Dans La Peste écarlate, paru en 1912, Jack London, imagine qu'une épidémie appelée la peste écarlate parce qu’elle colore en rouge le malade détruit l'espèce humaine en 2013. Parmi les rares survivants, un grand père raconte, soixante ans après, l'histoire de la terre à ses petits-enfants redevenus des êtres sauvages avant que celle-ci ne soit détruite par le fléau. Il explique comment le virus s’est attaqué à l’espèce humaine en n’épargnant personne à part quelques individus comme lui.
Evidemment, le texte est d’actualité ! C’est pourquoi il est intéressant de le lire en ce moment où nous sommes tous confinés, attaqués par un organisme vivant que nous ne pouvons même pas déceler. La particularité de la peste écarlate et qui diffère de notre situation c’est qu’elle tue avec rapidité et qu’il n’y a rien à faire contre elle, c’est pourquoi elle vient à bout (ou presque) de l’espèce humaine.
La pandémie et le comportement des humains
La description des réactions de la population pendant l’épidémie est plus vraie que nature et certaines réactions rappellent celles d’aujourd’hui, toutes proportions gardées, car nous restons dans une société régulée par des lois et protégée. Nous recevons des soins et pouvons en réchapper. Eux, non ! Mais Jack London connaît bien la nature humaine ! La panique s’empare des individus, tous fuient. Les riches partent en avion dans leur maison de campagne, la maladie les rattrape là-bas ou plutôt les accompagne. Certains, dont notre narrateur, essaient de se confiner pour éviter le virus mais celui-ci pénètre dans les lieux obligeant à fuir encore. D’autres pillent les magasins, attaquent ceux qui ont encore à manger. Les gens sont sans pitié envers ceux qui ont contracté la maladie. Il y a pourtant des cas d’abnégation, de dévouement et d’amour comme ce mari qui reste près de son épouse mourante, se condamnant à une mort certaine.
Un monde injuste et inégalitaire
Les idées sociales de London ne sont pas abandonnées dans ce roman et c’est ainsi qu’il montre la déchéance de la femme d’un grand magnat de l’industrie, Van Warden, tombée entre les mains d’une brute, son chauffeur, après la mort de son mari. Elle est contrainte aux plus durs travaux, méprisée et battue, triste retour des choses, l’esclave d’hier devenant le tyran d’aujourd’hui. La situation sociale est inversée mais l’égalité n’est pas à l’ordre du jour dans une société ou le plus fort domine alors que jadis c’était le plus riche qui imposait sa loi.
La croyance aux bienfaits du progrès
Le monde dans lequel vit l’humanité en 2073 est bien triste. En bon socialiste, Jack London croit au progrès et à ses bienfaits. Il n'adhère pas à l'image du bon sauvage de Rousseau et au retour idyllique à la nature, et ceci d’autant plus, qu’il a souffert de la pauvreté, de la faim et de toutes sortes de privations dans son enfance. Le monde d’après la pandémie est dangereux, frustre, rude. Les bêtes sauvages sont devenus un danger pour l’homme, ours, loups. On y a faim, se nourrir est une préoccupation constante, et l’on doit chasser pour survivre. On est à la merci de la famine. La culture et l’art sont perdus. Les rescapés, trop occupés à assurer leur survie, n’ont pas su transmettre la lecture et l’écriture à leurs descendants. Les êtres humains n’en sont pas meilleurs, au contraire. Le vieillard, narrateur de l’histoire, a perdu toute dignité. Il pleure après un peu de nourriture. Ses petits-enfants, à l’exception d’Edwin, beaucoup plus gentil que les autres, le méprisent et le raillent. On dirait qu’ils ignorent ce qu’est l’empathie. Ils ne cherchent pas à s’instruire auprès de leur grand père et se moquent de ses récits d’autrefois.
Pessimisme ?
On pourrait dire que le roman de Jack London est pessimiste. Pourtant le roman se termine par une note optimiste : le vieillard a caché dans une grotte des documents qui permettront à l’espèce humaine de progresser plus rapidement lorsque le moment sera venu. Ainsi, il laisse une chance à l'humanité de reconquérir sa place privilégiée dans l'univers en espérant qu'il saura, cette fois, ne pas en abuser. (Mais cela, c'est moi qui l'ajoute!)
Un livre intéressant que je ne regrette pas d’avoir lu maintenant, en relation avec notre situation, car il permet une réflexion sur le présent!
Voir kathel : La peste écarlate
Voir Lilly : La peste écarlate
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