Ils nous regardent vieillir France Mitrofanoff
Dans son discours pour le prix Nobel, Le Clezio cite un passage du livre de Stig Dagerman La Dictature du Chagrin qui soulève une question fondamentale pour l'écrivain. C'est ce que Stig Dagerman a nommé la forêt des paradoxes :
Comment est-il possible par exemple de se comporter, d’un côté comme si rien au monde n’avait plus d’importance que la littérature, alors que de l’autre il est impossible de ne pas voir alentour que les gens luttent contre la faim et sont obligés de considérer que le plus important pour eux, c’est ce qu’ils gagnent à la fin du mois ? Car il (l’écrivain) bute sur un nouveau paradoxe : lui qui ne voulait écrire que pour ceux qui ont faim découvre que seuls ceux qui ont assez à manger ont loisir de s’apercevoir de son existence.
Nous avons aussi notre forêt de paradoxes, nous lecteurs, qui avons "assez à manger". Nous sommes "les seuls" à pouvoir lire les écrivains mais nous reculons devant certaines lectures qui nous dérangent dans notre quiétude. Je me faisais cette réflexion en lisant le livre de Kourouma sur les enfants soldats: Allah n'est pas obligé que je n'aurais peut-être pas eu le courage de découvrir s'il n'avait été le roman choisi par les lectrices de blogclub!
Initié par Chiffonnette
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