition, des fils aimants séparés de leur mère... Tous les ingrédients pour écrire un bon livre du genre. On le lit avec plaisir, on tremble -mais par vraiment -juste parce qu'on aime avoir peur. On y apprend aussi les coutumes et les mentalités de l'époque victorienne. Un livre bien agréable.

Joyce Carol Oates : La fille tatouée



 De qui est-ce? Le jeu de l'été (9)
De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par  Mango et repris à sa demande dans mon blog.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.

Nouvelle énigme
 Voilà un texte d'un de mes auteurs favoris (je  sais, je sais, j'en ai beaucoup!) du XIXème siècle. Il est surtout connu pour ses poèmes. Je n'ai donné que la première lettre des prénoms des fillettes car ceux-ci, surtout le S... , seraient trop révélateurs. Cela se passe dans le Valois. Mais si vous avez besoin d'autres indices, vous n'avez qu'un mot à dire!

J'étais le seul garçon de cette ronde, où j'avais amené ma compagne toute jeune encore, S... une petite fille du hameau voisin, si vive et si fraîche, avec ses yeux noirs, son profil régulier et sa peau légèrement hâlée!... Je n'aimais qu'elle, je ne voyais qu'elle, - jusque-là!  A peine avais-je remarqué, dans la ronde où nous dansions, une blonde, grande et belle, qu'on appelait A... Tout à coup, suivant les règles de la danse, A... se trouva placée seule avec moi au milieu du cercle. Nos tailles étaient pareilles. On nous dit de nous embrasser, et la danse et le choeur tournaient plus vivement que jamais. En lui donnant ce baiser, je ne pus m'empêcher de lui presser la main. Les longs anneaux roulés de ses cheveux d'or effleuraient mes joues. De ce moment un trouble inconnu s'empara de moi. La belle devait chanter pour avoir le droit de rentrer dans la danse. On s'assit autour d'elle, et aussitôt, d'une voix fraîche et pénétrante, légèrement voilée, comme celle des filles de ce pays brumeux, elle chanta une de ces anciennes romances pleines de mélancolie et d'amour, qui racontent toujours les malheurs d'une princesse enfermée dans la tour par la volonté d'un père qui la punit d'avoir aimé.

Réponse à l'énigme (8)

 La fille tatouée de Joyce Carol Oates


Vous avez été nombreux à trouver le résultat de l'énigme, soit l'auteur ou le titre, ou l'un et l'autre : Aifelle,  Dominique Jeanne,  George, Gwen, Wens...
 La fille tatouée de Joyce Carol Oates est un roman qui vous bouscule, que dis-je? qui vous malmène, vous rudoie, vous bouleverse, vous empoigne enfin. Tout, du récit au style, de l'intrigue générale aux détails, est dérangeant et je comprends pourquoi il a été si controversé à sa sortie! Une chose est sûre : s'il ne fait pas plaisir, si l'on n'en sort pas indemne, c'est parce que c'est un grand roman!

Deux personnages en opposition totale
Alma Bush est décidément une pauvre fille, une paumée.  Elle vient d'un pays, le comté d'Akron en Pensylvannie, qui ressemble  à l'enfer -  au sens propre-  avec ses fumerolles qui s'élèvent du sol, ses vapeurs, ses gaz toxiques, sa puanteur, avec les incendies de ses mines d'anthracite. Elle est issue d'une famille pauvre où le mot amour n'existe pas. Les hommes l'ont toujours traitée en objet sexuel, ils l'utilisent, ils la vendent, l'insultent et la seule chose qu'elle reçoit d'eux, ce sont des coups de pieds dans le ventre, ce dont ils ne se privent pas. Pourquoi accepte-t-elle? parce qu'elle n'a aucune estime pour elle-même, est persuadée que personne ne peut l'aimer, parce qu'elle pense le mériter!
Joshua Seigl est de famille juive. Ecrivain brillant et reconnu, il a écrit un livre, considéré comme un chef d'oeuvre, sur ses grands parents morts dans les camps de concentration. Lui aussi est fragile et prompt à se replier sur lui-même mais il est riche,  érudit, bel homme, habitué à recevoir l'admiration des femmes et les hommages des lettrés et des intellectuels qui l'entourent.  Cependant, quand, atteint d'une grave maladie, il est obligé de prendre un assistant, le voilà qui refuse tous les brillants étudiants qui se présentent chez lui pour prendre Alma Bush à son service! Voir la suite ici