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lundi 24 mai 2010

John Connor : Code Phénix



Code Phénix est le premier roman de John Connor et aussi le premier des enquêtes de l'inspecteur Karen Sharpe.

L'intrigue se déroule dans le West Yorkshire en Avril 1996, lorsque l'inspecteur Karen Sharpe est amenée à identifier son coéquipier Philip Leech et Fiona Mitchell, son indic dans une affaire de drogue, tous deux retrouvés morts, tués par balle. Karen comprend vite qu'elle n'a réchappé à la mort que parce qu'elle était ivre et n'a pu se rendre au rendez-vous fixé par Fiona. La recherche du meurtrier s'organise avec un grand déploiement de forces car c'est un policier qui vient d'être abattu. Le commissaire John Munro et son adjoint Tony Marshall sont chargés de coordonner les équipes. Karen Sharpe participe à l'enquête dont le nom de code est Phénix mais le lecteur va vite s'apercevoir que celle-ci en sait plus que ce qu'elle veut bien le dire. Pourquoi fait-elle ainsi de la rétention d'informations? Que cherche-t-elle exactement? Pourquoi ne suit-elle pas comme les autres la piste de la drogue? Quel secret cache cette femme qui a l'air de traîner un lourd passé derrière elle?

Ce qui retient l'attention d'abord dans ce roman, c'est la parfaite connaissance du milieu policier. L'écrivain, un ancien avocat, qui a, nous dit-on, conseillé la police pour de nombreuses opérations d'infiltration dans le milieu de la drogue, sait de quoi il parle. La description de l'enquête et de son déroulement rigoureux est menée de main de maître par John Connor et certaines scènes ne manquent pas de force : ainsi celle qui montre des dizaines de personnes, policiers, élèves officiers, soldats, réunis pour une "une fouille de zone", à genoux dans la lande marécageuse par une matinée glaciale...
Mais ce n'est pas cet aspect technique qui a m'a le plus intéressée.
La critique sans concession, du système policier, ses arrangements avec le milieu de la drogue et surtout la politique du rendement est aussi un des centres d'intérêt du roman comme l'est également la dénonciation des agissements de l'armée anglaise en Irlande et des pratiques terroristes de l'IRA.

Une vraie maladie, cette obsession du résultat. On leur fourrait ça dans le crâne dès l'école de police, rien d'autre ne comptait. En d'autres termes, il fallait toujours obtenir une inculpation. Non pas une condamnation, car, si le juge la rejetait ou si le jury déclarait l'accusé non coupable, ce n'était plus de leur ressort. Le haut commandement lui-même n'échappait pas à cette manie.

De plus, John Connor  possède  l'art  du récit  ramassé, vigoureux, qui en dit long sur les personnages et la société : celui où Munro  se confie à Karen ou encore celui du traumatisme subi par James Martin ont chacun la densité d'une nouvelle à l'intérieur du roman et la chute en est efficace!
Enfin, ce sont les personnages et surtout, bien sûr, Karen qui emportent l'intérêt! Pourtant, elle n'est pas très sympathique de prime abord! Pour une fois que l'inspecteur est une femme, j'aurais bien aimé que... Mais non! Peu douée pour l'amitié, sarcastique, blessante, manipulatrice, elle est tellement habituée à la violence et à la mort qu'elle paraît déshumanisée. Pourtant lorsque ses souvenirs affleurent à la surface, elle s'efforce de les refouler avec une souffrance que l'on devine immense.
John Connor nous avertit d'ailleurs : Karen est un iceberg, glaciale dans la partie immergée mais dont les  deux tiers  sont en dessous de la surface. Et ce sont ces deux tiers qu'il est passionnant de découvrir d'un indice à l'autre, comme une enquête dans l'enquête, jusqu'au dénouement qui nous réserve un surprise !
Les autres personnages nous interpellent aussi : le commissaire John Munro, un homme complexe et sensible et sa belle et triste histoire d'amour, et ce James Martin dont on devine quel être humain exceptionnel il aurait pu être sans la tragédie qui a fait basculer sa vie.
Ainsi, lorsque l'on arrive à la fin du roman, que l'on a pris la mesure de tous ces personnages, que l'antipathie ressentie envers Karen a disparu, l'on éprouve l'envie de les retrouver, de savoir ce qu'il va advenir d'eux.

Merci aux éditions JC Lattès et à masse critique Babelio!

http://www.babelio.com/livres/Connor-Code-Phenix/173942

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