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jeudi 5 juillet 2012

Monumenta : l' exposition de Daniel Buren au Grand Palais




Monumenta, l'exposition de Daniel Buren au Grand Palais est un délice de couleurs. Le promeneur  qui s'aventure sous ces cercles colorés  comme dans une forêt est baigné par la teinte du cercle sous lequel il se trouve et quand il lève la tête, les verrières de la magnifique nef du palais semblent des kaléidoscopes.  Au centre de cet immense espace, de grands miroirs circulaires  disposés sur le  sol donnent  la profondeur,  devienant d'immenses puits de lumières colorées où dansent les enfants qui en ont fait un terrain de jeu. Si vous accédez en haut du double escalier monumental du Palais vous apercevez la forêt de cercles comme si vous dominiez le faîte d'arbres étranges.

Certes l'installation de Buren repose sur de savant calculs comme il est expliqué dans la revue Beaux-Arts :

"C'est en appliquant une formule mathématiques perse qui permet de combiner le plus grand nombre des cercles dans un espace donné que Daniel Buren a conçu la trame de son plafond du grand Palais. "la formule consiste à insérer des cercles de diamètres différents, tous tangents les uns aux autres et laissant entre eux le plus petit espace possible. Ils doivent être plus ou moins grands mais doivent respecter toujours les mêmes proportions".
L'exposition en chiffres est colossale : 1400 mâts en acier, 4, 5km de tubes, 120 tonnes d'acier, 377 cordes métalliques, 9500m2 de plastique coloré, 25 semi-remorques pour transporter le tout, 8 jours de montage  24h/24!

Vous l'avouerai-je? Je n'ai rien vu de tout cela mais l'aspect ludique, joyeux, coloré et... léger!




 










mercredi 4 juillet 2012

Susan Vreeland : Jeune fille en bleu jacinthe




Dans "Jeune fille en bleu jacinthe", Susan Vreeland, romancière américaine, raconte les aventures d'un tableau de Vermeer à travers les siècles.

Le récit commence à l'époque contemporaine où l'on retrouve le tableau de la jeune fille en bleu caché dans une pièce condamnée à tous, pour le seul plaisir d'un homme, dont le père, nazi, a dérobé le tableau dans l'appartement d'une famille juive après une rafle. Nous allons ensuite remonter le temps, de cette famille juive jusqu'à  l'époque où Vermeer a peint ce tableau.

Le récit est très plaisant, il nous fait découvrir à travers les tribulations du tableau des personnages intéressants, des époques et des mentalités différentes. Oeuvre d'imagination, il nous offre une belle fresque historique. Il est aussi un hommage à la peinture de Vermeer que l'écrivain connaît bien et dont elle sait parler avec sensibilité. 
On ne peut s'empêcher, bien sûr, de le comparer à La jeune fille à la Perle bien qu'il soit très différent puisque le roman de Tracy Chevalier reste ancré à l'époque de Vermeer et raconte l'histoire d'une jeune servante placée chez le peintre, roman initiatique qui amène à la jeune fille  à la découverte de l'art, de l'amour mais aussi de l'injustice sociale. Dans Jeune fille en bleu jacinthe, c'est la seconde fille de Vermeer, Magdelena, qui sert de modèle au peintre. Un jeune fille un peu effacée, timide, silencieuse, qui rêve de devenir peintre mais ne le pourra jamais pour la seule raison qu'elle est née fille et que son  père ne s'intéressera pas à elle!
Un agréable roman même si j'ai préféré La jeune fille à la Perle qui me paraît avoir plus de force dans la description de la psychologie des personnages et de la société. Ce qui m'a le plus touchée dans le roman de Susan Vreeland, c'est la manière dont elle parle de l'émotion que produit ce tableau même chez les gens les plus modestes, du  bonheur qu'il peut procurer et de la manière dont il va révéler ceux qui le côtoient à eux-mêmes.. Et c'est bien là, la fonction véritable de l'oeuvre d'art! 


Ainsi Hannah, la jeune fille juive qui possède le tableau, renfermée sur elle-même, murée dans le silence contemple souvent cette oeuvre :
Maintenant, elle comprenait ce qui lui faisait aimer la jeune fille du tableau. C'était son silence. Après tout une peinture ne peut parler. Hannah avait pourtant l'impression que cette fille qui  restait assise dans cette pièce mais regardait dehors était silencieuse de  nature, comme elle. Mais cela ne signifiait pas que la jeune fille n'avait aucun désir comme sa mère l'avait prétendu. Son visage révélait à Hannah qu'elle désirait quelque chose de trop intense et de trop lointain pour jamais oser en dire un mot, mais qu'elle y réfléchissait là près de la fenêtre. Et elle ne se contentait pas de désirer. Elle était capable d'entreprendre de grandes choses, extravagantes et tendres.

Saskia, elle,  a découvert le tableau et un bébé dans une barque sur la rivière en crue. Comme elle aimerait pouvoir conserver ce tableau mais il faudra bien le vendre pour pouvoir élever l'enfant :
Le brun-roux de  la jupe que portait la jeune fille chatoyait, tel des feuilles d'érable dans le soleil automnal; Entrant en flots par la fenêtre, une lumière jaune crème comme les pétales intérieures des jonquilles illuminaient le visage de l'adolescente et se posait sur les ongles brillants.  Saskia intitula le tableau : Eclat du matin : sa grand mère lui avait appris que les peintures portaient un nom.





mardi 3 juillet 2012

L'exposition au Grand Palais : Beauté animale

Paris  :
 John James Audubon  Flamant rose (1838) dans The birds of America from original drawings


La Beauté animale  au Grand Palais  expose des oeuvres de la Renaissance à nos jours qui prouvent  l'intérêt des artistes pour le monde animalier et présente différents points de vue pour l'aborder.
 Peintures, sculptures, dessins, donnent un  bel aperçu de l'art animalier qu'il s'agisse des animaux familiers, du chien de Bassano  au chat de  Bonnard ou Giacometti, des mouton de Dürer ou Moore,  des animaux sauvages, tigre de Delportes, Lion de Géricault...

J'ai particulièrement aimé les lignes épurées de  L'ours blanc de François Pompon (1928_29)...

L'exposition donne à voir, à côté des animaux disparus comme le fameux Dodo (Jean Savery (1651), des animaux exotiques comme l'éléphant, le rhinocéros, la girafe  qui ont suscité une si grande curiosité que les puissants de ce monde les "collectionnent" dans des ménageries et que des montreurs les promènent de vile en ville pour un public curieux et avide de  nouveauté. C'est ainsi que les artistes peuvent peindre : l'éléphant (Rembrandt,) le rhinocéros (Longhi)....


L'exposition propose des oeuvres naturalistes qui témoignent des observations menées par les artistes et de leur désir de transmettre une description minutieuse; elles sont à la  fois d'une rigoureuse précision scientifique et d'une grande beauté, planches que l'on peut  découvrir dans les traités de sciences naturelles dès la Renaissance : le lièvre de  de Hans Hoffman (1591), Le dindon de Jacopo Ligozzi (1600),  le flamand rose d'Audubon (1838) ...
Tête de mouton de Paulus Potter (1654)


L'art rend aussi compte de la manière dont les animaux sont considérés à travers les âges tel le chat, créature du diable, animal utile, mangeur de souris ou animal favori ou  encore ceux qui continuent à nous effrayer comme la la chauve-souris.  A noter la confrontation de trois représentations de  ce mammifère si décrié,  aquarelle et encore noir sur papier de Dûrer (1522), huile sur toile de Van Gogh (1885) ou fer soudé de César (1951)


Chauve-souris de César (1954)

     Francisco Goya Combat des chats (1786_1787)   du chat maléfique....        


au Chat sur un fauteuil de Théophile Steinlen (1878)

 Cette exposition intéressante  m'a pourtant laissée sur ma faim à cause de la pauvreté de la représentation contemporaine surtout quand on en connaît la richesse! Je m'attendais à un feu d'artifice à la fin et cela a débouché sur deux oeuvres seulement, caniche de Jeff Koons (1991) et dessin  Spider de Louise Bourgeois (1994)!  

Un goût d'inachevé! Un peu déçue donc que l'expo se termine ainsi en queue de poisson  (sans jeu de mot!) alors qu'elle avait  si bien commencé!

Beauté animale : Grand Palais

 Du 21 mars au 16 juillet 2012 : Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h (nocturne le mercredi jusqu’à 22h)
 Plein tarif : 12 euros
Tarif réduit : 8 euros
(13-25 ans, demandeur d'emploi, famille nombreuse) 

Gratuit pour les moins de 13 ans bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse.




lundi 2 juillet 2012

De La Tempête de Skakespeare à The Tempest Replica de la chorégraphe Crystal Pite : Festival de Marseille




The Tempest  Replica de Crystal Pite d'après Shakespeare

Le spectacle de danse contemporaine donné au festival de Marseille The Tempest Replica de la chorégraphe  canadienne Crystal Pite par la compagnie Kidd Pivot est inspiré de La Tempête de  William Shakespeare.

L'intrigue de la pièce de Shakespeare
Prospéro, duc de Milan, a été dépossédé de son royaume par son frère Antonio. Celui-ci, après avoir usurpé le trône, exile Prospero et sa fille Miranda, les jetant dans une barque qui les conduit dans une île enchantée. La seule créature de forme humaine qu'ils y trouvent est Caliban, un monstre hideux, fils de sorcière, qu'ils traitent avec  bonté. Mais la nature brutale de Caliban est rebelle à l'éducation et Prospero ne peut avoir prise sur lui que par la force.
Prospéro qui a pu conserver sa bibliothèque dans son exil apprend la magie dans un livre occulte et parvient à dominer les forces de la nature. Il se rend maître d'Ariel, Esprit de l'air et avec sa collaboration, sachant que le navire de son frère va passer auprès de l'île, il commande une tempête qui va jeter les naufragés sur  son île. Ferdinand, le fils d'Alonso, roi de Naples, isolé des autres, rencontre Miranda et les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre. Prospero qui a pour dessein de les marier feint de vouloir les séparer pour mieux attiser leur amour.
Antonio, le duc usurpateur, Alonso, le roi de Naples et leurs compagnons sont rejetés sur une autre partie de l'île. Antonio  fomente un complot contre Alonso avec le frère de celui-ci, Sebastien, pour s'emparer de Naples. Tous vont être amenés à rencontrer Prospero et être sous sa domination. Celui-ci pardonne à son frère, célèbrent les fiançailles des enfants et, après avoir libéré Ariel, renonce à la magie en brûlant son livre. Tous ensemble, ils quittent l'île. 



The Tempest Replica : Prospero raconte le passé à sa fille Miranda

Les Thèmes et l'interprétation : quelques pistes (entre autres!)
La Tempête de Shakespeare est complexe et présente des nombreux thèmes qui peuvent être différemment interprétés.
 La pièce utilise, bien sûr, les ressources du Merveilleux et la poésie qui se dégage de cette île enchantée "pleine de rumeurs/ de bruits, d'airs mélodieux qui charment sans nuire" tient captif le spectateur. Mais la pièce est aussi réaliste puis qu'il s'agit d'une réflexion sur le pouvoir. Lorsque Prospéro, duc de Milan, se réfugie dans ses livres, s'adonne à l'étude, et fait confiance à son frère Antonio, un homme sans scrupules et sans conscience, il est vaincu par celui-ci qui se débarrasse de lui brutalement. La force paraît donc supérieure au savoir et à l'esprit. Mais c'est pourtant par le savoir que Prospero, sur son île, va dominer la nature, reconquérir son trône et prouver sa supériorité sur ses ennemis. Le savoir assure donc la grandeur de l'être humain mais pas seulement, car l'homme doit, de plus, apprendre à être maître de lui-même. Par la clémence, en choisissant le pardon plutôt que la vengeance, par sa renonciation à la magie et aux forces brutales, Prospero est digne de représenter l'humaniste héritier de la Renaissance. En même temps, il y a une ambiguïté à la fin de la pièce, car en renonçant à ses pouvoirs magiques, il se livre pieds et poings liés à la force brutale que représente Antonio qui n'a eu, lui, aucun mot de repentir et ne sait pas ce qu'est la conscience.

Prospero : Tous mes charmes sont abolis/ et voilà que j'en suis réduit/ A mon seul pouvoir/combien pauvre
Antonio  à propos de la conscience : Où cela se niche-t-il?
Si c'était une ampoule au pied, je porterais
Pantoufle, mais je ne sens point cette déesse
En mon sein. 

The Tempest Replica : Propero et Caliban

Le personnage de Caliban est lui aussi sujet à de multiples interprétations. A l'époque de  la création de la Tempête (1611) les découvertes de nouveaux mondes et les massacres perpétrés sur les peuples indigènes déjà dénoncés par Montaigne ( Les Cannibales1580-1595) peuvent permettre de voir en Caliban la figure du bon sauvage réduit en esclavage par l'envahisseur. Mais l'homme à l'état naturel, Caliban, n'est pas bon et  il est incontestablement inférieur à Prospéro dans la pièce de Shakespeare. On a pu voir aussi en lui, l'une des faces de la personnalité de Prospéro. Chaque homme porte en lui deux forces antagonistes, celles du Bien et du Mal. En cherchant à dominer Caliban, Prospero lutte contre le mal qui est en lui et dont il devra triompher pour devenir un Homme véritable. De même en libérant Ariel, esprit de l'air, après s'être servi de lui, Prospero apprend que la domination de l'homme sur la nature doit avoir des limites et qu'il doit savoir la respecter. La tempête est donc une pièce relativement optimiste. Certes la nature humaine est mauvaise mais l'homme est capable de choisir le bien et de renoncer au pouvoir qu'il exerce sur les autres. Cependant le dramaturge nous rappelle que la bataille n'est jamais complètement gagnée et que le Bien reste fragile.

The Tempest Replica : l'île magique : Miranda et Ferdinand

Le ballet contemporain au festival de Marseille
Comme dans la pièce de Shakespeare qui respecte les règles classiques, un seul lieu, un seul jour, le ballet débute avec la tempête ordonnée par Prospéro. Toute cette première partie qui allie langage chorégraphique et jeux de lumière, effets sonores et visuels, vidéo qui raconte le passé, est très belle. On est véritablement projeté au milieu des éléments déchaînés et l'on voit les hommes emportés par la violence des vagues et du vent. L'effet est magnifique. Les personnages sont aussi surprenants et magiques, vêtus de blanc, le visage enveloppé dans des voiles, (des bandelettes?) ils paraissent prisonniers d'une chrysalide comme s'ils n'étaient pas véritablement humains à l'exception de Prospero qui apparaît tête nue. Et ils ne sont pas humains, en effet! Caliban est à mi-chemin de l'homme et de l'animal, ce que soulignent son costume assez irréel, hérissé de pointes, le bruitage, et la gestuelle qui le maintient à quatre pattes... Tout le ravale au rang de la bête. Les jeunes gens, Miranda et Ferdinand, qui s'éveillent à l'amour (Miranda n'a jamais vu d'être humain en dehors de son père) attendent de prendre leur envol. L'usurpateur et ses compagnons sont des êtres plutôt primitifs. Quand enfin, ils accèderont au statut d'hommes, ils apparaîtront visage dévoilé.
Et puis... Je n'ai pas trop compris ce que venait faire l'ouverture d'une porte au milieu de l'intrigue avec ce rai de lumière et cette irruption du monde moderne. Peut-être cela symbolise-t-il l'instant où les personnages se libèrent puisqu'ils apparaissent ensuite en costumes modernes et visage nu? Mais je l'ai ressenti comme une rupture de rythme, un arrêt dans le récit et j'ai dans l'ensemble beaucoup moins apprécié cette seconde partie. Certes, la chorégraphie est intéressante quand elle montre la lutte de Prospéro contre Ariel et Caliban, la domination qu'il exerce sur tous, maître-manipulateur tirant les fils de marionnettes. Il y a de beaux moments lorsque, par exemple, il libère sa fille, exerçant une poussée sur ses jambes pour qu'elle s'éloigne de lui comme un enfant qui fait ses premiers pas...  Mais j'ai trouvé les  solos, les pas de deux des danseurs (tous d'ailleurs excellents) trop répétitifs d'où un sentiment d'ennui, j'ai eu l'impression parfois de revenir en arrière dans l'action, je n'ai pas senti assez nettement l'évolution des personnages. Et c'est dommage! 

 The Tempest Replica : La mort de Prospero?

Notons, ce qui est remarquable, le choix de la chorégraphe dans le dénouement. Elle montre Prospero abattu par Antonio et ses complices.  Les visages de ces hommes sont à nouveau enveloppés. Dans le ballet, le Mal  triomphe donc?



Challenge de Maggie et Claudialucia

dimanche 1 juillet 2012

Un livre/un jeuMarguerite Duras : L'amant






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Réponse à l'énigme n°39

Bravo à  :  Dasola, Eeguab, Keisha, Pierrot Bâton, Shelbylee, Somaja, Thérèse


Le roman : L'amant de Marguerite Duras

Le film : l'Amant de Jean-Jacques Annaud







Marguerite Duras (1914-1996) de son vrai nom Marguerite Donnadieu est une des plus reconnus parmi les écrivaines françaises du XX siècle.

Elle a vécu à Saïgon où ses parents travaillaient dans l'enseignement. Quand son père meurt en 1921, sa mère repart en France avec ses trois enfants, Pierre Paul et Marguerite. Puis elle retourne en Indochine où elle achète une terre de l'administration coloniale et en ressort ruinée. C'est cette expérience qui inspirera à Marguerite Duras son livre Barrage contre le Pacifique. L'Amant qui obtient le prix Goncourt en 1984 raconte aussi un  période de sa vie là-bas. Je laisse à François Nourrissier le soin de vous présenter.

Présentation du livre par François Nourissier (Le Figaro Magazine, 20 octobre 1984)

« Dans L’Amant, Marguerite Duras reprend sur le ton de la confidence les images et les thèmes qui hantent toute son œuvre. Ses lecteurs vont pouvoir ensuite descendre ce grand fleuve aux lenteurs asiatiques et suivre la romancière dans tous les méandres du delta, dans la moiteur des rizières, dans les secrets ombreux où elle a développé l’incantation répétitive et obsédante de ses livres, de ses films, de son théâtre. Au sens propre, Duras est ici remontée à ses sources, à sa “ scène fondamentale ” : ce moment où, vers 1930, sur un bac traversant un bras du Mékong, un Chinois richissime s’approche d’une petite Blanche de quinze ans qu’il va aimer. Il faut lire les plus beaux morceaux de L’Amant à haute voix. On percevra mieux ainsi le rythme, la scansion, la respiration intime de la prose, qui sont les subtils secrets de l’écrivain. Dès les premières lignes du récit éclatent l’art et le savoir-faire de Duras, ses libertés, ses défis, les conquêtes de trente années pour parvenir à écrire cette langue allégée, neutre, rapide et lancinante à la fois capable de saisir toutes les nuances, d’aller à la vitesse exacte de la pensée et des images. Un extrême réalisme (on voit le fleuve, on entend les cris de Cholon derrière les persiennes dans la garçonnière du Chinois), et en même temps une sorte de rêve éveillé, de vie rêvée, un cauchemar de vie : cette prose à nulle autre pareille est d’une formidable efficacité. À la fois la modernité, la vraie, et des singularités qui sont hors du temps, des styles, de la mode. »




Marguerite Duras ne fait pas partie de mes écrivains préférés. Certes son style est très beau mais,  en dehors de Barrage contre le pacifique que j'ai aimé,  j'ai lu beaucoup de livres d'elle sans être jamais  être totalement accrochée. Au sujet de L'Amant, j'ai trouvé l'avis de Hélène dans son blog Lecturissime dont c'est une des livres préférés. Je cite  :

 J'ai cherché dans la liste des Goncourt, quelle était la lecture qui m'avait le plus marquée et il se trouve qu'il s'agissait de L'amant.

Des années après sa lecture, je me souviens encore de la magie de ce texte, la magie du style qui donne littéralement à voir grâce à sa musicalité qui parle directement aux sens :
  Voir suite ICI


Anecdote dans Wikipédia
En 1992, après un dîner d'amis où Marguerite Duras a été consacrée auteur le plus surfait du moment, le journaliste Guillaume P. Jacquet (alias Étienne de Montety) recopie L'Après-Midi de M. Andesmas, un des livres célèbres de Marguerite Duras, en ne changeant dans le texte que les noms des personnages et en remplaçant le titre par « Margot et l'important ». Il envoie le résultat aux trois principaux éditeurs de Duras : Gallimard, POL et les Éditions de Minuit. Les Éditions de Minuit répondent à Guillaume P. Jacquet que « [son] manuscrit ne peut malheureusement pas entrer dans le cadre de [leurs] publications »; Gallimard que « le verdict n'est pas favorable »; POL que « [le] livre ne correspond pas à ce qu'[ils] cherchent pour leurs collections ». Le fac-similé des lettres de refus est publié dans le Figaro littéraire sous le titre « Marguerite Duras refusée par ses propres éditeurs »[35].

samedi 30 juin 2012

Un livre/ Un film : Enigme n° 39




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film


Enigme 39


Pour cette dernière énigme avant les vacances, je présente le roman autobiographique (prix Goncourt) d'une  écrivaine française qui y raconte son adolescence.

Et puis elle demande : écrire quoi? Je dis des livres, des romans. Elle dit durement : après l'agrégation de mathématiques tu écriras si tu veux, ça ne me regardera plus. Elle est contre, ce n'est pas méritant, ce n'est pas du travail, c'est une blague -elle me dira plus tard : une idée d'enfant.

La petite au chapeau de feutre est dans la lumière du fleuve, seule sur le pont du bac accoudée au bastingage. Le chapeau d'homme colore de rose toute la scène. C'est la seule couleur. Dans le soleil brumeux du  fleuve, le soleil de la chaleur, les rives se sont effacées, le fleuve paraît rejoindre l'horizon.

vendredi 29 juin 2012

A la maison de Victor Hugo : Les arcs-en-ciel du Noir, une belle exposition



Victor Hugo Burg dans l'orage (1837)

Lors de notre séjour à Paris, nous étions logés dans le Marais, pas très loin de la Place des Vosges. Aussi une heure après notre arrivée nous étions déjà chez Victor Hugo!

Victor Hugo s'installa au deuxième étage de  l'hôtel de Rohan-Guéménée, place des Vosges, quand il avait trente ans avec sa femme Adèle Foucher et ses quatre enfants. Il est célèbre, la bataille d'Hernani a déjà eu lieu; Chef de file du Romantisme, il est adulé et admiré par tous ses disciples! C'est dans cette  maison qu'il reçoit tous les grands noms du Romantisme. Il y resta pendant seize ans. Le musée a été ouvert dans ces lieux en 1902 à la suite d'un legs important de Paul Meurice à La ville de Paris. 

A côté de la visite de l'appartement nous avons pu voir une passionnante exposition intitulée : Les arcs-en -ciel du Noir.

 Victor Hugo : les trois arbres (1856)

Annie lebrun, commissaire de l'exposition écrit : A plusieurs reprises on s'est intéressé aux jeux d'ombres et de lumière chez Victor Hugo comme à son activité graphique indissociable du noir de l'encre. Mais sans doute n'a-t-on pas mesuré quelle puissance génératrice a chez lui l'obscur qui semble l'équivalent d'une matière noire, tout aussi déterminante dans son oeuvre littéraire que dans son oeuvre graphique.

 L'encre, cette noirceur d'où sort un lumière (Dernière gerbe Tas de Pierres) écrivait Victor Hugo en 1856 .

L'exposition s'appuie sur des document variés, des premiers romans de  Hugo aux dernières oeuvres, sur des manuscrits, des lettres,  des tableaux, lavis, gravures, lithographies, plus 80 dessins de Hugo dont certains jamais exposés,  sur des objets, les illustrations de ses livres...  Elle montre l'engagement progressif de Victor Hugo dans cette "matière", le noir, qui est bien plus qu'une approche esthétique et dont il explore toutes les possibilités; puis cette avancée dans les ténèbres jusqu'au moment où le noir devient intériorisation, volonté affirmée, impossibilité d'autre chose :
L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, l'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir"   écrit-il dans William Shakespeare (1864).

Et cela jusqu'à l'éblouissement : Ce don de l'homme de mettre le feu à l'inconnu

Un petit livret accompagne l'exposition, collecte toutes les citations de Victor Hugo, recensant toutes les oeuvres qui sont exposées et complète agréablement cette remarquable exposition.

MAISON DE VICTOR HUGO
 6, place des Vosges-75004 Paris
Les Arcs-en-ciel du Noir  : du 15 Mars au 19 août
Métro : Saint-Paul (1), Bastille (1, 5, 8), Chemin-Vert (8) Bus : 20, 29, 65, 69, 96 Vélib : 27 boulevard Beaumarchais, 26 rue Saint-Gilles, 36 rue de Sévigné
Tél. : 01 42 72 10 16
Horaires
Ouvert tous les jours sauf lundis et jours fériés de 10 à 18h jusqu'au 19 août
Tarifs
PT : 5 € TR : 3,5 € T jeunes (-27 ans) : 2,5€





jeudi 28 juin 2012

Leonardo Padura : Les brumes du Passé (Citation)



Miro Argenter Jose : Cronicas de la guerra de Cuba (1911)

Un des livres qui compose la bibliothèque idéale des Montes de Oca dans le roman



Dans Les brumes du passé, Cristobal, le vieux bibliothécaire qui a fait découvrir à Mario Condé l'amour de la lecture  part à la retraite dans un pays, Cuba, qui est en crise. Inquiet pour le sort de la bibliothèque après son départ, il se confie à Mario : 

Chacun des livres qui sont là derrière (il indique le magasin du fond) a son âme, sa vie, il a une part de l'âme et de la vie des gamins, qui, comme toi, sont passés par cette bibliothèque et les ont lus au cours de ces trente années. J'ai classé chacun de ces livres, je les ai rangés à leur place, je les ai  nettoyés, recousus, collés, quand c'était nécessaire. Mon petit Conde, j'ai vu beaucoup de folies durant ma vie. Que va-t-il leur arriver?
 Chaque livre, n'importe lequel est irremplaçable, chacun a un mot, une phrase, une idée qui attend son lecteur.

mercredi 27 juin 2012

Un bonheur insoutenable d'Ira Levin/ La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric



Un bonheur insoutenable  d'Ira Levin

Vous l'avez remarqué ou non? Je ne suis pas très courageuse en ce moment ni pour écrire, ni pour venir vous voir! J'ai pourtant de nombreux livres, des spectacles et des expositions à commenter.  Alors, je vais essayer de faire un effort en commençant par un court billet sur deux livres voyageurs que  Jeneen m'a envoyés.

Un bonheur insoutenable est un roman de fiction qui montre le Futur d'un monde qui paraît bien être le nôtre où une forme autocratique de gouvernement maintient les habitants sous domination, les empêchant de vivre comme des êtres humains, les privant sans qu'ils le sachent de leur liberté. Une dystopie, en quelque sorte

Définition de Wikipédia
Une dystopie — ou contre-utopie — est un récit de fiction peignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur. La dystopie s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie en propose un des pires qui soient. La différence entre dystopie et utopie tient moins au contenu (car, après examen, nombre d'utopies positives peuvent se révéler effrayantes) qu'à la forme littéraire et à l'intention de son auteur.)

Dans ce monde, les hommes sont gouvernés par un ordinateur géant UniOrd qui surveille non seulement leurs déplacements mais aussi leurs pensées, qui leur administre des calmants à la moindre angoisse  pour les rendre dociles et qui programme leur avenir sans qu'ils aient seulement l'idée de pouvoir choisir. Ils tous les mêmes prénoms,  au nombre de trois suivis d'un numéro. Rien ne les différencie les uns des autres sauf quelques "anormaux" comme LI RM35M4419 qui a les yeux vairons. Et pourtant, malgré cela, il existe des "incurables" qui  résistent et cherchent à s'enfuir sur des îles qui ne sont pas sous la domination d'UniOrd. LI que son grand père a nommé Copeau est de ceux-là! le vieil homme est peu bizarre, pas encore bien programmé comme tous les ancêtres. C'est lui qui a aidé  a construire l'ordinateur et il révèle certains secrets à Copeau...
Vous allez me dire que le récit, écrit en 1970, n'est pas nouveau après Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley, le 1984 de George Orwell, le Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, la Planète des singes de Pierre Boulle.... Et pourtant, il est traité de manière originale. Il parle de la liberté humaine, bien sûr, mais pas seulement dans un monde comme celui d'UniOrd. Quand Copeau choisit "la liberté" il trouve une société où les ouvriers, au bas de l'échelle, font les travaux les plus durs pour des salaires de misère qui assurent à peine leur survie.  Il pose aussi un autre problème bien d'actualité. Qu'advient-il d'un peuple soumis à la dictature pendant de longues années? La démocratie va-t-elle de soi? Un autre dictature ne risque-t-elle pas de remplacer la précédente?
Un bon livre que j'ai lu avec plaisir.


La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric

La nuit des enfants rois est un thriller fantastique qui se passe aux Etats-Unis et en particulier à New York. Jimbo Farrar est scientifique surdoué qui a inventé un ordinateur d'une puissance et d'une complexité énormes qui lui permet de découvrir, à travers le pays, des enfants d'une intelligence prodigieuse. Lorsque ceux-ci deviennent adolescents, fasciné par leur génie, il les fait venir à New York avec  d'autres surdoués pour suivre des cours dans une école réservée à des individus hors du commun. Les sept qui se reconnaissent entre eux décident de se donner rendez-vous dans Central Park la nuit. Là, ils sont sauvagement agressés et violés. Désormais, animés par la haine, ils vont mettre leurs dons exceptionnels au service du Mal. Jimbo Farrar parviendra-t-il à les contrôler ou est-il au contraire un de leurs complices?

Le récit est  très bien mené et les agissements des enfants sont d'une surprenante intelligence; le suspense très habile nous maintient dans l'incertitude presque jusqu'au bout. Un roman à lire si vous aimez avoir peur! .

Merci Jeeneen!

mardi 26 juin 2012

Au fil des blogs, au fil des rencontres


La maison IV de chiffre, édifiée en 1493


Cette année serait-elle celle des rencontres avec nos amies blogueuses? Wens (En effeuillant le chrysanthème) et moi avons fait deux agréables rencontres.


Pendant notre séjour à Paris, début Juin, nous avons fait la connaissance de Miriam (carnets de voyages). Nous avons vu ensemble la belle exposition sur Cima da Conigliano, un peintre vénitien de la fin du XV siècle. Nous nous  sommes promenés dans les allées du jardin du Luxembourg  puis avons parlé voyages et littérature dans un café. Nul doute qu'elle viendra nous rendre visite à Avignon! N'est-ce pas Miriam?)

Lundi 25, c'est Aifelle ( Le goût des livres) qui était sur Avignon avec son amie Michèle. Elle est installée au pied du Luberon et visite la région assidûment! Je suis sûre que vous verrez des photographies du Palais des Papes que nous avons visité ensemble au moment où la cour d'Honneur se pare pour le Festival. Après la visite de la ville nous avons terminé la soirée chez nous où les discussions n'ont pas chômé. J'ai trouvé en Aifelle une alliée pour défendre le grand Gérard Philippe bassement attaqué par Wens. N'est-ce pas Aifelle?

Des rencontres très sympathiques....

dimanche 24 juin 2012

Un livre/ Un jeu : Goethe et Sokourov : Faust


Faust et Méphistophélès par  Eugène Delacroix



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 Réponse à l'énigme  N° 38

Ceux qui ont signé un pacte avec Méphisto sont  :  Dasola, Eeguab, Miriam

  La pièce de théâtre : Faust de  Goethe

Le film : Faust de Sokourov actuellement sur les écrans.







Faust, la pièce de Goethe est parue en 1808. Elle a été suivie d'un Faust II en 1832 qui est la suite de la première pièce et que Goethe a écrit dans sa vieillesse. C'est le Faust I que je présente ici.

Le personnage historique, le docteur Georgius Sabellicus Faustus Junior, alchimiste allemand du XVI siècle accusé de sorcellerie, qui a inspiré la pièce a réellement existé même si sa vie nous est mal connue, déformée par les différentes versions qu'il nous en a été donné.  Voir ICI  
C'est que très tôt, ce personnage a frappé l'imagination des créateurs et a été à l'origine d'oeuvres qui ont répandu sa légende, en particulier la pièce de Christofer Marlowe écrite en 1590. Mais c'est surtout depuis Goethe que le mythe a pris une telle ampleur.


Le sujet de la pièce
 Faust, devenu, vieux, se plaint que la connaissance s'est toujours dérobée à lui alors qu'il a pourtant voué sa vie à l'étude. Il décide de mourir en avalant du poison. Le Diable, Mephistophélès, qui s'est introduit chez lui sous la forme d'un chien noir, lui propose un pacte : il lui fera goûter les plaisirs de la vie mais Faust lui donnera son âme. Faust rencontre Marguerite, fille modeste et vertueuse, qu'il n'a de cesse de séduire. Celle-ci, pour que Faust puisse la rejoindre dans sa chambre, donne un somnifère à sa mère mais celle-ci en meurt.Valentin, le frère de Marguerite, veut venger l'honneur de sa soeur et est tué par Faust avec l'aide de Méphistophélès. Faust s'enfuit avec son diabolique compagnon et parcourt le monde. Apprenant que Marguerite est condamnée à mort pour infanticide, il s'introduit dans la prison pour la sauver mais celle-ci refuse de partir avec lui. Elle meurt.

Lutte entre le corps et l'esprit

Dans le Faust I Goethe a voulu montrer comment l'homme toujours assoiffé de connaissance a peu de prise sur le savoir. Il se voudrait l'égal de Dieu pour expliquer le monde mais ne parvient à accéder qu'à une infime et insignifiante partie de cette explication.

Je le sens, en vain, j'aurais accumulé sur moi tous les trésors de l'esprit humain... lorsque je veux enfin prendre quelque repos, aucune force nouvelle ne jaillit de mon coeur; je ne puis grandir de l'épaisseur d'un cheveu, ni me rapprocher tant soit peu de l'infini.

Vaut-il la peine dans ces conditions de consacrer  sa vie à l'étude, comme l'a fait le docteur Faust, de donner la prééminence à la pensée. Ne vaudrait-il pas mieux se tourner vers l'action? C'est l'éternel dilemme de l'homme, ce duel entre le corps et l'esprit.

Deux âmes, hélas! se partagent mon sein et chacune d'elle veut se séparer de l'autre : l'une, ardente d'amour, s'attache au monde par le moyen des organes du corps; un mouvement entraîne l'autre loin des ténèbres, vers les hautes demeures de nos aïeux!

Athéisme?

La pièce de Goethe  et le film de Soukorov posent des problèmes philosophiques et métaphysiques qui me dépassent et j'avoue que je n'ai pas tout saisi avec une seule lecture du livre et un seul visionnement du film. Il faudrait lire et relire, voir et revoir, analyser, étudier, tant les deux oeuvres sont riches et complexes, semblables et différentes. Je vous livre ce que je crois avoir compris :
Quand Faust commente l'Evangile de Jean : Au commencement était le Verbe, Faust, traducteur du texte grec, commet un blasphème en remplaçant le mot Verbe par : Au commencement était l'action. Première question : Faust est-il athée? On peut se le demander. En récusant le mot Verbe, il refuse Dieu car le Verbe c'est Dieu comme  l'affirme Saint Jean. En prônant l'action, il se prend parti pour l'Humain car l'action c'est l'homme! Pourtant si le personnage de Faust de Goethe est athée, son auteur ne l'est pas! A la mort de Marguerite, le Diable s'exclame  "elle est jugée" et  une voix céleste répond : "elle est sauvée". Dans le Faust II, Faust échappera à la damnation par l'intercession de Marguerite auprès de Dieu.


Il est écrit : « Au commencement était le Verbe ! »
Ici déjà j'hésite ! Qui m'aidera à aller plus loin ?
Il m'est impossible de priser si haut le Verbe,
Il faut que je traduise autrement,
Si je suis bien illuminé par l'Esprit.
Il est écrit : Au commencement était la Pensée.
Médite bien sur cette première ligne,
Afin que ta plume n'aille pas trop vite !
Est-ce la Pensée qui crée et produit tout ?
Il faudrait mettre : Au commencement était la Force !
Mais à l'instant même où je transcris ces mots,
Quelque chose m'avertit que je n'en resterai pas là.
L'Esprit me vient en aide ! Je vois soudain la solution
Et j'écris avec assurance : Au commencement était l'Action !
 

Dans le film de Sokourov, Faust est très nettement athée et il l'affirme devant son assistant Vagner. En disséquant des cadavres, il n'a jamais trouvé l'âme; l'homme n'est fait que d'organes et de chair qui se corrompent vite. On pourrait penser que signer un pacte avec le diable prouve l'existence de Dieu aux yeux de Faust. Mais il n'en est rien car le fait que le Mal existe ne signifie pas l'existence du Bien. Contrairement à Goethe, Sokourov refuse l'intervention divine. En ne  donnant aucune limite à la liberté humaine, il se pose lui aussi en athée. Faust nie le Diable, se débarrasse de lui, déchire le contrat et part à la conquête du savoir, marchant vers les plus hautes cimes des montagnes enneigées dans une orgueilleuse solitude.

Le thème de l'amour

Dans sa recherche de jouissance immédiate et superficielle, Faust est pressé de posséder le corps de Marguerite et, dans la pièce comme dans le film, il exige de Méphisto qu'il accède au plus vite à ses désirs. En vain, le Diable essaie-t-il de lui faire comprendre que les petites attentions, l'attente, les préliminaires qui permettent de vaincre la pudeur de la jeune fille, sont le meilleur de la jouissance.  Une fois qu'il a obtenu ce qu'il voulait Faust se désintéresse de sa maîtresse. Mais dans la pièce nous voyons qu'il est sensible à la tragédie que vit Marguerite puis qu'il va jusqu'à la secourir. Dans le film, il est à peine question de la jeune fille pour apprendre aux spectateurs ce qui lui est arrivé. Cela ne détourne pas Faust de sa quête du savoir qui est non seulement solitaire mais brutale et égoïste.



 Faust et Marguerite par le peintre romantique Ary Shafer

Le romantisme de Goethe

Cette pièce se rattache au courant Sturm und Drang (Tempête et passion), inspiré de Jean-Jacques Rousseau et de William Shakespeare. Le Sturm und Drang est un mouvement politique, social, littéraire et artistique qui s'est développé à la fin du XVIII siècle en Allemagne autour de Goethe, Herder, Kingler... Il est caractérisé par son aspiration à la liberté dans un monde dominé par l'absolutisme et par un intérêt nouveau pour la Nature. Il refuse les conventions sociales mais aussi littéraires et se soustrait aux règles classiques aboutissant à des formes littéraires nouvelles. Il est à l'origine du romantisme allemand qui, par la suite, fut une source d'inspiration pour le romantisme français.

Le romantisme de Goethe s'exprime par un style lyrique, ample, qui exalte la Nature. Seule, elle permet à l'homme de se libérer de la pesanteur de son corps :
Oh! que n'ai-je des ailes pour m'élever de la terre et m'élancer ... dans une clarté éternelle.! Je verrais à travers le crépuscule tout un monde silencieux se dérouler à mes pieds, je verrais toutes les hauteurs s'enflammer, toutes les vallées s'obscurcir, et les vagues argentées des fleuves se dorer en s'écroulant.
C'est un beau rêve tant qu'il dure! Mais hélas! le corps n'a point d'ailes pour accompagner le vol rapide de l'esprit

Romantique aussi le fantastique dans lequel baigne l'oeuvre. Faust dans sa fuite autour du monde et sa recherche des jouissances terrestres assiste au sabbat des sorcières. Dans le cours de l'action viennent s'intercaler des passages oniriques : Songe d'une nuit de Sabbat ou Noces d'or d'Obéron et de Titania.  Les personnages de Shakespeare  hantent cette nuit de Walpurgis.

Le romantisme de Goethe, c'est aussi le recours aux chansons populaires, le romantisme allemand recherchant son inspiration dans les contes et les légendes du pays, dans la musique et les chansons du peuple. La légende du roi de Thulé que chante Marguerite en est le plus bel exemple.

Il était un roi de Thulé
A qui son amante fidèle
Légua, comme souvenir d'elle,
Une coupe d'or ciselé.
C'était un trésor plein de charmes
Où son amour se conservait :
A chaque fois qu'il y buvait
Voir  ICI

Les étudiants et les soldats dans les tavernes, Méphisto lui-même, chantent des airs populaires, comme le fameux air de la puce.

 
Une puce : La damnation de Faust Hector Berlioz

Une puce gentille
Chez un prince logeait.
Comme sa propre fille,
Le brave homme l'aimait,
Et, l'histoire assure,
A son tailleur un jour
Lui fit prendre mesure
Pour un habit de cour.
L'insecte, plein de joie
Dès qu'il se vit paré
D'or, de velours, de soie,
Et de crois décoré.
Fit venir de province
Ses frères et ses sœurs
Qui, par ordre du prince,
Devinrent grands seigneurs.
Mais ce qui fut bien pire,
C'est que les gens de cour,
Sans en oser rien dire,
Se grattaient tout le jour.
Cruelle politique !
Ah ! plaignons leur destin,
Et, dès qu'une nous pique,
Écrasons-la soudain!


Cet air sous son apparence légère est aussi une  critique de l'absolutisme. Car le sentiment de liberté qui est l'expression même du romantisme allemand s'exprime souvent dans Faust par une critique virulente de ceux qui détiennent un pouvoir sur les autres mais ne sont que mensonge et corruption. L'église, avide, cupide, n'échappe pas à la satire comme ce prêtre qui prend les bijoux que Faust a donnés à Marguerite, assurant à la jeune fille et sa mère que cela sauvera leur âme. Les jeunes filles subissent la violence des hommes et la société prend de le relais lorsqu'elles sont enceintes, exerçant une telle pression sur elles  qu'elle les pousse à l'infanticide..


Cette pièce, la plus importante du patrimoine littéraire allemand, est universellement connue. Elle a eu plusieurs grands traducteurs dont  Gérard de Nerval alors âgé de 18 ans, dont la traduction a assuré à elle seule le renom; elle a été à l'origine de nombreux opéras dont, en France, La Damnation de Faust de Hector Berlioz  (1846) Le Faust de Gounod (1859). En littérature, elle a inspiré des écrivains du monde entier : pour ne citer que quelques exemples Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, Marguerite de la nuit de Pierre Mac Orlan, Mon Faust de Paul Valéry, Faust au village de Jean Giono, Docteur Faustus de Thomas Mann, Faust de Fernando Pessoa,  Le Maître et la Marguerite de Mickaïl Boulgakov. Au cinéma, outre la version de Sokourov, celle de Murnau est très belle. Notons aussi La beauté du diable de René Clair avec Gérard Philippe et Michel Simon.



Maria Callas L'air des Bijoux Faust de Gounod




Renée Fleming chante Marguerite au rouet de Frantz Schubert





samedi 23 juin 2012

Un livre/Un jeu : Enigme n° 38








Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
 

Enigme 38
 
Cette pièce créée au début du XIXème siècle est une des plus célèbres de l'histoire du théâtre et a nourri un véritable mythe inspiré par un personnage ayant existé au début du XVIème siècle. De nombreux créateurs se sont emparés de ce mythe dans le domaine de la musique, de l'art pictural, du  roman,  du cinéma.  La pièce pose des questions  philosophiques fondamentales sur la liberté de l'homme et sa soif de connaissance.

Il est écrit : « Au commencement était le Verbe ! »
Ici déjà j'hésite ! Qui m'aidera à aller plus loin ?
Il m'est impossible de priser si haut le Verbe,
Il faut que je traduise autrement,
Si je suis bien illuminé par l'Esprit.
Il est écrit : Au commencement était la Pensée.
Médite bien sur cette première ligne,
Afin que ta plume n'aille pas trop vite !
Est-ce la Pensée qui crée et produit tout ?
Il faudrait mettre : Au commencement était la Force !
Mais à l'instant même où je transcris ces mots,
Quelque chose m'avertit que je n'en resterai pas là.
L'Esprit me vient en aide ! Je vois soudain la solution
Et j'écris avec assurance : Au commencement était l'Action !
 

jeudi 21 juin 2012

Leonardo Padura : Les brumes du passé






Les brumes du passé de Léonardo Padura, écrivain cubain, est un très beau livre dont on subit le charme, peu à peu, en entrant dans l'histoire du personnage récurent Mario Conde et d'un pays Cuba.

Mario Conde est entré dans la police par idéal, parce qu'il n'admet pas que les coupables ne soient pas punis pour leurs actes. Mais ce qu'il a vu dans la police, corruption, malhonnêteté, l'a dissuadé d'y rester. Il s'est donc reconverti dans le commerce des livres anciens que les collectionneurs  revendent pour ne pas mourir de faim dans l'île qui subit la crise de plein fouet. Un jour d'été 2003, il découvre une bibliothèque inestimable dans la maison d'un riche propriétaire qui a dû fuir l'île après la révolution cubaine de 1959. Et dans un de ces livres prestigieux, il  trouve la photo d'une ancienne chanteuse de bolero, Violeta del Rio. Sans trop savoir pourquoi l'image et bientôt la voix de cette femme envoûtante vont le hanter. Il part donc à la recherche des brumes du passé, essayant de retrouver les traces de cette artiste qui a brutalement disparu de la scène. Parallèlement,  Dioniso Ferrero, le propriétaire de la bibliothèque découverte par Mario, est assassiné et six livres disparaissent. Ceci suffit à expliquer que Mario Condé et son associé soient considérés comme les premiers suspects. L'ancien policier, pour se disculper, va donc se lancer dans une enquête pour retrouver le meurtrier. Quelque chose lui dit que cette recherche est indissociable de celle qu'il a entreprise à propos de Violeta del Rio.
Le récit est raconté à la troisième personne et suit le personnage de Mario Conde évoluant dans le Cuba contemporain des années 2000. Il est entrecoupé des lettres d'une femme inconnue mais dont on devine vite la personnalité qui sont écrites dans les années post-révolution.

Non, Les brumes du passé, n'est pas un livre policier, même s'il l'est, oui..  C'est aussi un roman noir avec avec Violeta del Rio, La Dame de la nuit, ce personnage de femme fatale qui évolue, dans les années 1950,  dans un univers sinistre où les plus grands bandits sont les hommes qui ont le pouvoir. Mais il est tellement autre chose aussi, tellement riche avec ces thématiques passionnantes et ses personnages qui finissent par être attachants même s'ils ne sont pas exempts de défauts. Représentants de l'humanité moyenne, ils doivent composer avec leur conscience pour s'en sortir dans un pays où les restrictions alimentaires sont terribles depuis la crise, où les tickets d'alimentation ne permettent que de survivre, où l'on n'est pas sûr de pouvoir manger le lendemain.
Ce livre c'est d'abord l'Histoire de Cuba dont le passé s'accumule par strates, expliquant le présent des personnages et du pays. L'écrivain nous présente plusieurs époques , instaurant un va-et-vient  désordonné de l'une à  l'autre au gré du récit, de la présidence de l'immonde dictateur Batista, à la révolution de Fidel Castro, jusqu'à notre époque qui se marque par un constat d'échec.. Ces allers-retours permettent de comprendre ce qu'était Cuba sous Batista avec un gouvernement et des riches qui ne se préoccupaient que de s'enrichir encore plus, organisant eux-mêmes la prostitution de luxe avec des mineures, la vente de la drogue, faisant en sorte que le pays serve de bordel aux Etats-Unis... Face à eux, un peuple affamé et inculte livré à la prostitution, à la drogue, au banditisme.. On comprend pourquoi la révolution a été si bien accueillie par les gens modestes. On comprend pourquoi Mario Condé et ses copains y ont cru et ont sacrifié les meilleures années de leur vie pour parvenir à créer un monde meilleur. On comprend aussi ce qu'ils éprouvent à présent en voyant leur pays à l'agonie, en comprenant qu'ils ont été floués, que leurs idéaux ont été bafoués, qu'une autre caste sociale détenant le pouvoir a remplacé l'autre. La révolution a échoué,  ils doivent renoncer à un rêve qui aurait pu être beau mais qui a été corrompu. Cuba est redevenue aujourd'hui un  lieu de tourisme sexuel pour les étrangers, un immense terrain où la drogue, la corruption, la violence et le vol règnent en maître...  à faire regretter sinon la vie avant la révolution, du moins les lieux d'amusement - comme l'explique un vieux musicien-  les cabarets qui permettaient sous Batista d'oublier la misère, la musique populaire et surtout le bolero, chanson sentimentale cubaine, souveraines dans l'île à cette époque et qui a disparu de nos jours!  Le lecteur ressent avec beaucoup d'acuité le désenchantement, la nostalgie de ces vieux bonhommes, ces personnages qui sont à l'heure du bilan, Mario et ses amis, Flaco et sa mère, Candito, le Paloma..

Car Les Brumes du passé est une belle histoire d'amitié. Quand on est à l'heure des illusions perdues, il n'y a vraiment que les amis qui comptent. C'est ce que pense Mario Conde qui veille sur ses copains comme une mère sur ses enfants, se faisant du souci pour leur santé, partageant avec eux, en beuverie et en ripaille, l'argent qu'il gagne avec la vente de livres.

Et c'est aussi un hymne aux livres. Mario Conde a appris à aimer les livres grâce au vieux bibliothécaire de son lycée qui lui a fait découvrir tous les classiques. Cet amour, il le porte en lui comme la part la plus propre qui compose sa personnalité. Il vend de vieux livres, poussé par la nécessité, certes, avec un brin de culpabilité, mais il les aime, il les protège, il refuse que les grands livres patrimoniaux quittent le territoire de son pays. Et c'est ce que j'ai aimé dans le personnage, cette pureté qu'il parvient à conserver quand il s'agit de tout ce qui lui tient à coeur, les amis, les livres, l'honnêteté.  J'ai aimé qu'il soit "un Martien" comme lui dit son ami Yoyi Palomo,  incorruptible, refusant la cupidité, la prostitution, la drogue, n'ayant même jamais fumé un joint de sa vie.
Un très beau livre. J'ai vraiment découvert un écrivain de talent et j'ai hâte de lire d'autres livres de lui!

Dans le cadre des écrivains latino- américains

dimanche 17 juin 2012

Un livre/Un film : Réponse à l'énigme 37 Shakespeare, Le marchand de Venise


Al Pacino dans le rôle de Shylock





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  Un voyage à Venise pour  :   Dasola, Eeguab, Gwen,  Keisha, Maggie, Miriam, Pierrot Bâton, Somaja...

  La pièce de théâtre : Le marchand de Venise  de Shakespeare
Trois interprètes célèbres du rôle de Shylock : Edmund Kean (Début 1800) David Warfield (Début 1900) ; Al Pacino (début 2000)
Le film :
Le marchand de Venise de Michael Radford





 Et oui, certaines d'entre vous ont déjà lu mon billet écrit en 2011 sur Le marchand de Venise au retour  de mon voyage dans la cité des Doges! Voilà ce que j'écrivais alors :

Bien sûr, lire Le Marchand de Venise à Venise s'imposait pour moi! Pourtant, en le lisant, ce n'est pas dans cette ville que je me suis retrouvée mais en Angleterre sous le règne d'Elizabeth avec comme principale question : quels sont les rapports de la société anglaise avec les juifs au siècle de Shakespeare? Car, ce qui frappe d'abord dans cette pièce, c'est la figure du Juif, Shylock, usurier, avare, fourbe et cruel. Reflet de la haine du juif liée à son époque? Fanatisme religieux hérité du Moyen-âge d'où l'impression de malaise que j'ai ressentie en lisant la pièce?
Comme toujours dans l'oeuvre de Shakespeare la réponse n'est pas aussi simple et la complexité des personnages fait que, face à Shylock, le juif, les chrétiens ne s'en tirent pas à si bon compte!

L'intrigue :

Bassanio, gentilhomme vénitien, léger et insouciant, a dilapidé sa fortune. Ruiné par une vie de plaisirs, accablé de dettes, il  demande à Antonio,  son ami,  riche marchand vénitien, de lui prêter une somme d’argent importante afin de séduire une riche héritière, Portia. Celle-ci a reçu l’ordre de son père défunt de n'accepter pour époux que celui qui saura choisir, entre trois coffres -  d’or, d’argent et de plomb- celui qui contient le portrait de la jeune fille. Antonio, atteint d'une grave mélancolie, veut obliger son ami dont l'amitié est le seul sentiment qui le maintient en vie. Mais  toute sa fortune est engagée sur plusieurs navires en mer, aussi il se rend chez le Juif Shylock pour emprunter trois mille ducats contre intérêt. Shylock qui  hait  Antonio, ce dernier ne cessant d'insulter les Juifs parce qu'ils prêtent avec usure, voit l’occasion de se venger d'Antonio. Il lui propose de signer un billet qui stipule que si Antonio ne peut rendre l’argent prêté dans un laps de temps de trois mois, Shylock pourra se dédommager en nature en prélevant une livre de chair sur le corps d'Antonio. A la date du remboursement, les navires du marchand ne sont pas revenus, perdus vraisemblablement dans des  naufrages, et Shylock réclame son dû. Il faudra toute l'habileté de Portia et de sa suivante Nerissa pour sauver Antonio des griffes de Shylock au cours d'un procès où les deux jeunes femmes mènent le jeu. Notons que parallèlement au couple Portia-Bassanio, se forment deux autres couples déclinant les jeux de l'amour, celui de Nerissa-Gratiano (ami de Bassanio) et celui Jessica, la fille de Shylock, qui se convertit au christianisme pour épouser Lorenzo. LIRE LA SUITE ICI